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élections 2007

  • Elections Présidentielles 2007

    MAINTENANT

    Revue de presse :  

    Liberation.fr
    Agoravox.fr


    Edito : MAINTENANT

    On y est : pays fachiste, régime antidémocratique, violences policières sur les dissidents, manipulation de la presse et des médias, corruption "décomplexée" des politiques par les acteurs économiques...
    On croirait un cauchemar, pourtant, nous y sommes...
    Les 53% d'idiots et de monstres qui ont voté OUI à ce désastre sans précédent en France ne pourront pas dire qu'on ne les avait pas prévenus.
    Ils ont voté le FACHISME en toute connaissance de cause, comme les allemands avaient voté pour Hitler en 1933.
    Ci-dessous, quelques articles sur les réactions...

     
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    11 mai 2007, www.libeartion.fr

    Un pavé anti-Sarkozy, quatre mois ferme

    Comparutions immédiates, hier, pour des manifestants arrêtés le 6 mai à la Bastille.

    Par Karl LASKE
    QUOTIDIEN : vendredi 11 mai 2007

    «A un moment donné, j'avais ce pavé dans la main. Je ne sais pas pourquoi on a pris ça... On était coincés place de la Bastille. On était perdus.» Au palais de justice de Paris, Marie repense à la nuit du 6 mai, et à l'élection de Sarkozy. Mercredi soir, son compagnon, Romain, 29 ans, a été condamné à quatre mois de prison ferme, en comparution immédiate, pour «tentative de violence volontaire». Il n'avait aucun casier judiciaire, et pas d'engagement politique. Filiforme, Romain s'est levé et a suivi les gendarmes, un peu dans la lune. Il a fait des études de droit et de journalisme, travaillé pour MCM, M6 et Europe 2 TV. Le 6 mai, il a été arrêté avec un pavé dans la main, à 23 h 50.


    «Traquenard».  «On n'avait aucune intention de jeter ce pavé», assure Marie. Une demi-heure plus tôt, le couple était assis par terre devant les CRS, au milieu d'un sitting improvisé. «On criait aux CRS : "On veut des bisous."» Venus manifester, ils se rendent compte, comme des milliers de personnes, qu'aucun défilé n'est prévu ni même autorisé. «On se trouvait dans un traquenard, explique Marie. La place était bouclée. On avait essayé sans succès de passer deux barrages de CRS pour rentrer chez nous. Et puis tout le monde a été canardé de grenades lacrymogènes.» 

    Le tribunal, présidé par René Grouman, n'a entendu aucun témoin et n'a vu aucune circonstance atténuante. Romain est envoyé à Fleury-Mérogis. Martial, 26 ans, jongleur de rue, subit le même sort. Pour lui, le 6 mai, c'était aussi la première manif, ou presque. A 23 h 30, un groupe de CRS s'empare de lui, place de la Bastille. «On était à un mètre d'eux. On se disait "on va partir", se souvient Alexis, qui l'accompagnait. J'ai entendu crier, les CRS lui avaient mis le grappin dessus et l'ont tabassé.» Martial est accusé de trois jets de projectile. Il ne nie pas, mais il n'a pas été arrêté en flagrant délit. «Un policier a dû le reconnaître. Il n'était pas masqué.» «Quand on connaît le lascar..., soupire Antoine, un autre ami. Il est pas violent du tout, c'est une crème ce mec.» Il n'a aucun antécédent judiciaire, mais le tribunal n'en tient pas compte lorsque les mots «place de la Bastille» sont prononcés. Ses amis soulignent sa «vie différente, un peu bohème», dans un squat artistique. «Il est connu comme jongleur, dit sa copine, Frédérique. Pour beaucoup de gens, c'est le "gars des Abbesses". Il fait du diabolo sur la place. Je l'ai senti se révolter, ces dernières semaines, avec les élections.» 

    A Marseille. Les comparutions immédiates se suivent et contredisent chaque jour le ministère de l'Intérieur, qui analysait les manifestations du 6 mai comme l'œuvre e milieux activistes radicaux. A Marseille, sept personnes arrêtées lors des manifestations anti-Sarkozy ont été remises en liberté, contre l'avis du parquet. Elles avaient aussi des casiers vierges et pour la plupart des emplois stables.

    Lien direct vers cet article : http://www.liberation.fr/actualite/societe/253090.FR.php



    www.agoravox.fr Tribune Libre  par Taïké Eilée

    vendredi 11 mai 2007

    Sarkozy, ou le triomphe des passions tristes

    31 % au premier tour, 53 % au second. Nicolas Sarkozy a survolé les élections présidentielles de 2007. Pourtant, au soir de sa victoire, nombre de Français avaient, pour la première fois, honte d’être français. Outre la déception compréhensible de ceux qui ont perdu une bataille, quelque chose d’autre ne passait pas... Le sacre sarkozyste revêtait un caractère à la fois irréel et révoltant. Une haine sourde grondait. Une douleur aiguë et lancinante se faisait sentir, qui aurait bien du mal à passer. La cause de cette réaction, inédite à l’occasion de l’élection d’un président de la République, est à rechercher dans le comportement du vainqueur, dans sa stratégie de campagne, et son utilisation redoutablement dangereuse des passions tristes. Nicolas Sarkozy est élu président de la République depuis maintenant cinq jours. Parmi les premières réactions, on aura pu noter celle, réjouie, du Medef, qui promet de "contribuer avec enthousiasme à l’écriture de la nouvelle page qui s’ouvre pour la France", ou encore celle, plus inattendue, du leader d’extrême droite autrichien Jörg Haider, qui considère que le nouveau président français s’inspire de son "modèle" : "C’est une ironie de l’histoire que les Français élisent maintenant leur Jörg Haider, et une satisfaction que le "Napoléon de poche" Jacques Chirac appartienne désormais au passé." Quant à la secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice, elle estime que l’élection de Nicolas Sarkozy ouvre "une période excitante pour la France". Condy ne s’y trompe pas, puisque 730 voitures ont brûlé dans le pays dès la nuit de son élection, et que de nombreuses manifestations hostiles ont pris le relai un peu partout sur le territoire depuis.

    Pendant ce temps-là, Nicolas Sarkozy a pu commencer à mettre en pratique sa conception très "à l’américaine" de la présidence, et son idée - si chère à son cœur - selon laquelle les riches ne doivent plus avoir honte d’exhiber les fruits de leur réussite bien méritée, en s’offrant une petite croisière bien sympathique à Malte, à bord du superbe yacht de son ami, le milliardaire Vincent Bolloré, un yacht répondant au doux nom de Paloma, long de 60 mètres, avec jacuzzi sur le pont supérieur, que vous pourrez vous aussi, si le cœur vous en dit, louer pour quelques 193 431 euros la semaine pour vos prochaines escapades de winner... lorsque vous aurez eu la satisfaction préalable de travailler plus pour gagner plus. T’as trop raison Nico, quel intérêt d’avoir du temps libre quand on n’a pas de quoi payer à sa famille de vraies vacances dignes de ce nom ?

    La France en mille morceaux

    Prenons donc exemple sur les plus méritants des Français, les Neuilléens : "Les gens qui habitent Neuilly sont ceux qui se sont battus pour prendre plus de responsabilités, pour travailler plus que les autres" (Marianne, 14 au 20 avril 2007). Quelle belle parole Nicolas ! Gloire aux travailleurs de Neuilly ! Et honte aux "autres" (bande de faîniasses...) ! Telle est bien la France de Nicolas Sarkozy : une France clivée, divisée, entre battants et fainéants, bons travailleurs corvéables à merci et assistés misérables sur lesquels on peste avec rage, honnêtes gens revanchards qui ne jurent que par le triptyque "Travail-Famille-Patrie" et dégénérés de soixante-huitards avec lesquels il faut en finir au plus vite, braves gens qui rasent les murs dans les cités et racailles à nettoyer d’urgence au Kärcher, Français-qui-se-lèvent-tôt-le-matin et Français-génétiquement-mal-barrés...

    Nicolas Sarkozy veut être le président de tous les Français, c’est en effet la moindre des choses... Mais il n’a cessé, durant sa campagne, de dresser des Français contre d’autres Français, il a attisé les haines, les jalousies, les ressentiments de tous contre tous. Nombre de ses électeurs ont voulu porter au sommet de l’Etat un Père Fouettard, un homme qui leur promettait de punir certaines catégories de la population trop favorisées ou trop câlinées (à leur goût) jusqu’à maintenant. Ce sera dur de rallier ceux qu’on a traités - à des fins électoralistes - comme des ennemis.

    Spinoza n’aurait pas voté Sarkozy

    Nicolas Sarkozy a usé de la méthode la plus efficace qui soit pour accéder au pouvoir (et pour l’exercer ensuite). Il a joué sur nos "passions tristes" : "Inspirer des passions tristes est nécessaire à l’exercice du pouvoir", enseignait Gilles Deleuze dans un cours sur Spinoza prononcé à Vincennes le 24 janvier 1978. "Et Spinoza dit, dans le Traité théologico-politique, que c’est cela le lien profond entre le despote et le prêtre, ils ont besoin de la tristesse de leurs sujets. Là, vous comprenez bien qu’il ne prend pas tristesse dans un sens vague, il prend tristesse au sens rigoureux qu’il a su lui donner : la tristesse c’est l’affect en tant qu’il enveloppe la diminution de la puissance d’agir".

    Parmi ces passions tristes, la haine, l’envie, la jalousie, la colère, la vengeance furent particulièrement mises à profit par l’ancien ministre de l’Intérieur. Les boucs émissaires qu’il nous a trouvés ? Les "autres", c’est-à-dire : les assistés, les fonctionnaires (ces privilégiés...), les syndicalistes, les fraudeurs, les voyous, les racailles, "ceux qui profitent du système", "ceux qui demandent toujours et qui ne veulent jamais rien donner", et puis les égorgeurs de moutons, les soixante-huitards, les adeptes de la repentance, les élites de gauche - toujours du côté des délinquants et des assassins, jamais de celui des honnêtes gens, n’est-ce pas ? -, les juges trop laxistes de Bobigny, les policiers qui jouent au rugby avec les jeunes au lieu de les mettre en prison (revoyez cette séquence : quelle humiliation pour les policiers, quel sadisme de notre gendarme à Saint-Tropez !), et même les politiques et les technocrates (voyez ce morceau nauséeux du discours de Bercy), et j’en oublie sûrement.

    Le (dé)goût des "autres"

    Nicolas Sarkozy s’est voulu le candidat de "la France qui paie toujours pour tous les autres", "la France qui paie les conséquences de fautes qui ont été commises par d’autres"... les fameux "autres" dont nous venons de dresser une petite liste non exhaustive, et sur la haine desquels Sarkozy a construit sa victoire, en remuant les passions tristes de ses supporters... Cette méthode très efficace à court terme est néanmoins désastreuse sur le long terme : elle crée un climat malsain entre les gens, et ruine le peu d’unité qui peut exister entre membres d’une même nation. Les passions tristes parvenues au pouvoir sont, en quelque sorte, légitimées, elles n’ont plus à se cacher, à se modérer, à s’amender pour se renverser en passions joyeuses, qui, elles, unifient sainement le corps social.

    On pourrait croire à une exception dans cet usage des passions tristes, lorsque Nicolas Sarkozy marque son rejet de la repentance, ce regard critique qu’un peuple porte sur son passé, et qu’il identifie à une "détestation de la France et de son Histoire". Mais, en fait, non ; car la réhabilitation du pays se fait, chez lui, par la stigmatisation des repentants, la dénonciation d’autres coupables (irrépressible manie de se défausser en désignant dans le même mouvement un bouc émissaire), et passe finalement par une exaltation presque délirante de la fierté d’être Français. Sarkozy réinvente ainsi une histoire exclusivement glorieuse de la France, qui "n’a pas commis de crime contre l’humanité", "n’a jamais commis de génocide", "n’a pas inventé la solution finale" (petite douceur adressée à nos amis allemands...), mais "a inventé les droits de l’homme" ; et mieux encore, "la France est le pays du monde qui s’est le plus battu dans l’univers au service de la liberté des autres" ("dans l’univers" !). Oublié le régime collaborationniste de Vichy. Oubliés le Code noir et l’esclavagisme. Oubliée la colonisation. Entre la flagellation perpétuelle et l’oubli, il y a une marge évidemment, et une juste attitude à trouver, mais Nicolas Sarkozy ne fait pas dans la nuance ; il réécrit l’histoire au Kärcher, pour flatter la fibre la plus nationaliste d’un électorat en mal de grandeur mythifiée.

    Singer le grand loup blanc

    Le nouveau chef de l’Etat français partage ce dégoût pour la repentance avec celui qui lui aura servi de principal modèle durant toute sa campagne présidentielle : Jean-Marie Le Pen.

    La campagne de Nicolas Sarkozy démarre, en effet, le 21 avril 2002. La démangeaison extrémiste est là en France, et Sarko la sent... comme un loup affamé flaire sa future proie aux quelques gouttes de sang qui perlent de ses blessures. Le Pen, en fin tacticien, en vieux loup de la politique, a depuis longtemps flairé les thèmes porteurs, ceux qui rencontrent le plus fort écho dans le peuple, le "petit peuple" si souvent méprisé et tellement courtisé à la fois. Il a compris que le moyen le plus simple de fédérer un grand nombre de sympathisants autour de soi, c’est de leur faire peur et de désigner des boucs émissaires, en promettant de "punir" ces derniers. Avec lui, le bouc émissaire était unique, c’était l’immigré, ou, dans un langage plus convenu, "la politique d’immigration des gouvernements successifs de gauche comme de droite". Sarkozy a repris à son compte la tactique lepéniste, mais en démultipliant les boucs émissaires, en divisant le pays à outrance.

    Moi je dis les choses comme je pense

    Le mimétisme avec Jean-Marie Le Pen se poursuit dans l’attitude de pourfendeur de tabous que Nicolas Sarkozy a, lui aussi, décidé de faire sienne. Le Pen disait : "Moi je dis tout haut ce que les gens pensent tout bas." Sarkozy ne cesse d’user de cette formule : "Moi je dis les choses comme je pense", en ayant bien pris soin, au préalable, de dire que, dans ce pays, "on ne peut plus rien dire sur rien". Son discours laisse constamment entendre que nous vivons sous le règne de la pensée unique, d’une quasi censure (instaurée par qui ?), et que lui seul vient parler vrai au milieu d’un discours trop policé et convenu. Lui, au moins, il parle franchement. Il n’hésite pas. Il n’a pas peur. Il ose ! Et puis, il parle comme les gens, les "vrais gens", ceux qu’il a découverts durant sa campagne : "Pendant des mois j’ai vu ce que le peuple vivait, ce qu’il ressentait, ce qu’il souffrait". Il a vu les Français, ceux d’en-bas, les vrais, les authentiques. Et il a compris que parler comme eux, ça pouvait rapporter gros : "Vous savez pourquoi je suis tellement populaire ? Parce que je parle comme les gens" (déclaration d’avril 2004, reprise dans Marianne). Alors il parle de "racailles", car dans les banlieues, les gens ils parlent comme ça, les jeunes ils se parlent comme ça. Y a pas à être choqué ! Les Français veulent que leurs représentants politiques leur ressemblent, soient, le cas échéant, aussi vulgaires qu’eux. Pas de chichi ! Sarkozy exauce ce vœu.

    Les gens qui apprécient ces manières de faire se trompent, car évidemment l’authenticité est feinte, calculée, méprisante - et méprisable. Et puis, surtout, dire tout haut ce qu’on pense tout bas, cela n’est pas penser : "Bien penser, cela ne va pas de soi. [...] Si vous vous laissez aller, vous êtes pris par quelque chose qui n’est pas vous [...]. La nature mécanique nous guette toujours et nous tient toujours. [...] On pense faux comme on chante faux, par ne point se gouverner. [...] Bien penser est une chose que l’on se doit à soi-même, et qu’il faut vouloir. Ainsi l’homme n’est pas un spectacle permis à lui-même ; ni permis, ni possible". C’est toute la sagesse du philosophe Alain dans ses Propos, et notamment celui-ci, "Régler ses pensées", du 7 août 1929. Penser, c’est corriger ce qu’on pense, redresser constamment ses pensées, qui, sans cet effort, deviennent animales, et proprement étrangères à nous-mêmes - indignes de l’Homme.  

    Sarkozy, qui assimile la liberté à la transgression, ne se prive pas pour transgresser les odieux carcans de la pensée unique. Il lance ainsi des débats scientifiques, en toute liberté, sur le déterminisme génétique par exemple, il donne son avis à lui, sans prendre la peine de s’en référer aux autorités compétentes. Et sur quoi fonde-t-il ses convictions ? Sur sa propre expérience : "Moi j’ai jamais eu la pulsion d’aller violer un enfant de trois ans, j’en ai aucun mérite, et je ne pense pas que c’est mon éducation qui m’ait porté à ne pas avoir eu cette pulsion..." Ou encore : "Je ne me souviens pas moi, quand j’avais 14 ou 15 ans, d’avoir réfléchi à mon identité sexuelle, je suis hétérosexuel... Je ne me suis pas longuement interrogé pour savoir si j’aimais les hommes ou les femmes..." Ajoutant, au passage, que la campagne présidentielle est "un grand moment de sectarisme" (toujours cette foutue censure... à laquelle lui seul échappe). Alors, certes, Sarkozy ne prétend pas trancher les questions de manière définitive, l’infaillibilité papale ne fait pas encore partie de ses prérogatives. Mais il ose tout de même donner ses vérités scientifiques à lui. Un peu comme Le Pen lançait, lui aussi, des "débats", sur l’existence et l’inégalité des "races", contre l’avis de tous les scientifiques. Et lui aussi fondait ses convictions sur l’évidence ("Il y a des Noirs, il y a des Jaunes..."), le bon sens populaire, n’omettant pas de dénoncer "l’inhibition sémantique" des frileux...

    N’ayez pas peur ! J’arrive...

    Avec Le Pen, on était aussi habitué à l’exploitation éhontée des faits divers les plus sordides, des crimes les plus atroces, que le brillant tribun s’évertuait à narrer dans le détail jusqu’à faire frémir son auditoire, lors de dîners dont il s’était fait une spécialité, et qui lui permettait de conclure, solennellement, à la nécessité du retour de la peine de mort. Sarkozy a su, lui aussi, instrumentaliser les pires crimes de sang, sans une once de pudeur, pour justifier sa politique répressive (qu’il n’a pourtant pas su mettre en œuvre durant ses nombreuses années passées place Beauvau), ou, du moins, pour se donner l’image du chef autoritaire et impitoyable qu’appelle de ses vœux le vengeur masqué qui sommeille en chacun d’entre nous, dès lors qu’il est confronté à l’horreur, à l’innommable barbarie qui fauche les vies innocentes.

    Morceaux choisis du discours de Bercy : "Je suis allé à la rencontre des Français [...] avec en moi le souvenir de cette famille à la Courneuve qui pleurait la mort d’un petit garçon de onze ans. C’était le jour de la fête des pères, deux bandes rivales s’affrontaient au pied de l’immeuble, il a pris une balle perdue. C’était le jour où j’ai parlé du Kärcher. Je ne regrette rien [c’est le même homme qui avait déclaré très cyniquement à l’époque : "Kärcher en septembre, 200 000 adhérents [à l’UMP] en novembre"...]. Je suis allé à la rencontre des Français avec dans ma mémoire la douleur des parents de cette jeune fille brûlée vive dans un bus auquel des voyous avaient mis le feu pour s’amuser. J’y suis allé avec dans la tête la voix de ce petit garçon que je tenais par la main devant le cercueil de son père gendarme et qui me tirait par la manche en me disant : "Sors mon papa de la boîte !" J’y suis allé avec devant les yeux l’image de la jeune Ghofrane battue à mort et atrocement torturée parce qu’elle refusait de donner son numéro de carte bleue à ses bourreaux. [...] Je suis allé à la rencontre des Français avec en moi le souvenir de ces familles immigrées, de ces pères, de ces mères, de ces enfants brûlés vifs dans l’incendie de cet hôtel sordide où on les avait entassés parce qu’on n’avait pas les moyens de les loger plus convenablement."

    Certains, manifestement majoritaires aujourd’hui, apprécient ce genre de discours ; d’autres, peut-être minoritaires, continuent de ressentir un profond dégoût face à une telle manipulation émotionnelle de l’opinion. Car après avoir suscité l’effroi silencieux de l’assistance, avec tant de malheur et d’horreur exposés, on ne tarde pas à désigner du doigt un coupable - dont il ne viendra à l’idée de personne de contester la culpabilité -, et l’on se présente - tel un messie vengeur - comme celui qui saura le "liquider"...

    Pour une contre-révolution morale

    L’ennemi à abattre, c’est l’esprit de Mai 68, ce fantôme persistant, qui, depuis près de quarante ans, planerait sur la République, et lui empoisonnerait l’âme. Une République comme possédée par le démon de 68, et qui aurait besoin de toute urgence d’un grand "désenvoûtement" mené par notre nouvel exorciste, Sarkozy. Celui-ci emprunte son diagnostic au bon médecin Le Pen, qui imputait déjà à cette date "maléfique" de Mai 68 l’origine du laxisme moral français, par exemple dans ce discours sur la peine de mort du 20 mai 2006 (à la 7e minute). Une bonne introduction au discours terrible de Bercy que tint Sarkozy à la veille du second tour, et dans lequel il se livra à une charge haineuse, d’une violence inouïe, à l’encontre d’un héritage rendu responsable d’à peu près tous nos maux.

    Sarkozy (ou plutôt Henri Guaino, l’auteur de ses discours récents) met parfois justement le doigt là où ça fait mal, sur les promesses non tenues de Mai 68 à l’égard des travailleurs, et joue sur les passions tristes de ces derniers : "Sarkozy joue du ressentiment des classes populaires qui se sont senties méprisées par l’idéologie soixante-huitarde", remarque le sociologue Jean-Pierre Le Goff, cité dans Libération du 4 mai 2007. Sa dénonciation du communautarisme soixante-huitard est, en revanche, plus choquante, venant d’un homme qui n’a cessé, ces dernières années, de "communautariser" la France (lire, à ce propos, cette bonne synthèse de l’Observatoire du communautarisme intitulée "Du communautarisme au républicanisme incantatoire : que penser du revirement rhétorique de Nicolas Sarkozy ?"). Carrément culottée enfin, la filiation que Sarkozy établit entre Mai 68 et les 8,5 millions d’euros de prime de départ et de stocks options de Noël Forgeard : "Voyez comment le culte de l’argent roi, du profit à court terme, de la spéculation, comment les dérives du capitalisme financier ont été portés par les valeurs de mai 68. Voyez comment la contestation de tous les repères éthiques, de toutes les valeurs morales [...] a préparé le terrain au capitalisme sans scrupule et sans éthique des parachutes en or, des retraites chapeaux et des patrons voyous..."

    Dans Libération du 2 mai 2007, l’historien Henry Rousso, ancien directeur de l’Institut d’histoire du temps présent, rapprochait l’attitude de Sarkozy de celle des contre-révolutionnaires du XIXe siècle, consistant à "voir dans un événement historique révolutionnaire qu’on qualifie de maléfique les causes d’un supposé déclin français". Et de lui rétorquer, sans ménagement : "C’est un argument fantasmagorique, qui ne tient pas sur le plan historique. [...] Faire de 68 la cause unique de toutes les valeurs dominantes aujourd’hui est une absurdité." Selon l’historien, Sarkozy veut définir une culture de droite "en érigeant un ennemi imaginaire. Il reproche à Ségolène Royal et à la gauche de le diaboliser, mais c’est ce qu’il fait : il érige Mai 68 en une sorte de figure du diable... absolument indéfinissable."

    Un drôle de moralisateur

    L’objectif essentiel que se fixe Nicolas Sarkozy, c’est de mettre en oeuvre "la grande réforme intellectuelle et morale dont la France a une nouvelle fois besoin". De la morale avant toute chose ! "Le mot "morale" ne me fait pas peur. La morale, après mai 68, on ne pouvait plus en parler", lançait Sarkozy à Bercy, lui qui n’a décidément peur de rien. Eh bien parlons-en de morale !

    Nicolas Sarkozy veut ré-hausser "le niveau moral de la politique". Mais est-ce que c’est moral, lorsque l’on est ministre de l’Intérieur et favori de la future élection présidentielle, de pratiquer l’intimidation sur des journalistes ? De faire virer un journaliste du Figaro-Magazine, Joseph Macé-Scaron ? De faire virer le directeur de la rédaction de Paris-Match, Alain Genestar ? De censurer la biographie de sa femme Cécilia, Entre le cœur et la raison ? D’ignorer la séparation des pouvoirs, et de mépriser l’indépendance de la justice ? Est-ce moral de critiquer des Etats-Unis l’arrogance de la France lors de son refus de la guerre en Irak ? Est-ce bien moral d’aller à la pêche aux électeurs frontistes en dénonçant, sur TF1, devant des millions de téléspectateurs, les musulmans qui égorgeraient le mouton dans leur appartement, pour ensuite regretter ces propos, en petit comité, devant une association de jeunes de Nanterre ? Est-ce acceptable de se dire fier de son bilan de ministre de l’Intérieur, sur lequel on prétend être jugé, alors que Alain Bauer, président de l’observatoire national de la délinquance, affirme que "l’indicateur de la violence a continué imperturbablement à monter depuis 1994", et que Sébastian Roché, secrétaire général de la société européenne de criminologie, parle d’un "bilan globalement négatif" ? Est-ce moral, pour l’ancien maire de Neuilly-sur-Seine (de 1983 à 2002), de n’avoir pas respecté la loi SRU (Solidarité et renouvellement urbain) ? Et puis, dire tout et son contraire, est-ce moral ? Et mentir ? (voir cet "article-somme")

    Et que dire des allégations du fameux numéro de Marianne de l’avant-premier-tour ? "A entendre les chiraquiens, même ceux qui se sont ralliés à son panache, c’est lui, Sarkozy, qui, ministre du Budget de Balladur, lança la justice sur la piste du scandale des HLM de Paris [...]. Objectif ? Abattre Chirac ! C’est lui encore, prétendent-ils, qui aurait fait révéler, au Canard enchaîné, l’affaire de l’appartement d’Hervé Gaymard, en qui il voyait un adversaire." Ou encore, dans un autre registre : " Se faire, fût-ce en partie, offrir un luxueux appartement aménagé par le promoteur qu’on a systématiquement favorisé en tant que maire, et dans l’espace dont on a, toujours comme maire, financé l’aménagement, est-ce un exemple d’attitude hautement morale ? [...] Publier un livre consacré à l’ancien ministre Georges Mandel qui se révèle, pour partie au moins, être un plagiat coupé-collé de la thèse universitaire de Bertrand Favreau, certaines erreurs comprises, est-ce la quintessence du moralisme intégral ?" Etc. Etc. Il y aurait toute une page de l’hebdomadaire à citer...

    Kärchériser Bercy ?

    Si Sarkozy n’est pas un parangon de vertu, ses amis politiques ne brillent pas tous non plus par leur probité : Patrick Balkany, Alain Carignon, Gérard Longuet, Alain Juppé, Bernard Tapie ou Charles Pasqua sont des spécimens de choix, qui ont tous eu très sérieusement maille à partir avec la justice. Eric Besson, inconnu du grand public avant la campagne, sera devenu, au terme de celle-ci, l’incarnation même de la traîtrise. Même si la concurrence était rude cette année : entre Tapie, Séguéla, Sevran et Hanin, le choix pouvait demander réflexion...

    Tout ce beau monde a donc rejoint la France de TF1... pardon, la France sarkozyste, qui, elle, a réussi à échapper à la décadence morale de notre temps, n’a jamais cédé au "relativisme intellectuel et moral", n’a jamais perdu de vue la "différence entre le beau et le laid", avec des figures de proue comme Steevy du Loft, Miss Dominique de La Nouvelle Star, Doc Gynéco de Nice People (condamné aussi pour fraude fiscale), Richard Virenque et Marielle Goitschel de Je suis une célébrité, sortez-moi de là !, le big boss Arthur, vice-président d’Endemol France, cette merveilleuse société qui nous gratifie des plus belles émissions de la télévision française, qui participent activement à élever le niveau de conscience des futurs électeurs : Loft Story, Nice People, La Ferme Célébrités, 1ere Compagnie, Star Academy, Opération Séduction, 120 minutes de bonheur... sans oublier les sensationnels Véronique Genest de Julie Lescaut, Roger Hanin de Navarro, Bernard Tapie de Commissaire Valence, Henri Leconte et Johnny, nos exilés suisses, et puis Carlos, Thierry Roland, Philippe Candeloro, Rika Zaraï, Michou, Gilbert Montagné (c’est le raffinement de la beaufitude...), on se croirait presque sur le plateau des Enfants de la télé... avec Enrico bien sûr et Christian Clavier (l’autre mauvais sosie de Louis de Funès, lui aussi en beaucoup moins drôle)... et puis Charlotte Rampling, qui fait un peu tache au milieu de toutes ces lumières... et je gardais le meilleur pour la fin : Charles Villeneuve, le déjà mythique présentateur du Droit de savoir, cette émission de TF1 absolument neutre politiquement, qui, entre les deux tours de la présidentielle, le 1er mai, jour de la fête du Travail, aura eu l’ingénieuse idée de programmer un numéro consacré... aux faux chômeurs ! RMIstes fraudeurs ! et malades imaginaires ! Quelle coïncidence de retrouver là les boucs émissaires privilégiés de Nicolas Sarkozy ! Et j’oubliais, dans l’assistance du Palais Omnisports de Paris-Bercy, celui qui détient 42,9 % de la chaîne TF1, Martin Bouygues. La grande famille de "la France d’après" réunie au grand complet !

    Un conflit de valeurs

    Nicolas Sarkozy a gagné une élection qu’il a placée sous le signe des valeurs - et qui ne se réduisent certes pas à celles qu’incarnent les grands personnages évoqués à l’instant... Il a voulu qu’on parle "sans complexe" de l’identité nationale. Et cette discussion a créé un sacré malaise, qui se ressent en ce tout début de mandature. Car Nicolas Sarkozy a "joué", là encore, sur ce thème. Il a fait mine de défendre un héritage moral français, alors qu’il n’en défendait en réalité qu’une partie, l’air de rien. En gros, la défense de l’identité nationale s’est réduite, avec lui, à une réponse ferme et sans détour à la "menace" islamiste. "On n’égorge pas le mouton dans son appartement" est la formule choc qui résume toute cette campagne "morale" de Nicolas Sarkozy. Bien sûr, on peut l’enrichir un peu, comme cela été fait sur Radio-Notre-Dame le 26 avril 2007 : "La polygamie, c’est pas en France, l’excision, c’est pas en France, le voile obligatoire, c’est pas en France, la loi des grands frères qui choisissent les relations de leurs sœurs, c’est pas en France, le père qui oblige la fille à se marier avec quelqu’un, c’est pas en France... Je leur dis tranquillement et simplement, que nul ne doit être condamné à vivre dans un pays qu’il n’aime pas." Si l’on met de côté le ton un brin méprisant utilisé par l’ancien candidat de l’UMP, on peut et on doit même être d’accord sur le fond. Le problème est ailleurs.

    D’abord, en prétendant parler d’identité nationale, Sarkozy (incorrigible) montre encore du doigt un bouc émissaire : cette fois, c’est le musulman. Selon le sociologue Emmanuel Todd, cette stratégie classique consistant à désigner des boucs émissaires permet à des responsables politiques incapables de régler les problèmes économiques fondamentaux qui se posent au pays de faire diversion. C’est un aveu (à peine déguisé) d’impuissance. Ensuite, et c’est là que se situe peut-être la plus grosse imposture, Nicolas Sarkozy nous indique, par l’idée même de son ministère de l’immigration et de l’identité nationale, qu’il résume la question de l’identité française à celle de l’assimilation des immigrés ; il réduit cette question, au fond, à l’égalité hommes-femmes et au rejet de certaines coutumes venues d’ailleurs. Emmanuel Todd pointe cette imposture : car la France, c’est aussi "le pays de l’égalité", "du respect de la population", "attaché à des valeurs universalistes", alors que Sarkozy "ne croit pas en l’égalité", "promet d’être dur aux faibles". C’est encore lui "qui est allé faire des génuflexions devant Bush", "qui a trahi la tradition gaulliste". En conséquence de quoi Todd prétend que Sarkozy est "en réel conflit avec l’identité nationale", "ne sait pas ce qu’est la France", et finalement "ne considère pas que Sarkozy aime la France".

    On pourrait encore ajouter que la France est un pays profondément attaché à sa laïcité, et que le nouveau président de la République n’a pas montré de très sérieux gages en cette matière cruciale. En témoignent les inquiétudes exprimée par le philosophe Henri Pena-Ruiz, dans une tribune du 15 février 2007 adressée à celui qui était encore ministre de l’Intérieur. Et puis, pour ceux qui auraient déjà oublié les convictions de leur nouveau président en matière religieuse, rafraîchissons-leur la mémoire, avec ces quelques réflexions tirées du livre de Nicolas Sarkozy, La République, les religions, l’espérance, paru en 2004 : "Je crois au besoin de religieux pour la majorité des femmes et des hommes de notre siècle. [...] On ne peut pas éduquer les jeunes en s’appuyant exclusivement sur des valeurs temporelles, matérielles, voire même républicaines. [...] La dimension morale est plus solide, plus enracinée lorsqu’elle procède d’une démarche spirituelle, religieuse, plutôt que lorsqu’elle cherche sa source dans le débat politique ou dans le modèle républicain." Dit autrement : iI est impossible d’éduquer un enfant de façon purement laïque, sans l’assistance nécessaire de la religion. Une vie athée est impensable. On comprend mieux les frictions qui animèrent son entretien avec l’athéiste Michel Onfray...  

    Puisqu’il faut croire...

    Tenant d’une politique économique que d’aucuns qualifient d’ultra-libérale, et qui devrait précariser les moins nantis - si l’on en croit l’analyse du collectif de militants et de chercheurs "L’Autre campagne" et son film Réfutations -, Nicolas Sarkozy a pourtant réussi le tour de force de les ramener à lui, "tous ces sans grade, tous ces anonymes, tous ces gens ordinaires auxquels on ne fait pas attention, que l’on ne veut pas écouter, que l’on ne veut pas entendre", et ce par l’adoption d’une posture autoritaire, de chef, contempteur de la décadence intellectuelle et morale, annonçant la liquidation et la mort de la pensée 68, et le retour aux bonnes vieilles valeurs traditionnelles et religieuses (on se demande, au passage, qui peut bien être ce "on" dans la bouche de Sarko... c’est quand même un homme qui a été ministre de l’Intérieur depuis 2002 et qui était ministre du Budget dès 1993 qui parle... et qui nous avoue donc que, jusqu’ici, il n’a pas fait attention aux gens ordinaires... c’est bien cela qu’il faut comprendre ?). Tour de passe-passe coutumier de toutes les droites dures, et des néoconservateurs américains en particulier. Libéralisme dur dans une main, valeurs morales réactionnaires et autoritarisme liberticide dans l’autre ; la deuxième main vient remédier - très superficiellement - aux maux infligés par la première : d’un côté, on mine la cohésion sociale, on crée du malaise et du désordre, de l’autre, on vient apaiser les âmes désespérées et on mate les perdants - potentiellement réfractaires - du système. Un cocktail classique qui a fait ses preuves, qui endort le pauvre terrorisé et stimule le riche jamais rassasié.

    Le climat anxiogène installé par Sarkozy durant sa longue campagne (démarrée il y a cinq ans déjà) perdure dans ces premiers jours de son "ère". La gauche et Libération nous promettent de la casse, des "fractures" ; le Front national, via Alain Soral, nous assure, de son côté, que le programme du nouveau président reprend à 90 % le sien propre (dans son pan "économico-social"). Soral, qui n’imagine pas une seconde que Sarkozy le mettra réellement en œuvre, promet néanmoins, au cas improbable où il le ferait, d’aller "lui baiser les pieds". Fractures promises, convergences "extrémistes"... Pas de quoi rassurer tout le monde. La balle est maintenant dans le camp de Nicolas Sarkozy : saura-t-il devenir le président de tous les Français ? saura-t-il sortir de l’image caricaturale qui lui colle à la peau ? et apaiser l’incroyable défiance d’un nombre considérable de Français, dont rend compte un clip circulant sur Dailymotion, déjà vu plus de deux millions de fois, et redoutablement flippant : Le vrai Sarkozy ? Puisque Nicolas se veut l’apôtre de l’espérance, nous le suivrons sur ce point : nous espérerons en lui, à défaut de croire.

     

    DOSSIER SUR LES SONDAGES

    COMME TOUJOURS DEPUIS CES DERNIERS MOIS, LES SONDAGES DISENT TOUT ET SON CONTRAIRE !

    AVEC UNE CONSTANTE : LES MEDIAS LES PLUS REGARDÉS DONNENT TOUJOURS LES CHIFFRES "VALORISANTS" POUR SARKOZY ET LES MEDIAS MOINS PUISSANTS SONT TANTÔT FAVORABLES A L'UN ET L'AUTRE DES CANDIDATS (COMME DANS LA RÉALITÉ...)

     REVUE DES SONDAGES "ANALYSANT"LES VOTES DU SECOND TOUR :

    Répartition des votes par tranches d'âges...

    L'enquête menée par IFOP pour le JDD et M6 sur les intentions de vote au 
    deuxième tour donne gagnant Nicolas Sarkozy, avec 52,5% (-1,5%) contre 
    47,5 (+1,5) pour Ségolène Royal, avec 9% d'indécis.

    Le résultat le plus surprenant de cette étude ne tient pas à ce chiffre, 
    mais au détail de la répartition des votes par tranches d'âges.

    En effet Ségolène Royal arrive en tête des intentions de vote dans toutes 
    les classes d'âges situées en dessous de 65 ans.

    Si le candidat de l’UMP parvient tout de même en tête c'est qu'il fait un 
    tabac chez les retraités, avec un score atteignant 75% qui lui permet de 
    combler son retard.

    Ventilation par classe d'âge du vote Royal :

    18/24 ans : 53%

    25/34 ans : 54%

    35/49 ans : 56%

    50/64 ans : 51%

    65 ans et plus : 25%

    Voila donc une réalité sociologique inattendue : c'est le vieillissement 
    de la population qui tire le corps électoral français vers la droite. D'où 
    très certainement la logique d'avoir tapé sur Mai 68, une période sans 
    intérêt pour nous, Ségolène Royal ou Nicolas Sarkozy, mais un moment 
    fondateur pour tous ces vieux qui se sont fait peur à cette époque.

    Ainsi, loin d'être le candidat du travail et des forces vives comme son 
    discours volontariste semble l'affirmer, Nicolas Sarkozy serait en fait 
    celui de l'inquiétude et des peurs ressenties par une population 
    vieillissante, devant une modernité qui la bouscule et qu’elle refuse.

    Ainsi, malgré 5 années de propagande Sarkoziste avec l'aide massive de la 
    plupart des médias, Ségolène Royal serait majoritaire dans le pays dans 
    toutes les catégories d'âge de 18 à 64 ans !!!!!!!!

    Ainsi, tous les efforts des militants, des sympathisants, la mobilisation 
    d'une partie des abstentionnistes le 22 avril se heurte à cet implacable 
    constat : les trois quarts des seniors de plus de 65 ans ruineront tout 
    espoir de victoire !!!

    Avec une performance de 55 ou 60% pour Sarkozy, cette catégorie des plus 
    de 65 ans n'aurait pas pu faire basculer l'élection.

    Mais avec 75%, chiffre considérable, c'est toutes les intentions de vote 
    des moins de 65 ans en faveur de Ségolène Royal qui sont laminées.

    Comment se fait-il que personne n'en parle !!

    On peut comprendre que l'UMP n'ait aucun intérêt à ébruiter une telle étude  !!!
    Minoritaire chez tous les moins de 65 ans !! Une information des plus 
    désagréables ! Un échec cuisant ! 

     -----------------

    Institut : IPSOS
    Media : LE POINT

    Enquête IPSOS /DELL pour FRANCE 2 / EUROPE 1 / 20 MINUTES / LE POINT
    (la plupart de ces médias appartiennent aux "mais" de Sarkozy)

    3 609 personnes interrogées par téléphone le 6 mai 2007, constituant un échantillon national représentatif de la population inscrite sur les listes électorales.

    Méthode des quotas.
    Comme pour toute enquête quantitative, cette étude présente des résultats soumis aux marges d'erreur inhérentes aux lois statistiques.

     

     

    N. Sarkozy

     

    S. Royal

     

    TOTAL

     

    ENSEMBLE 53

     

    47

     

    100

     

    Sexe
    Hommes 54 46 100
    Femmes 52 48 100
    Age
    18 - 24 ans 42 58 100
    25 - 34 ans 57 43 100
    35 - 44 ans 50 50 100
    45 - 59 ans 45 55 100
    60 - 69 ans 61 39 100
    70 ans et plus 68 32 100
    Sexe x Age
    Hommes / Moins de 35 ans 54 46 100
    Hommes / 35 à 59 ans 49 51 100
    Hommes / 60 ans et plus 66 34 100
    Femmes / Moins de 35 ans 50 50 100
    Femmes / 35 à 59 ans 45 55 100
    Femmes / 60 ans et plus  64 36 100
    Profession de l'interviewé
    Agriculteurs 67 33 100
    Artisans, Commerçants 82 18 100
    Professions libérales, Cadres Sup. 52 48 100
    Professions intermédiaires 49 51 100
    Employés 49 51 100
    Ouvriers 46 54 100
    Statut de l'interviewé
    Salariés du privé 53 47 100
    Salariés du public 43 57 100
    Travailleurs indépendants 77 23 100
    Chômeurs 25 75 100
    Etudiants 42 58 100
    Retraités 65 35 100
    Dernier diplôme obtenu
    Pas de diplôme  51 49 100
    BEP/CAP/Certif. d'études primaires 54 46 100
    Les reports de voix tiennent compte à la fois des résultats du sondage et des éléments issus de l'analyse des transferts de voix dans les 200 bureaux de vote ayant servi à l'estimation des résultats du 2nd tour.

    La sociologie des électorats

      N. Sarkozy

     

    S. Royal

     

    TOTAL

     

    ENSEMBLE

     

    53

     

    47

     

    100

     

    Sexe
    Hommes

     

    54

     

    46

     

    100

     

    Femmes

     

    52

     

    48

     

    100

     

    Age
    18 - 24 ans

     

    42

     

    58

     

    100

     

    25 - 34 ans

     

    57

     

    43

     

    100

     

    35 - 44 ans

     

    50

     

    50

     

    100

     

    45 - 59 ans

     

    45

     

    55

     

    100

     

    60 - 69 ans

     

    61

     

    39

     

    100

     

    70 ans et plus

     

    68

     

    32

     

    100

     

    Sexe x Age
    Hommes / Moins de 35 ans

     

    54

     

    46

     

    100

     

    Hommes / 35 à 59 ans

     

    49

     

    51

     

    100

     

    Hommes / 60 ans et plus

     

    66

     

    34

     

    100

     

    Femmes / Moins de 35 ans

     

    50

     

    50

     

    100

     

    Femmes / 35 à 59 ans

     

    45

     

    55

     

    100

     

    Femmes / 60 ans et plus 

     

    64

     

    36

     

    100

     

    Profession de l'interviewé
    Agriculteurs

     

    67

     

    33

     

    100

     

    Artisans, Commerçants

     

    82

     

    18

     

    100

     

    Professions libérales, Cadres Sup.

     

    52

     

    48

     

    100

     

    Professions intermédiaires

     

    49

     

    51

     

    100

     

    Employés

     

    49

     

    51

     

  • Revues de Presse P.S. Elections 2007

    PHOTOS DE SEGOLENE ROYAL et DU PS : VOIR L'ALBUM "LE P.S. EN PHOTOS" (CI-CONTRE)  

    REUTERS, 20 avril 2007


    Ségolène Royal appelle "toute la gauche" à se rassembler

    Lors de son dernier meeting de la campagne du premier tour à Poitiers, Ségolène Royal a appelé les électeurs de gauche à se rassembler autour de sa candidature dès dimanche pour permettre aux Français d'avoir "un vrai choix" le 6 mai au second tour.


    A deux jours du premier tour de la présidentielle, Ségolène Royal a appelé les électeurs de gauche à se rassembler autour de sa candidature dès dimanche pour permettre aux Français d'avoir "un vrai choix" le 6 mai au second tour .

    La candidate présidentielle du PS, du MRC et du PRG a tenu son dernier meeting de la campagne du premier tour à Poitiers, en Poitou-Charentes, la région dont elle est présidente. "C'est un moment grave", a-t-elle déclaré devant plusieurs milliers de personnes - plus de 4.000 selon les organisateurs - réunies sous le soleil avant un pique-nique sur les pelouses du parc de Blossac.

    "Il reste 24 heures pendant lesquelles les Français vont encore réfléchir. Ils savent qu'ils vont écrire une page très importante de l'Histoire de France", a assuré Ségolène Royal.

    "J'appelle toute la gauche à se rassembler, tous les citoyens et les citoyennes de gauche, parce que c'est si la gauche se rassemble massivement dès le premier tour qu'elle permettra à tous les citoyens d'avoir un vrai choix au second tour", a-t-elle déclaré.

    Devancée dans les sondages par Nicolas Sarkozy et à quelques points devant François Bayrou, elle a dit savoir "qu'un certain nombre d'électeurs n'aiment pas beaucoup le mot de 'vote utile' parce que cela voudrait dire qu'il y a un vote inutile".

    "Ce n'est pas ma façon de voir les choses. Ce que je demande c'est un vote utile pour la France, un vote essentiel, un vote conscient" pour avoir "la possibilité d'avoir un grand débat entre les deux tours".

    Elle s'est présentée une nouvelle fois comme la "candidate qui pense que l'on peut réformer la France sans la brutaliser, que les valeurs humaines doivent toujours l'emporter sur les valeurs financières, qu'il est temps que la loi du plus juste remplace la loi du plus fort".

    "Chacun, chacune doit prendre part à l'écriture de cette page d'Histoire", a ajouté Ségolène Royal, assurant : "Mon projet, ce n'est pas moi, mon projet c'est vous".

    "Je compte sur vous", a-t-elle conclu.

    * - * - * - * - * - * - *

    AFP, samedi 21 avril 2007


    Les Français hors Hexagone votent

    Près d'un million de Français vivant hors de l'Hexagone votaient samedi pour le 1er tour de l'élection présidentielle.

    Avec un jour d'avance sur la métropole, les électeurs de Saint-Pierre et Miquelon, archipel français de l'Atlantique nord, votaient samedi.

    Les bureaux de vote ont ouvert aussi à Montréal, ainsi que dans les grandes villes de la côte est des Etats-Unis où ils devaient fermer à 20h00 (01h00 du matin à Paris).
    En raison des fuseaux horaires, le vote a commencé une heure plus tôt à Moncton et Halifax sur la côte atlantique canadienne et il débutera trois heures plus tard sur la côte pacifique du continent nord-américain.

    Une situation inédite

    C'est la première fois que les Français des Amériques (et de Hawaï) votent un jour avant lors d'un scrutin en France, afin d'éviter qu'une bonne partie d'entre eux ne votent à un moment où les résultats seraient déjà connus en France.

    Les habitants de Saint-Pierre-et-Miquelon, petit archipel situé près de Terre-Neuve (Canada), ont été les premiers Français à étrenner les urnes. Les bureaux de vote ont ouvert à midi heure de Paris (08h00 locales). Le vote sur deux jours a déjà fonctionné pour le référendum sur le Traité constitutionnel européen en mai 2005 mais est inédit pour une élection présidentielle.

    Traditionnellement, les Français vivant à l'ouest de l'Europe votaient le même jour qu'en métropole. Or, compte tenu du décalage horaire, ils avaient connaissance des résultats du premier tour, dévoilés le dimanche à 20h00 à Paris, alors que les bureaux de vote étaient encore ouverts chez eux.

    En Polynésie française, où le décalage horaire avec Paris est de 12 heures, les résultats du scrutin étaient connus alors que les bureaux de vote ouvraient, souligne-t-on au Conseil constitutionnel.

    Ce décalage avait pu donner le sentiment à certains électeurs d'Outre-mer que leur vote avait peu d'importance puisque les jeux étaient faits. Certains avaient même pu être tentés par l'abstention.


    LIEN VERS L'ARTICLE SUR AFP.FR :
     http://elections.france2.fr/presidentielles/2007/

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    10/04/07 - Reuters

    2007 - Chevènement confiant dans la présence de Royal au 2e tour

    PARIS (REUTERS) - Jean-Pierre Chevènement s'est dit mardi confiant dans la présence de Ségolène Royal au second tour de l'élection présidentielle, malgré un éventuel bon résultat de Jean-Marie Le Pen. 

    « Je pense que Ségolène Royal, qui est à beaucoup d'égards une candidate atypique, va affirmer fortement sa présence au premier tour et je suis confiant pour le second », a déclaré le président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen sur Europe 1.

    Ségolène Royal est la candidate du PS, du MRC et du PRG.

    Interrogé sur une éventuelle répétition de l'élection présidentielle de 2002, où le candidat socialiste avait été éliminé au premier tour par Jean-Marie Le Pen, l'ancien ministre de l'Intérieur a répondu : « Non, je ne le crois pas ».

    « Je pense bien sûr que Le Pen peut faire fort. Mais je pense que Ségolène Royal a parlé des préoccupations des couches populaires », a-t-il déclaré, citant l'emploi, le chômage, la « vie chère » et les délocalisations.

    « Elle n'a pas oublié de parler de la France et elle parle des problèmes de sécurité d'une manière tout à fait sérieuse », a-t-il ajouté.

    Jean-Pierre Chevènement a nié tout « flottement » dans la campagne de la candidate, estimant qu' »il y a quand même un fil rouge, c'est le social, dans la campagne de Ségolène Royal ».

    Selon lui, Jean-Marie Le Pen est « un cul de sac », François Bayrou « n'a pas de programme » et Nicolas Sarkozy « entraînerait une régression sociale qui signerait la fin du grand compromis social élaboré à la fin de la Deuxième Guerre mondiale ».

    Publié le: 10/04/2007 à 07:54:26 GMT
    Source : Reuters

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    10-04-2007 - Écrit par MJS


    Ségolène Royal : le seul espoir pour la jeunesse !

    Les jeunes d'aujourd'hui sont la première génération qui vivra moins bien que ses parents. Constat alarmant que les chiffres viennent étayer : 150 000 jeunes sortent chaque année de l'enseignement supérieur sans qualification, 50% des étudiants sont obligés de se salarier, les jeunes sont de véritables variables d'ajustement, premières victimes de la précarité.

    Si la jeunesse réclame une reconnaissance et des mesures adaptées aux difficultés qu'elle vit, ce n'est pas pour être une catégorie de plus dans la société mais bien parce qu'elle est l'avenir de ce pays.

    Pour répondre à ces interrogations, Ségolène Royal avec le pacte présidentiel place la jeunesse au cœur de son ambition pour la France.

    - La création d'une allocation d'autonomie pour tous les jeunes, sous conditions de ressources et avec un contrat pour faciliter l'insertion des jeunes dans la vie active, sera le pilier central de cette nouvelle politique.

    - Le Contrat Première Chance entend répondre au défi de l'insertion professionnelle des jeunes peu qualifiés. Cette convention, véritable engagement de la part de la Région (qui prendra en charge durant un an le salaire du jeune), de l'entreprise et du jeune, personnellement suivi et accompagné sera un moyen de combattre efficacement le chômage. Pas de précarisation de la jeunesse dans ce nouveau contrat de travail mais au contraire des mesures adaptées, entendant répondre à des difficultés tous les jours durement vécues.

    - L’instauration du droit au premier emploi afin qu'aucun jeune ne reste au chômage plus de six mois et la création de 500 000 emplois tremplins tendent vers le même objectif : redonner toute sa place à la jeunesse et lui offrir une perspective d'avenir.

    Ségolène Royal entend également redonner toute sa place à l'Ecole, du service publique de la petite enfance à l'université, en lui redonnant les moyens de l'excellence pour tous : substantielle  et nécessaire augmentation des moyens, création d'un service public de l'orientation, politique ambitieuse pour les ZEP etc.

    Toutes ces mesures, et bien d'autres, ont convaincu des milliers de jeunes de s’engager pour porter avec le MJS haut et fort le pacte présidentiel, pour conduire Ségolène Royal et les socialistes à la victoire. Ségolène Royal est la seule candidate à proposer un véritable projet de société dans lequel la jeunesse tient une place centrale ; elle est la seule à répondre efficacement au besoin d'autonomie, de sécurisation des jeunes, à leurs doutes et à leurs interrogations. L’enjeu est fondamental, pour les jeunes comme pour l’ensemble des Français, c’est maintenant plus que jamais, qu’il faut choisir le changement.

    Les jeunes savent dans quel camp se trouve le changement : le 22 avril et le 6 mai ils voteront « Ségolène Royal ».

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    AP | 10.04.2007

    "Pas d'inquiétude" pour Ségolène Royal, selon Jean-Pierre Chevènement

    « Il n'y a pas d'inquiétude" dans le camp de Ségolène Royal, a affirmé mardi Jean-Pierre Chevènement, excluant "totalement » l'hypothèse d'une présence de François Bayrou au second tour et rejetant la possibilité d'un nouveau 21 avril 2002.

     « Il n'y a pas d'inquiétude, Ségolène Royal donne le spectacle d'un calme absolument olympien », a déclaré le conseiller de la candidate socialiste et président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen (MRC) sur Europe-1. « Je n'ai jamais vu une femme aussi résistante, aussi constante, manifestant une grande égalité d'humeur ».

    L'ancien ministre de l'Intérieur a ainsi exclu « totalement l'hypothèse que François Bayrou puisse être au deuxième tour ». « Je pense que son socle n'est pas solide, il est fait de gens très indécis qui pourraient être tentés par la droite ou par la gauche », a-t-il expliqué. Quant au vote

    Jean-Marie Le Pen, « c'est un cul-de-sac », et l'extrême-gauche « ce sont des voix perdues », a-t-il ajouté. AP 

    * - * - * - * - * - * - * 

     

     

     

    Lundi 9 avril 2007

    "Le Franc-Parler" -- France Inter - I-Télé - Le Monde

    Bernard-Henri Lévy :
    "Je voterai Ségolène Royal"

    Nicolas Sarkozy a-t-il franchi une ligne jaune en affirmant, lors d'un entretien avec Michel Onfray dans "Philosophie Magazine" que la pédophilie et le suicide des jeunes relèvent de l'inné plus que de l'acquis ?

    J'ai toujours refusé cette espèce de slogan débile "Sarko = facho", "Sarko pire que Le Pen", etc. Ce n'est pas vrai. Mais nous dire qu'il y a une prédisposition à la pédophilie, une prédisposition au suicide, que c'est la génétique qui décide, ce n'est pas supportable. (...) Je le connais depuis longtemps, le fait que Nicolas Sarkozy puisse penser que nous puissions être agis par nos gênes m'a véritablement désorienté et accablé. Je trouve cela impardonnable.

    La droite et la gauche ont-elles fait une erreur en abandonnant les thèmes et les symboles de l'identité nationale au FN ?
    La vraie erreur, ce n'est pas de laisser la nation au Front national, c'est de laisser l'Europe aux autres Européens. La vraie erreur, c'est lorsque nos partenaires européens se sont réunis à Madrid pour un sommet récent et que la France n'était pas là. Cela me paraît bien plus grave pour l'avenir, pour nos enfants, nos petits-enfants, que de laisser Jeanne d'Arc au Front national.

    Le voeu de Ségolène Royal que chaque Français ait un drapeau français chez soi vous choque-t-il ?
    Je regrette que la gauche française, que le camp progressiste en général, qui a été internationaliste, qui a pensé sa vocation à l'échelle de la planète, qui menait les grands combats de libération ou qui s'en sentait frère, en soit à parler de mettre un drapeau tricolore. La bonne idée, c'était de mettre un drapeau français dans son salon, sur la cheminée, mais de mettre aussi à côté un drapeau européen. Je regrette que Ségolène Royal ne l'ait pas dit.

    Allez-vous vous engager dans cette campagne en faveur d'un candidat ?

    Je voterai Ségolène Royal au premier tour et j'espère au deuxième tour. (...) Je la trouve extrêmement courageuse. Elle a du cran, du caractère. Et sur certaines questions, elle est la moins mal placée pour apporter de bonnes solutions.
    Je pense à la question de l'Europe. La première des urgences, c'est revenir sur la honte du non. Je crois que Ségolène Royal, parce qu'elle a autour d'elle des gens du non, parce qu'elle est à la tête d'un parti qui s'est divisé plus que tout autre sur cette question, est la mieux en situation de ramener des "nonistes" vers le oui. (...) Quand elle a parlé de la guerre de Tchétchénie et quand elle a prononcé le nom, dans son discours de Villepinte, d'Anna Politovskaïa, lorsqu'elle a dit qu'elle était l'honneur de la presse russe, de la presse en général, j'ai trouvé cela courageux.

    Si le sort est défavorable à Ségolène Royal, dans quel état sera la gauche ?
    Champ de ruines. Tout à refonder.

    Autour de la social-démocratie ?
    Autour de la social-démocratie et autour de celui qui était mon candidat, personnellement, et qui s'appelle Dominique Strauss-Kahn. (...) D'ailleurs, si elle annonçait ou si elle donnait à entendre que Dominique Strauss-Kahn était son premier ministre en cas de victoire, je pense que les fameux sondages connaîtraient un frémissement tout à fait spectaculaire.

    Propos recueillis par Raphaëlle Bacqué, Thomas Hugues et Stéphane Paoli

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    Samedi 7 avril 2007 – Libération

    Ségolène Royal prend la pose « France présidente »

    PS. La candidate déclare qu'elle refusera de "répondre aux attaques, d'où qu'elles viennent". Elle tient à "s'adresser exclusivement aux Français".

    Bordeaux (Gironde).

    Des drapeaux tricolores fraîchement sortis de leurs étuis. Jeudi soir, à Bordeaux (en Gironde, un département où le PS est dirigé par des fabiusiens), Ségolène Royal, devant plus de 15 000 Aquitains, avait choisi de décliner son pacte sur le mode de « la France présidente », son nouveau slogan électoral. Auparavant, on avait fait applaudir le ralliement de Yannick Noah.

    En terres rugbystiques, c’est aussi l’ancien joueur béglais Serge Simon qui devait être la vedette américaine, ainsi que le Girondin Georges Dupont-Lahitte, ex-responsable de la plus importante fédération de parents d’élèves. Le lien avec l’histoire a été assuré par le président de région Alain Rousset. « Il faut en finir avec l’État jacobin et colbertiste », devait-il affirmer. Juste avant de dresser un réquisitoire contre le voisin béarnais François Bayrou, dont on ne s’est pas privé de rappeler qu’il a fusionné avec l’UMP dès le soir du premier tour des élections régionales de 2004, qu’il a soutenu Alain Juppé lors des élections municipales d’octobre dernier, et qu’il « se met en travers de toutes les réformes sociales qu’adopte la majorité de gauche à la région ».

    Autre lien avec l’histoire : l’évocation par la candidate elle-même de l’action en matière d’éducation populaire, dans les années 1930, de Léo Lagrange dont on avait oublié les origines girondines. De la candidate socialiste - qui entamait un périple dans le Sud-Ouest, avec notamment une étape symbolique à Carmaux, sur les traces de Jean-Jaurès - on retiendra surtout un changement d’attitude. Alors qu’elle avait ferraillé les jours derniers avec Nicolas Sarkozy, elle a annoncé qu’on ne l’y reprendrait plus. « À partir de Bordeaux, j’ai décidé d’incarner jusqu’au bout la République du respect en élevant le débat présidentiel », a-t-elle solennellement déclaré. Ajoutant : « Jusqu’au 22 avril, je refuserai de répondre aux attaques d’où qu’elles viennent, je ne m’adresserai qu’exclusivement aux Français. »


    Dans la « France présidente », donc, il y a « présidente » : ce à quoi elle aspire. Et il y a « France » : une façon de reprendre à son compte le débat sur l’identité nationale. Une identité qui ressemble aux valeurs de gauche qu’elle prétend porter, et qu’elle opposera tout au long de son discours aux propositions de la droite et à son bilan. Avec, pour point d’orgue, « la morale de l’action » et « l’obligation de résultat ». Si Nicolas Sarkozy ne sera pas nommé, elle fustigera la droite « qui attise les clivages entre Français », dénoncera la logique du choix « du capital contre le travail ». Le contexte étant celui de « la mondialisation » qui, selon elle, peut être « un indescriptible chaos », ou « une chance à saisir » si on « met un terme aux échanges inégalitaires », si on « laisse le monde abandonné aux seules forces du marché » qui « font de la concurrence un projet de société ». « À nous de construire les digues du nouveau monde », lancera-t-elle. Après avoir évoqué Montaigne, qui fut un maire illustre de Bordeaux :

    « La vraie liberté c’est de pouvoir toute chose sur soi. »

    Dominique Bègles

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    5 avril 2007 – Reuters

    Yannick Noah soutient Ségolène Royal

    PARIS (Reuters) - Yannick Noah a déclaré qu'il soutenait la candidature de Ségolène Royal à l'élection présidentielle et serait déçu d'une victoire de Nicolas Sarkozy.

    "A gauche, à gauche, à gauche, toujours à gauche", a dit l'ancien vainqueur du tournoi de tennis de Roland-Garros, aujourd'hui chanteur à succès, à propos de ses choix politiques.

    Interrogé au micro de RTL sur son éventuel soutien à la candidate socialiste, il a répondu : "Evidemment".

    En cas de victoire du candidat de l'UMP, "je serai profondément déçu. Pour moi, pour tous les travailleurs immigrés, pour tous les gens qui sont obligés au quotidien de prouver qu'ils sont Français", a ajouté Yannick Noah dont le père est camerounais.

    Interrogé son éventuel départ de France en cas de victoire de Nicolas Sarkozy, objet d'une polémique fin 2005, il a répondu : "Non je ne pars pas, il faut résister".

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    AFP, samedi 24 mars 2007 "La France présidente", nouveau slogan de Ségolène Royal

    PARIS (AFP) - "La France présidente" est le nouveau slogan choisi par la candidate socialiste à la présidentielle Ségolène Royal pour les quatre dernières semaines de campagne d'ici le premier tour.

    Après "Pour que ça change fort" et "Plus juste, la France sera plus forte", dévoilé à Villepinte le 11 février lors de la présentation de son pacte présidentiel, Ségolène Royal a choisi "La France présidente" pour la dernière ligne droite avant le 22 avril.

    Ce slogan veut porter "l'idée, qui est ressortie des débats participatifs organisés par Ségolène Royal, que tout le monde prend son avenir en main, doit être acteur du changement, et qu'en quelque sorte, c'est toute la France qui est présidente" si Mme Royal est élue, a précisé le directeur de campagne Jean-Louis Bianco, interrogé par l'AFP.

    En même temps, c'est aussi une référence au choix d'une femme" pour diriger le pays, a-t-il ajouté.

    Le slogan apparaîtra lors des prochaines réunions publiques de la candidate socialiste et sur une nouvelle série d'affiches à laquelle travaillait encore son équipe ces dernières 48 heures, selon M. Bianco.


    LIEN VERS L'ARTICLE SUR AFP.FR :

    http://fr.news.yahoo.com/24032007/202/la-france-presidente-nouveau-slogan-de-segolene-royal.html

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      Lefigaro.fr (avec AP), le 24 mars 2007

    "Maintenant", Ségolène Royal se dévoile La candidate socialiste publie mardi "Maintenant", un livre d’entretiens avec la journaliste Marie-Françoise Colombani. L’agence AP en a obtenu les premiers extraits. 335 pages et 190 mots-clés, d' «abandonner» à «zen», pour tout savoir ou presque sur Ségolène Royal. C’est l’objectif du livre d’entretiens avec l’éditorialiste du magasine féminin «Elle», Marie-Françoise Colombani, que publiera mardi Ségolène Royal après en avoir plusieurs fois repoussé la parution. Selon l’agence AP, qui a pu en obtenir une copie samedi, l’ouvrage est l’occasion d’en apprendre un peu plus sur l’intimité de la candidate. Ségolène Royal confesse des penchants romantiques et «trop d’amour-propre», et s’agace des «rumeurs» sur le couple qu’elle forme avec François Hollande : «oui, nous sommes toujours ensemble et oui, nous vivons toujours ensemble». Evoquant ses origines, elle admet être «née dans un milieu de droite», mais récuse «ce pessimisme social, ce respect du désordre établi, cette vénération pour le libéralisme économique et la loi du plus fort'». «C'est à gauche que j'ai trouvé ce désir d'émancipation et de fraternité», raconte la candidate, qui avoue qu’elle ne pense pas à l’Elysée depuis longtemps. Elle fait longuement par de son amour de la France, dont elle aime «les paysages», la «langue», mais surtout l’histoire «pleine de bruit et de fureur, mais aussi de douceur, de moments radieux».

    Royal dénonce la «boulimie» de Sarkozy

    Elle dénonce donc «l'illusion d'un dépassement du clivage entre la droite et la gauche» dans une flèche à François Bayrou. «Prétendre brouiller les frontières, c'est se moquer» des Français, «ou avoir des appétits de carrière personnelle qu'on espère mieux satisfaire en changeant de camp», accuse-t-elle. Mais c'est Nicolas Sarkozy qui apparaît comme son premier adversaire. Elle juge «scandaleux» qu'il soit resté «aussi longtemps» ministre et candidat, et pointe son «échec» place Beauvau. Elle fustige aussi une «boulimie» et une «volonté de tout contrôler inquiétantes pour la France».

    Rassembleuse, Ségolène Royal adresse un coup de «chapeau» à Bernadette Chirac, dont elle ne «partage pas les idées» mais «estime la ténacité». Elle dit son «respect» à Simone Veil, «femme de qualité», et va jusqu'à louer l'action du général de Gaulle.

    LIEN VERS L'ARTICLE SUR LE FIGARO.FR :
    http://www.lefigaro.fr/election-presidentielle-2007/20070324.WWW000000005_avec_maintenant_segolene_royal_se_devoile.html

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    http://www.nadinejeanne.com vendredi 23 mars 2007


    Logements pour tous : chaîne humaine devant la mairie de Neuilly samedi 24 mars 2007

    Droit au logement pour tous : la gauche altoséquanaise organise ses Etats Généraux.

    Les Conseillers généraux communistes, socialistes et Vert ainsi que plusieurs organisations des Hauts-de-Seine organisent le samedi 16 avril de 9h à 18h30 à l'Hôtel du Département, 2 à 16 bld Soufflot à Nanterre, des Etats généraux où les Altoséquanais auront véritablement la parole.

    Voici quelques uns des thèmes qui seront abordés :

    - Le financement du logement
    - La spéculation immobilière, l'habitat indigne, le logement d'urgence, les expulsions
    - L'accession sociale à la propriété
    - Logement des étudiants, des jeunes travailleurs, accès à un premier logement
    - Vivre et habiter où l'on travaille
    - L'office départemental : son rôle
    N.B. En 1996, le budget habitat du Conseil général était de 63 millions d'euros. Aujourd'hui, il est de 42,5 millions d'euros. En trois ans, les réalisations de logements sociaux sont passées de 1700 en 2001 à 1075 en 2004 !

    A CE SUJET, VOIR AUSSI LES ARTICLES SUR :
    http://www.ps-puteaux.com
    http://www.ps92.fr/2007/03/tous_neuilly_le.html
    http://www.mon92.com

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    Lexpress.fr (REUTERS), vendredi 23 mars 2007

    Ségolène Royal à la reconquête des "symboles de la nation"

    Marseillaise, drapeau tricolore, lieux de mémoire et d'histoire: Ségolène Royal a clairement affiché cette semaine sa volonté de "reconquérir les symboles de la nation", peaufinant par ce biais sa stature de chef de l'Etat.

    Vendredi dernier, la candidate socialiste sillonnait la Champagne-Ardennes aux prises avec le chômage et les délocalisations, déroulant au gré de ses étapes les propositions économiques et sociales de son "pacte présidentiel".
    Huit jours plus tard, à Marseille, dans le Var et à Nice, dans une région où le Front national réalise certains de ses plus hauts scores, elle s'est de nouveau attachée à se réapproprier l'identité nationale, replacée au centre de la campagne par Nicolas Sarkozy.
    En suggérant que tous les Français disposent désormais chez eux d'un drapeau tricolore - une idée dont son équipe n'avait jamais entendu parler avant vendredi -, la présidente de Poitou-Charentes renoue avec les propositions iconoclastes qui ont fait le succès de sa campagne pour l'investiture socialiste.
    Comme elle l'a fait pendant la primaire, elle multiplie de nouveau les bains de foule et les réunions sur les places publiques, savourant le "bonheur politique" d'aller à la rencontre des Français "en toute liberté, sans entrave".
    Après le retour des "éléphants", qui la fait apparaître "plus formatée (...) on la retrouve comme on l'avait un peu perdue de vue", se félicite son co-directeur de campagne, Jean-Louis Bianco
    A un mois du premier tour, Ségolène Royal fait le pari que son discours sur la nation touchera à la fois les couches les plus populaires de l'électorat, qui s'étaient détournées de la gauche pour voter Jean-Marie Le Pen, le 21 avril 2002, et la France "black blanc beur", à qui elle promet d'être la première présidente d'une "France métissée".
    Ses hommages à la nation et à la République offrent également de nouveaux gages aux électeurs chevènementistes, dont les voix avaient fait cruellement défaut à Lionel Jospin, il y a cinq ans.
    Hasard des images, Ségolène Royal est montée vendredi sur une estrade dressée sur la place Charles de Gaulle de Correns, dans le Var, s'adressant à plusieurs centaines de partisans devant une mairie dont le fronton arborait une devise "Liberté, égalité, fraternité" fraîchement repeinte.

    A la fin de son allocution centrée sur "l'excellence environnementale" au coeur du "premier village bio de France", le public a entonné de son propre chef la Marseillaise, qu'elle avait fait jouer à deux reprises, la veille, dans la cité phocéenne.

    "C'est une étape historique de l'histoire de la gauche qui avait cru devoir abandonner l'hymne national à l'extrême-droite", s'est-elle félicitée après coup.

    De son discours sur la réforme des institutions à l'hymne national, toutes les pièces de son puzzle présidentiel se sont mises en place en une semaine, même si son entourage réfute tout "calcul opportuniste".
    Depuis son discours de Vitrolles, ville symbole de la gestion Front national reconquise par la gauche, "elle est dans une extrême continuité", analyse Jean-Louis Bianco.

    La valeur travail et l'identité nationale sont des thèmes sur lesquels "elle ne lâche pas", poursuit l'ancien secrétaire général de l'Elysée. "Parler de la France, dire qu'on peut être fier d'être Français, les gens en ont besoin".
    Après son explication de texte sur les paroles "parfois un peu féroces" de la Marseillaise, la candidate socialiste a expliqué qu'elle n'était pas favorable à une modification du texte de l'hymne national.
    Devant les journalistes, elle a également déploré que les sportifs français soient ceux qui "connaissent le moins" ces paroles dans les compétitions internationales.

    Dans une pirouette, elle a justifié le fait qu'elle reste de marbre pendant la Marseillaise, sans entonner l'hymne. "Je ne suis pas chef de choeur non plus! Je suis candidate à l'élection présidentielle!", s'est-elle exclamée.
    Vendredi matin, elle s'est rendue successivement rue Thubaneau, à Marseille, où fut chanté l'hymne national pour la première fois en France, puis au "Camp de Milles" d'où 2.500 juifs furent déportés vers Drancy et Auschwitz.
    L'identité française "est faite aussi de cette histoire", "d'étapes de lumière et d'ombres", a-t-elle déclaré devant l'ancienne fabrique de briques devenue mémorial.

    Dans la dernière ligne droite de la campagne, Ségolène Royal a déclaré vouloir "prendre le temps d'être sur les lieux identitaires qui maintiennent une force symbolique et émotionnelle".


    LIEN VERS L'ARTICLE SUR LEXPRESS.FR :

    http://www.lexpress.fr/info/infojour/reuters.asp?id=40322&2138

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    l'express.fr mercredi 21 mars 2007

    Hollande qualifie de mystification la stratégie de Bayrou

    François Hollande qualifie de "mystification" la stratégie électorale de François Bayrou qu'il compare avec celle qui a conduit Jacques Chirac à l'Elysée en 1995.

    François Bayrou a dit voir des "ressemblances" entre ces deux stratégies dans un entretien publié par Le Parisien/Aujourd'hui en France mercredi.
    "Si véritablement, la rénovation de la vie politique c'est de revenir à ce qu'a été la mystification de Jacques Chirac en 1995, dans une certaine mesure, François Bayrou nous a fait un aveu", a déclaré le Premier secrétaire du Parti socialiste sur Europe 1.
    "Ce qu'il veut faire, c'est le coup de Jacques Chirac, qui en 1995, faisait croire qu'il n'était pas de droite, qu'il y avait même un candidat plus à droite que lui qui s'appelait Edouard Balladur", a ajouté François Hollande.
    "François Bayou en a tiré la leçon qu'il fallait faire comme Jacques Chirac en 1995 : faire croire qu'il n'était pas de droite, surgir, et puis écarter la gauche et pouvoir gouverner le pays avec un parti qui ne serait plus l'UMP mais serait l'UDF", a-t-il dit. "Une mystification vient d'apparaître."
    Le compagnon de Ségolène Royal a également critiqué les projets de "grands ministères" des deux rivaux de la candidate socialiste en évoquant "une mode qui les touche tous à droite".
    Nicolas Sarkozy veut créer un ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale tandis que François Bayrou a un projet de grand ministère "sociétal".
    "François Bayrou n' qu'une variante de la droite et il y une part de mystification. Je suis là pour que notre pays et ne soit pas victime d'un nouveau malentendu", a-t-il dit.


    LIEN VERS L'ARTICLE : http://www.lexpress.fr/info/infojour/reuters.asp?id=40076&0903 

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    AP, dimanche 1 avril 2007

    Iran: Ségolène Royal prône une "grande fermeté" et se dit favorable des sanctions

    PARIS (AP) - Ségolène Royal s'est dite "choquée" dimanche après l'interception par l'Iran de 15 marins britanniques le 23 mars dernier. "Toutes ces affaires prouvent que j'ai raison", a déclaré la candidate socialiste, qui s'est prononcée pour une "très très grande fermeté" à l'égard de Téhéran et s'est dite favorable à des sanctions.

    Interrogée lors de l'émission "Dimanche+" sur Canal+, Ségolène Royal a jugé qu'"il faut une décision sur cette question-là au niveau européen dans le sens des sanctions". "Il faut commencer par les sanctions économiques. Ensuite, des sanctions diplomatiques et en tout cas faire preuve d'une très très grande fermeté à l'égard de ce qui vient de se passer pour obtenir la libération immédiate de ces otages", a insisté Ségolène Royal.

    "Je suis tout à fait solidaire du gouvernement britannique et des Britanniques sur cette question-là", a-t-elle déclaré. "Cette violence n'a aucune raison d'être".

    Lors des débats internes à la primaire socialiste, Ségolène Royal s'était démarquée de ses deux concurrents en se prononçant pour interdire à l'Iran d'accéder au nucléaire civil.

    "Il faut être ferme à l'égard du régime iranien. Vous connaissez mes positions à ce sujet sur le nucléaire civil", a martelé la candidate qui s'est dite "choquée" par l'attitude de l'Iran. "Toutes ces affaires prouvent que j'ai raison. Je crois qu'il n'y a aucune faiblesse à avoir à l'égard de cet Etat aujourd'hui". AP

    gon/sb

     

    AFP, samedi 31 mars 2007

    Emploi: Royal propose un "contrat première chance"

    CLERMONT-FERRAND (AFP) - Ségolène Royal a dégainé une nouvelle arme anti-chômage, "le contrat première chance", lors d'un déplacement vendredi 30 mars à Clermont-Ferrand, proposant aux artisans et commerçants de recruter sans frais pendant un an des jeunes non qualifiés, pour les embaucher ensuite de manière ferme.

    AP, vendredi 30 mars 2007

    L'Etat couvrira pendant un an le salaire et les charges des jeunes non qualifiés en TPE, propose Royal

    GUERET, Creuse (AP) - Ségolène Royal a proposé vendredi que l'Etat prenne intégralement en charge pendant un an le salaire et les charges des jeunes sortant du système scolaire sans qualification lorsqu'ils sont recrutés par des très petites entreprises (TPE), à savoir des commerçants et artisans. Ce contrat aidé s'ajouterait pour les jeunes aux emplois-tremplins.

    Ce dispositif, dont les modalités d'application et le financement restent à préciser, pourrait prendre le nom de "contrat première chance", selon Jean-Louis Bianco, codirecteur de campagne. Dans l'entourage de la candidate du PS, on précise que ce contrat coûterait 5 milliards d'euros, puisés dans les 63 milliards d'aides publiques versées chaque année aux entreprises.

    "J'observe qu'il y a d'un côté 500.000 offres d'emploi par les artisans et commerçants, c'est-à-dire les très petites entreprises, et de l'autre 190.000 jeunes qui tous les ans sortent du système scolaire sans qualification", a constaté Ségolène Royal lors d'une réunion publique à Guéret (Creuse), l'une des dernières étapes de son déplacement de trois jours dans quatre régions.

    "Je fais la proposition que les salaires et les charges de ces jeunes soient pris en charge pendant une année pour qu'ils soient recrutés", a-t-elle préconisé, précisant que l'exonération porterait sur "la totalité du salaire et des charges". "En contrepartie, il sera demandé aux artisans et aux commerçants de respecter ces jeunes, de ne pas leur faire faire que des tâches d'exécution" et "si ce jeune fait ses preuves", "s'il donne satisfaction à l'entreprise, alors je demande à l'artisan et au commerçant de le recruter sur un contrat stable et durable", a-t-elle plaidé, c'est du "gagnant-gagnant", du "donnant-donnant".

    Concrètement, les jeunes concernés sont ceux qui sortent de l'école sans qualification au terme de la scolarité obligatoire à 16 ans, afin de leur apporter une première expérience professionnelle. Selon M. Bianco, ils seraient rémunérés au moins au SMIC. N'étant pas immédiatement "opérationnels", ils seraient formés par les régions, qui géreront le dispositif. Les régions "seront en première ligne et l'Etat leur donnera les moyens d'assumer cette responsabilité", a assuré Ségolène Royal.

    Côté financement, la candidate est restée floue, expliquant qu'elle comptait utiliser différemment les 63 milliards d'euros de fonds publics versés chaque année aux entreprises. "Je veux lutter contre tous les gaspillages dans la mauvaise répartition des aides publiques aux entreprises, celles qui aujourd'hui de façon uniforme aident aussi bien les très grosses entreprises que les petites et moyennes et aident autant celles qui en ont besoin que celles qui n'en ont pas besoin".

    En l'état, ce dispositif ne prévoit pas de mesure contraignante pour obliger les entreprises à recruter le jeune en CDI au terme du contrat. C'est un "pacte de confiance entre les artisans et les commerçants", a expliqué Ségolène Royal. "La région pourra contrôler" avec un "accompagnement individualisé avec un référent", a indiqué M. Bianco, récusant tout effet d'aubaine.

    Cette proposition vient s'ajouter aux 500.000 emplois-tremplins que Ségolène Royal s'est engagée à créer en cinq ans pour les jeunes dans le public comme le privé, et qui sont déjà développés dans les régions présidées par le PS.

    "C'est un vaste chantier que je vous propose de lancer" car "la question du chômage des jeunes est devenue une question lancinante, majeure, angoissante, inquiétante", a conclu la candidate. "La bataille de l'emploi peut être gagnée", a-t-elle affirmé, dénonçant au passage les "chiffres du chômage plus ou moins contestés" publiés par le gouvernement. AP

    sch/mw

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    AFP, vendredi 30 mars 2007

     

    Affiche de Royal : portrait en noir et blanc, un slogan la France présidente

    PARIS (AFP) - Jack Lang a présenté vendredi l'affiche électorale de Ségolène Royal : un grand portrait en noir et blanc de la candidate, accompagné de son slogan "la France présidente" et de la mention "le changement".

    Imprimée en 400.000 exemplaires, l'affiche sera apposée un peu partout en France, a souligné le conseiller spécial de la candidate socialiste à la présidentielle lors du point de presse quotidien du Parti Socialiste.

    Elle révèle à la fois "la volonté de changement" de Ségolène Royal et "sa volonté de redonner aux Français et aux citoyens le droit de dire leur mot" et de "s'emparer de la vie civile et politique", a résumé l'ancien ministre.

    Sur le plan esthétique, "le traitement en noir et blanc" du portrait "n'est pas habituel", et "a la vertu d'épurer les traits et faire surgir le visage dans toute sa force, à la fois d'humanité et de détermination", a-t-il souligné.

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    AP, vendredi 30 mars 2007

    Ségolène Royal appelle les jeunes à "forcer leur destin"

    CLERMONT-FERRAND (AP) - "Quand j'avais votre âge, je n'aurais jamais imaginé ce soir être là devant vous": érigeant en exemple son parcours malgré une enfance dans une famille "assez conservatrice" qui la destinait "à rester aux fourneaux", Ségolène Royal a invité vendredi soir des jeunes réunis dans une boîte de nuit de Clermont-Ferrand à "forcer leur destin".

    "Je suis d'une famille assez conservatrice", et "toute mon enfance et toute mon adolescence", j'ai entendu "tu ne feras pas d'études supérieures", "tu es destinée à rester aux fourneaux", a confié la candidate socialiste à plusieurs milliers de jeunes réunis pour un meeting inédit dans la discothèque le "B-Box", assis sur des fauteuils ou debout sur le "dancefloor" dans la pénombre, éclairée par des néons bleus et rouges, à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme).

    "J'ai forcé ce destin, j'ai été poussée par l'école de la République, par des enseignants qui m'ont dit: 'il faut continuer'. J'ai pu bénéficier d'une bourse pour continuer mes études supérieures et, petit à petit, j'ai eu accès à la formation et je me suis dit un jour: 'mais pourquoi je n'essaierai pas?'".

    "Forcez votre vie ! Saisissez votre liberté !", les a-t-elle exhortés, "c'est le message que je veux vous transmettre". "Par rapport à l'énergie que vous avez, par rapport aux attentes que vous pouvez espérer, par rapport aux rêves que vous pouvez imaginer, je veux que chacun d'entre vous, que chaque jeune fille et chaque jeune homme dans la France que nous aimons puisse se dire: 'et pourquoi, moi aussi, je n'essaierai pas de forcer mon destin, de forcer la vie".

    Durant 22 minutes d'un discours plutôt terne, la candidate socialiste, la voix fatiguée, a défendu ses propositions contre le chômage des jeunes, dont les emplois-tremplins pour les jeunes diplômés et qualifiés, et le "contrat première chance" pour les jeunes sans qualification recrutés par des artisans et commerçants ayant moins de dix salariés, qu'elle a dévoilé vendredi.

    Des jeunes exigeants, dont plusieurs sont intervenus sur scène. Et notamment Julien, 21 ans, "chômeur et slammeur", qui a scandé un texte sans concession. "Ségolène je suis ici ni pour la pourrir, ni pour lui faire la lèche"; "intègre, je lui demande que va-t-elle faire pour que tout le monde s'intègre, il faut changer les règles quand les jeunes sont traités comme la pègre"; "la victoire de la rose, si ça s'arrose, c'est mieux que l'UMP"; "pour sortir Marianne du tombeau, c'est pas avec un drapeau, c'est pas avec un Kärcher, mais avec des valeurs chères". Julien qui doute, préfère la "gauche gauche", et hésite à voter Royal.

    Après l'hymne techno de la candidate sur fond d'énormes basses et une pluie de confettis, la piste s'est rapidement vidée... AP

    sch/pyr

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    AP, vendredi 30 mars 2007

    Ségolène Royal promet de maintenir les services publics, mais veut les "réformer"

    MONTAIGUT-EN-COMBRAILLES, Puy-de-Dôme (AP) - En déplacement dans les régions Limousin et Auvergne frappées par les suppressions de services publics, Ségolène Royal a pris vendredi l'"engagement" de les maintenir, notamment en zone rurale, accusant son rival Nicolas Sarkozy de préparer un "déménagement du territoire". Elle a cependant appelé les services publics à se "réformer".

    "La France nouvelle que j'appelle de mes vœux et que je veux construire avec vous sera une France qui défendra les services publics partout, et en particulier en milieu rural", a promis la candidate du PS lors d'une réunion publique à Montaigut-en-Combrailles (Puy-de-Dôme). "Aucun service public ne fermera sans l'accord des élus".

    "Quand le candidat de la droite propose de supprimer un fonctionnaire sur deux qui part à la retraite, devinez quelle sont les zones qui vont être frappées en priorité? Ce sont les zones rurales", a-t-elle dénoncé, l'accusant de préparer "un déménagement du territoire". "Lorsque les populations sont fragilisées, précarisées par la disparition des services publics, ce sont les injustices qui augmentent à l'échelle nationale", a-t-elle jugé. "Moi, je n'oppose pas les villes et les campagnes".

    Ségolène Royal s'est toutefois défendue de prôner "l'immobilisme" et a appelé les services publics à "s'améliorer, se moderniser, évoluer, s'adapter à la demande de la population". "Je ne demande pas le statu quo, mais je demande au moins le maintien de la densité et je le ferai", a-t-elle promis.

    Peu avant, à Guéret (Creuse), elle avait précisé ses intentions. Sur l'éducation nationale, elle a répété qu'elle "rétablirait dès cet été l'ensemble des postes qui ont été supprimés". Mais elle a indiqué qu'elle engagerait une discussion pour examiner comment "mieux répartir ces moyens nouveaux" sur le territoire "pour lutter plus efficacement contre l'échec scolaire".

    De même pour les hôpitaux de proximité en milieu rural, dont la suppression serait selon elle une "absurdité". Elle a néanmoins souhaité qu'ils aient un "nouveau rôle" de "dispensaires" ou de "maisons de santé".

    Enfin, sur l'ANPE, dont les agents ont manifesté jeudi, Ségolène Royal a montré du doigt "des tentatives de privatisation". Jeudi soir, elle avait affiché son intention de "réformer" le service public de l'emploi en le régionalisant.

    Sur les services publics, il faut "résister et imaginer", a-t-elle conclu. "Quand un service public existe, on résiste et on le maintient. En revanche, on imagine comment il peut évoluer". AP

    sch/mw/ir

     

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    AFP, jeudi 29 mars 2007

    En meeting à Limoges, le couple Royal-Hollande joue la complémentarité

    Par Thierry MASURE   

    LIMOGES (AFP) - La candidate socialiste à la présidentielle Ségolène Royal et le chef de son parti, François Hollande, ont fait équipe publiquement pour la première fois dans la campagne, jeudi soir à Limoges, la région du député-maire de Tulle.

    Alors que des tensions politiques entre eux se sont faites jour sur une série de sujets, le couple le plus inédit de la vie politique, uni par une vie commune mais aux destins politiques contrastés, a joué une partition harmonieuse devant un public chaleureux de plus de 6.000 personnes.

    A François Hollande le tir nourri contre Nicolas Sarkozy et François Bayrou, à Ségolène Royal l'exposé de son projet présidentiel, avec un accent particulier sur la société "de la responsabilité", du "donnant-donnant" contre "l'assistanat".

    "C'est un jour particulièrement émouvant", a commencé la candidate en s'adressant à l'auditoire, de par la présence de "François" qui s'est exprimé, a-t-elle dit, "avec le talent que vous connaissez". La veille, elle avait estimé que le député-maire de Tulle était "l'un des hommes politiques les plus brillants de sa génération.

    Comme les autres "éléphants", le premier secrétaire mène campagne de son côté. Il devrait prendre la parole au dernier meeting de la candidate avant le 1er tour, à Lille. La candidate avait, il y a précisément deux semaines (dans l'émission "A vous de juger", sur France 2), multiplié les prises de distance à l'égard du PS, que le numéro un socialiste ne cesse au contraire de mettre en avant.

    Mercredi encore, Mme Royal qualifiait de "couperet" le seuil de 4.000 euros par foyer fiscal, proposé en janvier par M. Hollande, à partir duquel seraient remises en cause les baisses d'impôts faites par la droite.

    A Limoges, en présence, notamment, de l'ex-Premier ministre PS Edith Cresson, venue de sa Vienne voisine, Ségolène Royal s'est installée pour de bon dans un nouveau rapport au public: plus de texte écrit, la candidate a improvisé, micro en main derrière un pupitre.

    Elle a commencé par un hommage au Limousin "rebelle", où la Résistance à l'occupant nazi fut très active, saluant une cité "fière de sa mémoire ouvrière et de son ancrage à gauche", creuset "d'une République démocratique et sociale". Puis la candidate socialiste s'est tournée vers ce qu'elle appelle parfois "la gauche moderne".

    "Je ne suis pas favorable à une société de l'assistanat. La gauche ce n'est pas cela, la gauche c'est la dignité du travail. La société que je vous propose, c'est une société du donnant-donnant où chacun aura le sentiment que ce qui est donné (...) s'accompagne en retour d'un effort de la part de ceux qui reçoivent", a déclaré Mme Royal.

    Elle a opposé sa "conception de la valeur travail" à celle de la droite. "La valeur travail, c'est d'abord donner du travail à tous. C'est revaloriser les bas salaires. C'est sécuriser, par des contrats de travail durables", a-t-elle affirmé, sans omettre cette fois de "féliciter les jeunes de leur lutte contre le CPE".

    Auparavant, François Hollande avait dénoncé en termes vifs les déclarations de Nicolas Sarkozy à propos des incidents de la gare du Nord. "Nicolas Sarkozy a dit: +je suis du côté des victimes+. Non, il est du côté des responsables, c'est différent. C'est lui qui a été ministre de l'Intérieur depuis 2002".

    Véhément, il a prié le candidat de l'UMP de ne pas "insulter" les socialistes. Quant à François Bayrou, il "s'avance dans le flou et dans la brume (...), c'est un voyageur sans bagage", selon le premier secrétaire.

    François Hollande a exprimé une confiance limitée face à "l'incertitude" du scrutin, appelant les militants à "secouer l'indifférence, lutter contre le scepticisme, refuser le fatalisme".

     

    Libération, 28 mars 2007

    Interview de Ségolène Royal.

    Pourquoi vous être emparée du thème de la Nation à ce moment précis de la campagne ?

    Ségolène Royal : Ce thème est par définition présent dans une campagne présidentielle, le candidat ou la candidate ayant pour vocation et ambition d'incarner la République, donc la Nation. Il est normal de pouvoir préciser sa vision des choses sur le sujet et sur la façon dont le lien national doit s'incarner. Le candidat de la droite a donné sa vision des choses, en proposant un ministère de l'Identité nationale et de l'Immigration. Le candidat UDF, lui, se moque de tout cela. Il a tort. Il est tellement pris dans son filon ni droite ni gauche qu'on ne sait plus ce qu'il pense de rien et donc, pas davantage, de la Nation. Ce qui est d'ailleurs cohérent avec ses positions, puisqu'il n'a pas de programme et donc, ne dit rien. Quant au candidat du Front national, il confond nation et nationalisme. Il y a donc une vraie confrontation des points de vue. Pour moi, c'est très clair. Je suis une Européenne résolue. Je suis partisane d'une France ouverte au monde, internationaliste et généreuse et je considère que la Nation a un autre nom qui est celui de la République. La Nation telle que je la conçois ne demande pas aux gens d'où ils viennent, mais où ils veulent aller ensemble. Elle n'est pas fondée sur les racines, l'ethnie, que sais-je, mais sur une idée. Elle est une idée et c'est ce qui la distingue de ce qu'en ont fait nos adversaires.

    L'affirmation de la Nation est-elle compatible avec l'internationalisme de gauche ?

    Ségolène Royal : Evidemment, la gauche est internationaliste. Mais il faut donner une réassurance sur l'identité nationale, qui a besoin d'être consolidée au moment où les Français s'inquiètent de la dilution de la Nation dans la mondialisation. Jaurès lui même a réconcilié l'idée de Nation et celle d'internationalisme. Au point, d'ailleurs, d'en mourir ! La Nation, je vous le répète, n'est pas incompatible avec l'ouverture. Ni du côté du local, et je suis de ce point de vue la seule candidate à proposer une régionalisation. Ni de l'autre côté, avec le fait européen. Mais cet enjeu-là est considérable au moment où on observe une confusion des valeurs, une montée des désordres, un doute sur les marges de manœuvre de la politique.

    Insister sur la nation, c'est nécessaire pour ramener à gauche les catégories populaires ?  

    Ségolène Royal : Je ne fais pas de calcul. Je ne parle pas de la nation pour plaire à telle ou telle catégorie, il s'agit de convictions de longue date. Ministre de l'Enseignement scolaire, j'avais déjà mis l'éducation civique au brevet des collèges. J'ai toujours beaucoup travaillé sur cette question : qu'est-ce qui fait la France ? Je l'avais évoqué à Vitrolles, dans lors de ma déclaration de candidature. Puis lors de l'investiture. Ce n'est donc pas une question de tactique politique.  

    Quelle importance attachez-vous à l'électorat populaire, dont la fuite avait causé la défaite de la gauche en 2002 ?  

    Ségolène Royal : La mobilisation des catégories populaires est un des enjeux de cette élection. Non pas pour des motifs partisans mais parce que ces catégories se sont éloignées du vote et qu'il est essentiel pour la santé de notre démocratie qu'elles retrouvent la confiance dans la politique. La crise démocratique, et je suis la seule candidate à en avoir fait le diagnostic précis, a engendré un éloignement du vote, des votes de colère, un sentiment de ne plus compter pour rien, du repli sur soi. Ces sentiments frappent les catégories populaires, et maintenant les classes moyennes. C'est très dangereux : il peut y avoir soit une fuite vers l'individualisme, soit un repli vers des communautarismes et rejet des autres. Plus largement, les catégories populaires ont, comme les autres, besoin d'une réflexion sur l'identité nationale, d'une politique internationale digne de ce nom, de participer au débat sur la culture, l'énergie ou les enjeux de la santé Et je considère que c'est le devoir de la gauche de répondre à ces attentes des catégories populaires, tout comme à la fraction des classes moyennes qui aujourd'hui nourrissent un sentiment de déclassement.  

    Quelle est votre position sur les régularisations de sans-papiers ?  

    Ségolène Royal : Quand Nicolas Sarkozy a convoqué dans les préfectures tous les sans-papiers pour leur faire croire qu'ils auraient des papiers et qu'ils ont finalement été fichés, il a trompé les gens. Il est responsable d'une politique qui a grossi le nombre des étrangers sans papiers et pourtant non expulsables. Il a créé des zones de non droit. Aujourd'hui 26 000 parents d'élèves ne sont pas régularisés malgré les promesses et ne peuvent non plus être reconduits à la frontière. C'est scandaleux dans un Etat de droit, et inhumain. Pourquoi ce problème qui empire depuis plusieurs années n'a-t-il pas été réglé ? Pour ma part, je veux que l'ensemble de ces situations soient examinées sur la base de critères objectifs, et non pas de façon aléatoire ou statistique, avec le sens de la responsabilité et l'humanité nécessaire.  

    Vos relations sont-elles apaisées avec les profs ?  

    Ségolène Royal : Je n'ai jamais été fâchée avec les enseignants. Il y a eu la diffusion sur Internet de la fameuse vidéo, et on sait dans quelles conditions elle a été tournée et diffusée : je ne suis bien sûr pas d'accord avec ce type de méthode, car on doit pouvoir participer sereinement à des réunions de réflexion. Mais peu importe. Ce qui compte, ce sont les conditions de travail des enseignants et d'apprentissage des élèves. Les adolescents ont changé, et la formation des enseignants n'a pas suivi cette mutation. Je pense que les enseignants, qui sont gênés par l'accumulation des réformes de l'Education et qui ont un vrai sentiment de déclassement, ont d'abord besoin de reconnaissance. Mais s'ils regardent ce qui a été fait avec la gauche entre 1997 et 2002, et ce qui s'est passé depuis cinq ans, je pense qu'ils voient clairement la différence. Si je suis élue, la prochaine rentrée scolaire se fera en rétablissant les emplois supprimés. Une liberté pédagogique sera donnée aux équipes, des solutions apportées aux élèves décrocheurs qui perturbent les classes et des moyens seront donnés pour développer le travail en équipe.    

    Concrètement, comment «desserrer» la carte scolaire, comme vous le préconisez ?  

    Ségolène Royal : La question de la mixité scolaire se définit dans la politique de la ville, dans la politique de l'habitat et dans la politique urbaine. Ce n'est pas l'école qui doit porter seule la question de la mixité. C'est la politique de la ville qui, en amont, accompagne ou pas la mixité. Je souhaite répondre au vœu des parents d'un peu de souplesse dans la sectorisation.  

    Les jeunes s'intéressent à la campagne mais restent sceptiques. Comment comptez-vous les convaincre de s'engager ?  

    Ségolène Royal : Je pense que l'ampleur de la crise sociale, économique, écologique, culturelle est telle que le choix est clair. Le prochain scrutin doit leur permettre de choisir dans quelle France ils veulent vivre demain. Moi, je les invite à inventer la France dans laquelle nous allons vivre. A mener la bataille pour l'emploi des jeunes, l'amélioration de leur qualification, la reconnaissance de la France dans sa diversité, dans son métissage, contre toutes les formes de discrimination. Et je les appelle à participer au rééquilibrage entre les pays du Nord et du Sud, car ils ont compris que leur avenir dépendait aussi de la réduction des inégalités Nord-Sud.  

    Suffit-il, pour la gauche, d'expliquer que Bayrou, c'est la droite ?  

    Ségolène Royal : Non. Son «ni droite, ni gauche» masque l'immobilisme le plus absolu, le refus de dire clairement quelles sont les solutions qui seront apportées aux problèmes qui se posent au pays. Et l'immobilisme, c'est la poursuite de la situation actuelle dont les Français ne veulent plus. Pour ma part, j'explique dès maintenant comment je vais m'y prendre, et à quelles priorités je vais m'attaquer. Je suis persuadée que les choses vont se clarifier. Je ne veux pas que les Français soient privés d'un vrai choix entre deux visions clairement identifiées de l'avenir de la France.  

    A propos de Nicolas Sarkozy, pensez-vous que l'on peut être élu président de la République si l'on ne peut aller en banlieue ?  

    Ségolène Royal : C'est difficile d'incarner l'unité de la Nation si certains espaces du territoire sont inaccessibles. Mais cela fait partie de la question de la responsabilité politique. La crise des banlieues a été très mal traitée. Depuis, rien n'a changé. Les choses se sont même dégradées. Nicolas Sarkozy était ministre de l'Intérieur jusqu'à lundi, il a quand même eu tous les pouvoirs entre les mains pour pouvoir régler cette question-là... C'est un échec sur toute la ligne. Et on ne voit pas davantage de solution, dans son programme présidentiel. Il n'est pas capable de résoudre ces problèmes. Il y a une rupture profonde de confiance entre les jeunes de ces quartiers et lui. Pour ma part, j'ai dit que les banlieues n'étaient pas un problème mais une part de la solution aux problèmes de la France, parce que je veux mobiliser tous les talents qui aujourd'hui n'ont pas les moyens de se révéler.  

    Que répondez-vous aux critiques sur le financement de votre projet présidentiel ?  

    Ségolène Royal : Mon projet comporte bien sûr des dépenses, mais il est financé par des économies, des redéploiements, et toutes ces dépenses sont des investissements et non pas des dépenses inertes. Elles permettront de relancer la croissance. On n'est pas dans l'arithmétique. Si on n'investit dans rien, on meurt à petit feu. Moi je veux investir dans les filières du futur. En Suède, on a investi massivement dans l'innovation, dans la matière grise. La France est très en retard sur un certain nombre de domaines : le dialogue social, le développement durable, les questions énergétiques. C'est là qu'il faut que les pouvoirs publics soient présents. Il y a aussi des marges de manœuvre sur la réforme de l'Etat : la baisse de son train de vie, et la réforme de l'action publique, surtout par la décentralisation.  

    Avec la réforme de l'Etat, vous vous emparez d'un thème cher à la droite...  

    Ségolène Royal : Mais la droite n'a pas accompagné les fonctionnaires dans cette mutation ! Elle leur a imposé des politiques arithmétiques, avec la moitié de fonctionnaires non remplacés. Cela veut-il dire que la moitié des fonctionnaires ne compte pour rien ? Ce n'est pas digne d'un candidat à la présidentielle de désigner à la vindicte publique une catégorie de la population. Les fonctionnaires doivent être associés aux mutations des services publics. Il faut leur dire : on va vous accompagner dans ces mutations, on va redéployer les services publics là où les citoyens en ont le plus besoin et, en échange, vous serez mieux formés et mieux rémunérés.  

    Comment procéderez-vous pour la conférence salariale que vous avez annoncée ?  

    Ségolène Royal : Ce rendez-vous est très important. Il va falloir nouer un nouveau dialogue social pour aborder un ensemble de questions : comment augmenter les bas salaires ? Comment investir mieux dans la recherche et l'innovation ? Comment met-on en place ce qu'on appelle dans les pays du Nord une «flexsécurité» ?  

    Vous êtes pour davantage de flexibilité ?  

    Ségolène Royal : Je préfère parler d'agilité. Jusqu'ici, la flexibilité a été supportée par les salariés, jamais par les patrons. Quand une entreprise va mal et qu'un patron part avec un parachute doré, ça a un impact symbolique insupportable. L'agilité que je veux donner aux entreprises a sa contrepartie dans des sécurités nouvelles pour les salariés : c'est par exemple la sécurité sociale professionnelle.  

    Le marché, donc, est accepté ?  

    Ségolène Royal : Le marché est accepté, pas le système libéral. Mais il faut un marché régulé, qui permette de faire converger l'intérêt de l'entreprise et du salarié. Le rétablissement du lien de confiance passe par le développement d'une culture de compromis dans les entreprises. D'où ma proposition de sécurité sociale professionnelle, qui permet au salarié de conserver un revenu, avec une formation, sans passer par la case chômage. Le salarié peut même garder un lien juridique avec son entreprise. En fait, il s'agit d'utiliser différemment les indemnités chômage et les crédits de la formation professionnelle. Cela donne de la liberté aux salariés, mais aussi des devoirs : le salarié ne pourra pas toucher 90 % de son salaire et rester chez lui. Il devra suivre une formation ou se reconvertir. C'est donnant-donnant.  

    Comment envisagez-vous de soutenir les entreprises ?  

    Ségolène Royal: Je veux réorienter un certain nombre de choses. Je me suis d'abord engagée à ce que le taux de l'impôt sur les sociétés soit modulé à la baisse si les profits sont réinvestis. Les propositions faites par les deux candidats de droite sont inopérantes. Quand l'un d'eux (François Bayrou, ndlr) propose de supprimer les charges sociales pour les entreprises embauchant deux personnes, c'est inadmissible. On ne donne pas les mêmes aides aux banques, à la grande distribution ou aux PME ! Le temps est venu des politiques sélectives ; il faut mettre fin au saupoudrage des fonds publics et faire du sur mesure. D'ailleurs, si je suis élue, les banques prendront leur part de l'effort. Nous sommes le seul pays où les banques s'entendent entre elles pour ne pas prendre de risque à l'égard des PME, alors que, grâce aux tarifications bancaires, elles gagnent de l'argent sur les pauvres et font des profits insolents. On doit imaginer des mesures pour amener les banques à se consacrer davantage au financement des PME. C'est ce qui est fait à l'étranger.  

    Vous qualifiez votre projet de socialiste ?  

    Ségolène Royal : Il l'est.  

    Votre campagne semble avoir retrouvé de l'allant depuis que vous avez retrouvé votre «liberté». Moins y a d'éléphants mieux c'est ?  

    Ségolène Royal : Les responsables du Parti socialiste tiennent tous leur rôle dans la campagne. Ils sont tous en mouvement. Lors de l'élection présidentielle précédente, la mobilisation des militants avait faibli. Cette fois, jamais, avec 300 000 militants qui, dans cette dernière ligne droite, se battent. Le parti, dans ses profondeurs, est totalement en ordre de marche.   Mais c'est vous qui tentez de le révolutionner...   Ségolène Royal : C'est moi la candidate, c'est sur moi que reposent les responsabilités. Je serai responsable de ce qui arrivera. Je ne ferai porter la responsabilité sur personne d'autre.

      NOUVELOBS.COM, 27 mars 2007  

     

    Le siège départemental du PS des Hauts-de-Seine incendié  

    Un incendie "probablement criminel" s'est déclaré peu avant 4h00 lundi matin. Des traces d'hydrocarbures ont été retrouvées.  

     

    Le siège départemental du Parti socialiste des Hauts-de-Seine, situé au Plessis-Robinson. AFP.  Le siège départemental du Parti socialiste des Hauts-de-Seine, situé au Plessis-Robinson, a été ravagé par un incendie probablement d'origine criminelle, lundi 26 mars vers 04H00, a-t-on appris auprès de la fédération du PS et de la police. "Le laboratoire de la police est passé et ils ont trouvé des traces d'hydrocarbures dans la boîte aux lettres qui auraient mis le feu à l'ensemble du local. Ce serait donc un incendie d'origine criminelle, nous avons déposé plainte ce matin au commissariat de Clamart", a déclaré à l'AFP Benoît Marquaille, premier secrétaire fédéral adjoint du PS des Hauts-de-Seine.

    "Des traces d'hydrocarbures relevées par le laboratoire laissent penser que l'incendie serait d'origine criminelle", a confirmé une source policière.

    Les enquêteurs de la police judiciaire des Hauts-de-Seine, chargée de l'enquête, ne disposaient lundi matin d'aucun élément permettant d'identifier le ou les auteurs de cet incendie, qui s'est déclaré à 03H20 avant d'être rapidement maîtrisé.  

    Gros dégâts

    La permanence du PS est située dans un pavillon de 150 à 200 m² sur deux étages, a indiqué Benoît Marquaille.

    "Le rez-de-chaussée, où se trouvaient les tracts, les papiers de la fédération, a été entièrement ravagé. Le plafond s'est en partie effondré. Nous n'avons pas pu accéder à l'étage, très fragilisé, où se trouvaient les ordinateurs et la machine de reprographie, nous ne connaissons pas les dommages mais il y a de gros dégâts", a expliqué le militant socialiste, confirmé de source policière. "Nous sommes en colère. Un incendie criminel dans le local du PS à quatre semaines des élections, c'est fait pour qu'on ne fasse pas campagne. Visiblement, on nous en veut", a affirmé Benoît Marquaille.

    Emotion de François Hollande

    Lors d'un point de presse, le premier secrétaire du PS François Hollande a exprimé lundi son "émotion" après l'incendie. Il s'est refusé à faire un lien entre cet acte et le fait que ce département soit le fief du candidat UMP Nicolas Sarkozy, qui en préside le conseil général, mais il a déploré que "la sécurité (ne soit) pas établie" là plus qu'ailleurs.

    Néanmoins, "ce n'est pas la première fois que des permanences politiques, de toutes sensibilités d'ailleurs, sont visées" et "nous devons être attentifs à cette dérive", a commenté le numéro un socialiste.

    François Hollande a noté que le siège de la fédération des Hauts-de-Seine était aussi celui de la campagne présidentielle de Ségolène Royal dans ce département.

    "De telles pratiques sont inadmissibles et les coupables doivent être activement recherchés. Je vous assure que je suis à vos côtés pour condamner de tels actes", a réagi de son côté Brigitte Gonthier-Maurin, secrétaire départementale du PCF des Hauts-de-Seine, dans un communiqué de soutien au PS.

    AP : Associated Press

    AFP : Agence France Presse

     

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