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  • AUX URNES, CITOYENS !

    Encore une fois, on insiste sur le fait que ce n'est pas seulement la personnalité de Sarkozy qui est mise en cause, mais bel et bien son programme résolument anti-social et ANTI-DÉMOCRATIQUE.

    Sarkozy est, à l'instar de Mr Le Pen, dangereux ; mais au contraire de Mr Le Pen il est très dangereux et vraiment de droite. J'irais même plus loin : pour moi, les donnes ont changé ; l'échiquer politique s'est réorganisé : Le Pen est de droite et Sarkozy d'extrême-droite.

    Voter pour Sarkozy, c'est vouloir un recul social sans précédent, c'est vouloir détruire la démocratie française. Voter Sarkozy, est un acte criminel. Le 31% de Sarkozy en 2007 est mille fois plus scandaleux que le 18% de Le Pen en 2002.

    Les pauvres diables qui votent pour Sarkozy ont la naïveté de croire que leur vie va devenir meilleure. Entre les bourgeois qui s'imaginent voir les cours de leurs actions s'envoler après le 6 mai si leur candidat passe, les banlieusards qui fantasment sur des cités qui deviendraient paradisiaques si on les "Karchérisaient"... et des Ovnis votants qui disent avec un entonnoir sur la tête : "Moi j'en ai marre que les agents de sécurité arabes me parlent mal, alors je vote Sarkozy." Ben, oui, belle blonde, c'est sûr que si tu votes Sarkozy, tout le monde va être aimable avec toi, tout-à-coup, miraculeusement.

    En réalité, l'embellie économique serait un feu de paille car un pays où le travail manque à la moitié de la population ne consomme pas et voit sa croissance baisser de manière exponentielle. En réalité, les coups de Kärcher seraient un départ pour créer une véritable guerre civile car les pauvres, n'en déplaise à Sarkozy, sont très nombreux aujourd'hui, et seront encore plus nombreux "grâce" à lui : en clair, il fabriquerait encore plus de pauvres, encore plus mécontents et il déclencherait un vrai raz-de-marrée social.

    En réalité, la France deviendrait un enfer. Les pays où le pouvoir est tyrannique et anti-social sont en grave échec économique ou ce sont carrément des pays du tiers-monde... Oui, Monsieur Sarkozy : vous vous trompez, vous n'allez pas transformer notre pays en paradis mais en enfer.

    FRANCE : RÉVEILLE-TOI. NE COMMETS PAS L'IRRÉPARABLE. SI SARKOZY PASSE, NON SEULEMENT IL VA FAIRE BEAUCOUP DE TORT A NOTRE PAYS, MAIS LE PEUPLE DES "BANLIEUES" SE SOULEVERA ET SON KÄRCHER N'Y POURRA RIEN. CERTES, LA FRANCE A BESOIN DE CHANGER MAIS ELLE N'A PAS BESOIN D'UNE RÉVOLUTION SANGLANTE. AUTANT PASSER PAR LA MANIERE DOUCE, CELLE DE LA GAUCHE.

    Ci-dessous, le communiqué n°43 de campagne du site http//: www.democratie-socialisme.org"

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    Sarkozy se plaint d’être diabolisé ?  
    En vérité, il ne l’est pas assez !

    Sarkozy se complaît à jouer à fond dans le vieux registre de Le Pen : le voilà qui se prétend "diabolisé" et qui affirme : « je ne suis pas candidat pour plaire à un petit milieu parisien, entre le boulevard St Germain et l’Assemblée nationale. Ce ne sont pas la presse, les sondages, les élites qui m’auront choisi, mais les Français ». (sic)   Diabolisé ? Mais vu son programme et vu ce qu’il est, il ne l’est pas assez !

    Son programme est tellement anti social que c’est vrai, des électeurs, des salariés, même des syndiqués, des militants de gauche n’arrivent pas à y croire, ne mesurent pas l’ampleur de la menace, certains parlent encore de s’abstenir !

    Son programme est tellement anti social que c’est vrai, des électeurs, des salariés, même des syndiqués, des militants de gauche n’arrivent pas à y croire, ne mesurent pas l’ampleur de la menace, certains parlent encore de s’abstenir !

    C’est vrai, Sarkozy n’aurait jamais dû obtenir 31 % tout comme Le Pen n’aurait jamais du avoir 18 % en 2002…

    L’Ump en s’alignant sur Le Pen, sur Bush, Thatcher, Berlusconi ne devrait pas, non plus, avoir une majorité dans la France qui s’est battue contre l’ultra-libéralisme depuis nov-déc 95, fév-juin 2003, a voté à gauche en 2004 et 2005, a gagné contre le Cpe en 2006 !

    Sarkozy était « pour » le Cpe, il a voté, lui et les siens, « pour », jusqu’au bout, il a même, un temps, prétendu que c’était « son » idée et pas celle de Villepin… Sarkozy est pour le “Cne”, pour vous licencier « sans motif », faire perdre ainsi toute dignité aux salariés…

    Sarkzoy en rajoute :  Je ferai une de mes premières lois contre le droit de grève ». Il précise : « Mr Thibault est contre ? Il n’a qu’à se présenter à la présidence de la République ! ». Le « chef de la Cgt des cheminots est contre » ? Hé bien si je suis élu, c’est moi qui décide.
    Recherche de l’affrontement direct.  « Parce que je ne suis pas de gauche, je serai illégitime ? il y aurait donc la candidate de l’apaisement et le candidat de l’affrontement ? Cela s’appelle un procès d’intention. » Il ne nie pas : il cherchera l’affrontement et il a l’intention de le gagner !

    J’ai (GF) personnellement fait 32 meetings en soutenant Ségolène Royal et j’ai parlé de janvier à avril 2007, devant des salles acquises (près de 6000 personnes au total, souvent très militantes).  Mais je ressentais un malaise intime quand je parlais, par exemple, de la mise à mort du Code du travail, de la promulgation du « nouveau » code du travail le 7 mars 2007 (applicable en septembre…  si Sarkozy gagne ) : beaucoup, parmi les participants étaient non informés, et quand je les informais, ils étaient incrédules !  

    Et quand ils comprenaient la gravité de l’information ils pensaient, je le sentais, dans leur for intérieur : « - Bon, c’est grave, mais même si Sarkozy était élu, il n’y arrivera pas, on l’en empêchera ».

    Quelque part, il y a encore des secteurs de la gauche et de l’extrême gauche qui « banalisent » l’arrivée possible de Sarkozy au pouvoir ( et tant d’américains ont banalisé l’arrivé de Bush !)

    Que personne ne soit en confort !  Personne ne pourra se vanter de s’être abstenu, de n’avoir pas été averti.

    Cette élection n’est pas « ordinaire ». Ce candidat n’est pas ordinaire : il vous dit d’avance qu’il va tuer vos droits sociaux !

    Il y en a qui même qui parlent même de façon routinière, sans savoir, sans s’inquiéter, d’un « troisième tour social ». (sic) D’autres rêvassent sur le résultat des législatives des 10 et 17 juin : mais elles épouseront les résultats du 6 mai...

    Mais ils ne mesurent pas qu’un « caudillo » comme Sarkozy est remonté comme une pendule et qu’il veut, lui, un “troisième tour social”,  et le gagner: « Je serais la droite décomplexée annonce  t il, et, à la différence de la droite d’avant, je ferai ce que j’ai annoncé, je tiendrai parole » a t il développé sur TF1 de façon insolente jeudi 26 avril au soir. Thatcher avait fait comme cela contre les mineurs, et Reagan contre les aiguilleurs du ciel…

    Certains disent « - Ah ! mais il a obtenu 31 % des voix, donc des voix d’un public populaire ». Sous-entendu : «  - On est foutus », se disent des militants accablés qui baissent les bras d’avance,  (devant ce peuple de « c… » - sic ) ils font circuler leur propre démoralisation, parce qu’il ne sont pas trempés ou n’ont pas été assez alertés pour affronter un tel choix historique.

    Mais comme pour nombre d’électeurs de Le Pen,  ce public populaire de 31 % ne connaît pas le programme réel de Sarkozy, et s’ils le connaissaient, le comprenaient, ils ne voteraient naturellement pas pour lui.
    On doit donc expliquer jour après jour, ( J – 9) partout de quoi il s’agit et ne pas partir battus… car on est dans un mouchoir de poche et on PEUT encore gagner avec Ségolène Royal le 6 mai

    Les Français ne sont pas des « cons »,  pas des « veaux », « des cocufiés qui en redemandent » dixit Le Pen à leur propos, pas des pessimistes, ils cherchent l’ordre, une solution, une issue à leurs misères et comme ceux qui suivaient hier Le Pen, ils marchent sans le lire dans le texte, sur la démagogie, les mensonges de Sarkozy.
    (Et,  bien sur, parce qu’en face, la gauche n’a pas été jusque là assez attractive ! ) Alors, il y en a, à gauche, pour dire, « c’est la faute de la gauche» (du Ps…). Et pour « punir la gauche » (sic) (toujours le Ps…) , ils disent parfois, (trop) : «  Je m’abstiens ! ». Sans mesurer la portée politique d’une telle abstention dont ils seront eux, demain, les principales victimes !  « Ne me culpabilisez pas », disent-ils parfois, c’est la faute de la gauche ( du Ps…) si je ne vote pas…
    Mais SI, il faut les culpabiliser, car leur vote n’est de la faute de personne, sinon d’eux-mêmes.

    Il faut qu’ils voient, avant qu’il ne soit trop tard, qu’ils laisseraient investir un Bush qui leur annonce clairement tout ce qu’il va faire contre eux !  «Vous exagérez sur ce qu’est Sarkozy » : mais non, nous n’exagérons pas, on est en deçà, on sonne le tocsin avant qu’il ne soit trop tard. (Lisez !)

    La grande presse cynique des Bouygues, Dassault, Lagardére, Dassault a réussi à « vendre »  à 31 % de Français du vrai-faux le Pen de Neuilly (Le Pen est un milliardaire)  et à 18, 5 % d’entre eux du “centriste trompeur” (Bayrou recyclé).

    Sans doute parce que la gauche n’a pas assez « attiré » … mais ce n’est pas une raison pour se flageller, pour ne pas faire notre devoir….  

    Sans doute à cause du fait que les vrais socialistes sont perçus comme des faux-vrais mais ce n’est plus le sujet à cette heure : c’est NOTRE survie qui est en jeu il faut impérativement renverser le complot qui, diaboliquement, vise, par déception, confusion, actuellement entretenu par les grands médias, à ne pas faire gagner la gauche.

    Il faut vouloir ignorer l'histoire du monde et de la mondialisation  et de la menace d'impact total qui pèse sur la France (et son histoire, nov-déc 95, 2003, 2005, 2006) pour refuser de faire barrage à Sarkozy !

    Le monde entier nous regarde et l’élection de Sarkozy ne serait pas seulement une défaite pour la France !

    Toutes les forces de tout ce qu'il y a de progressiste dans ce pays doivent s'arquebouter pour que pas une voix ne manque à Royal.

    (Bayrou n’est pas candidat, Bayrou a dit qu’il n’appellerait pas à voter Royal, il ne sera pas dans la majorité présidentielle…   par contre, il faut que ses voix viennent ou reviennent à gauche, contre Sarkozy…)

    Après, chacun pourra se vanter d'être le premier opposant de la candidate victorieuse, d’être contre toute alliance avec le vrai faux « centre », mais personne ne pourra un jour se vanter en disant “je me suis abstenu”.

    Sarkozy essaie maintenant, donc,  de se présenter comme victime « pourquoi tant de haine contre moi ? » répète t il des dizaines de fois dans ses meetings.
    Incroyable !  Il est le pur produit des 16 000 familles de la tranche supérieure de l’Isf (impôt sur les grandes fortunes). Il est le pur produit du Cac 40,  de Neuilly,  et il arrive à se vanter du vote de 31 % des Français.

    Sarkozy arrive t il à se présenter comme un homme « qui ne négocie pas », qui ne cherche pas, lui,  d’alliés au centre, qui va droit au but en s’adressant aux Français ? C’est encore le registre classique de Le Pen.
    Mais Sarkozy est, en fait, aux abois, et négocie avec tous les fonds de tiroir, avec Tapie ou Besson, De Robien, Borloo, avec de Villiers ou les 15 députés Udf qui se sont ralliés à lui…

    Et Sarkozy n’est pas assez diabolisé pour ce qu’il défend : plus pratiquement encore que Le Pen, car lui il aura les moyens du pouvoir, il défie frontalement les cheminots, ceux, selon lui, qui n’ont plus droit à la retraite après 37,5 annuités, avec un aplomb, une morgue inouïe sur TF1 jeudi soir. Pourtant la moyenne des Français, sans forcément le savoir, ne travaille pas plus de 37, 5 annuités : et Sarkozy leur dit donc qu’il va leur voler leur droit à la retraite, la porter à 41, 42 annuités (inatteignables !) après avoir ratiboisé les « régimes spéciaux »…

    Le candidat de Neuilly, de Bouygues Lagardére, celui qui annonce la guerre sociale au profit du Medef et qui larmoie comme une victime, se plaignant d’être « diabolisé »  on aura tout vu… Comme on dit dans la chanson « les loups sont dans la plaine » , ils sont là, ils nous assiégent, « En garde » debout !

     J – 9

    Gérard Filoche, vendredi 27 avril 07

  • DOSSIER SUR LES SONDAGES POLITIQUES

    DOSSIER SUR LES SONDAGES

    Comment manipuler des élections

    A VOIX AUTRE, vendredi 16 juin 2006.

     
    Un sociologue analyse ici très clairement les effets des sondages sur les élections. Entre « prophéties autoréalisées » et « autonégations », il apparaît que le changement de société par le vote n’est pas vraiment pour demain. Spéciale dédicace à ceux qui y croient encore...

    Ces derniers temps, la sociologie scrute attentivement les sondages électoraux. Pour le grand public, les sondages se trompent dans leurs prédictions, mais un regard plus attentif révèle que ce n’est peut être pas le cas. Les sondages, même s’ils émettent des prédictions justes, produisent dans la société qui les consomme des « autoréalisations » et des « autonégations » qui font varier le résultat final des élections. Les partis politiques se sont tournés vers ces outils, qui convenablement utilisés peuvent faire gagner ou perdre des élections. Il s’agit alors de se demander : « sommes nous autant manipulables que cela ? ».

    Il existe en sociologie une théorie appelée de l’ « autoréalisation » qui affirme que si une prophétie erronée est rendue publique et est considérée comme vraie par les membres de cette société, alors cette prophétie se réalisera. Par exemple, imaginez un scénario économique où tout indique que la croissance va se maintenir ; au même moment, le ministre de l’Economie émet une fausse annonce indiquant qu’il perçoit des signes de ralentissement de la croissance et d’une probable crise. Ce qui évidemment faux, mais provient d’une source crédible socialement. A partir de l’annonce publique du message, il se peut que, par précaution, celui qui allait investir dans une nouvelle affaire ne le fasse pas et celui qui allait faire un achat important se retienne. Comme conséquence du ralentissement des investissements et de la consommation, surgit la crise. La prophétie était fausse, mais elle s’est autoréalisée.

    La politique n’échappe pas à ce phénomène et essaye même d’en profiter. La fameuse phrase « L’Espagne va bien » de l’ex-président Aznar a été un exemple très clair d’autoréalisation provoquée intentionnellement qui a porté ses fruits pour le PP (Parti Populaire) (centre-droit très conservatrice, ndt) dans les élections de l’an 2000, qu’il a gagné avec majorité absolue.

    Le vote indécis

    Ces derniers temps, dans les démocraties dites occidentales, les électeurs se divisent en deux grands groupes : ceux qui ont un vote décidé, invariable et ne s’abstiennent presque jamais, et ceux, appelés « indécis », qui votent de manière variable. La structure du système électoral, rajouté à diverses circonstances politiques fait que la majorité du groupe social des électeurs décidés se divise en deux grands partis de centre-gauche et centre-droit, ceux-ci étant les seuls qui ont des chances de prendre le pouvoir. Mais leur victoire dépend d’un autre groupe social : les indécis. Connaissant les théories de l’autoréalisation, il n’est pas surprenant de constater que la plupart des études sociologiques ont révélé que ce vote, indécis jusqu’à la dernière minute, va finalement au parti qui a le plus de chances de gagner. Ce qui est, exception faite des désastres et des crises, le parti au pouvoir. A la condition que la vie de l’indécis soit relativement tranquille, son vote, s’il vote, ira presque toujours au gouvernement. C’est la raison pour laquelle il est si difficile de déloger un parti au pouvoir, sauf en cas de disparition dudit parti (UCD en 1982), crise économique et institutionnelle (PSOE en 1996) ou guerre et désastre écologique (PP en 2004). Et même dans ces cas là, l’électeur indécis préfère l’abstention à l’opposition.

    Les prédictions s’autoréalisent et la présomption de victoire produit la victoire. Pour cette raison, chaque groupe médiatique ou politique gonfle les sondages en sa faveur. Ou du moins cela devrait être comme ça.

    Tel est pris qui croyait prendre

    Mais ce n’est pas aussi simple car il existe aussi un phénomène appelé « autonégation ». En 1993, tout indiquait que le PP gagnerait les élections face au PSOE (centre-gauche, ndt). Pour provoquer une autoréalisation, les médias favorables au PP ont publié des sondages donnant le PP gagnant, avec même la possibilité d’une majorité absolue. Cette possibilité de majorité absolue a produit une autonégation. Beaucoup d’électeurs socialistes qui allaient d’abstenir ont finalement décidé d’aller voter PSOE, et de nombreux indécis qui allaient voter PP ont changé d’avis et se sont abstenus parce que s’ils désiraient une victoire du PP, ils ne voulaient pas de majorité absolue. Au lieu de s’autoréaliser, la prophétie s’est autoniée et le PSOE a gagné les élections.

    Sans aller si loin, en 2004, les sondages donnaient le PP gagnant. Néanmoins, les attentats du 11 mars et leur relation pour l’opinion publique avec la participation à la guerre contre l’Irak ont provoqué chez les indécis un vote en faveur du changement de gouvernement. Probablement, si les sondages antérieurs aux attentats avaient donné gagnant le PSOE, leur vote se serait divisé entre d’autres possibilités comme le vote blanc, le soutien à des petits partis ou même le soutien moral au gouvernement après les attentats. Mais la victoire prédite du PP s’est autoniée d’elle-même.

    Proclamer sa propre victoire est donc nécessaire, mais risqué. Les deux grands partis politiques de n’importe quelle démocratie occidentale se battent pour les votes centristes (ce qui est la forme politiquement correcte pour nommer les indécis). Dans leur quête du centre, ils lisent les sondages, cherchent des formes d’autoréaliser des résultats favorables, et lancent des messages simples, peu risqués par peur de l’autonégation. Petit à petit, les sondages, leurs autoréalisations et leurs autonégations occupent la bibliothèque et prennent la place des idéologies et des projets.

    [Rafael Conde] est sociologue. Diagonal, juin 2006.

    Diagonal est un journal espagnol d’actualité critique.

    http://www.diagonalperiodico.net/

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    Traduit de l’espagnol par Avoixautre.be, juin 2006. 

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    AGORA VOX – AUTEUR : VOLTAIRE 
      mardi 3 avril 2007

    Les indécis, clé du scrutin présidentiel

    Cette élection se caractérise par une situation paradoxale. Le pourcentage d’électeurs encore indécis demeure proche de 30% à moins de trois semaines du premier tour. Dans le même temps, un nombre de Français très important (80% d’après certaines études) indiquent leur intention d’aller voter le 22 avril. Cette campagne électorale est devenue l’un des sujets majeurs de discussion dans la population, et rarement journaux et programmes audiovisuels n’ont eu un tel succès avec leurs sujets sur cette élection. Plusieurs raisons peuvent expliquer cette situation, et les éléments qui emporteront la décision chez ces indécis, qui détiennent dans leur vote le résultat final, sont complexes.

    Nouveaux électeurs

    L’une des raisons qui peut être à l’origine de ce fort pourcentage d’indécis est lié à l’évolution même du corps électoral. Un nombre important de Français s’est inscrit pour la première fois sur les listes électorales (certaines communes ont ainsi enregistré des augmentations d’inscription de 20 à 30% par rapport à 2002), et manifeste l’intention de participer à l’élection. Par nature moins politisée, moins habituellement curieuse du débat politique, cette population est donc logiquement plus indécise. Ce souffle démocratique salutaire, ce renouveau d’intérêt pour la politique est un élément très positif, mais il entraîne une difficulté plus importante à anticiper le résultat final. Ces nouveaux électeurs sont en effet exigeants sur les programmes des candidats mais encore peu informés sur les différents projets de société proposés. Ils ne s'inscrivent généralement pas sur un clivage classique droite-gauche qu'ils considèrent dépassés et prendront donc probablement leur décision au dernier moment, en fonction de l'ensemble des éléments qu'ils auront pris en compte, plutôt que de se déterminer sur une base partisane.

    Electeurs non sondés

    Une autre raison, technique celle-là, de l’incertitude actuelle, est liée à la quantité croissante d’électeurs non sondés, car dépourvus de téléphone fixe, parmi lesquels de nombreux jeunes. Ces jeunes ont aussi été nombreux à s’inscrire sur les listes électorales, et on peut penser qu’ils seront plus nombreux qu’en 2002 à voter. Leur choix est aussi, de par leur moindre expérience politique, plus lié, sinon à l’instinctif, du moins à l’affectif, même si l’on sait qu’il se porte en général moins sur les extrêmes et plutôt à gauche. Néanmoins, certaines études ont aussi montré l’intérêt du vote Bayrou auprès d’un pourcentage non négligeable de jeunes, qui se retrouvent dans sa volonté de dépasser le clivage droite-gauche.

    Trois vraies options

    Enfin, la dernière raison est sans doute plus fondamentale : elle réside dans un choix plus ouvert que lors des élections précédentes. Alors que le clivage droite-gauche, qu’une grande majorité de Français rejettent, était encore l’option prédominante du choix proposé en 2002, et que les candidats principaux eux-mêmes s’inscrivaient dans la continuité des années précédentes (ce qui a pu expliquer la déperdition des voies vers les « petits candidats »), l’élection de 2007 offre à la fois des personnalités plus en phase avec leur époque et trois vraies options politiques différentes en plus des candidats « protestataires » ou « d’idées ».

    Le choix final

    Ceci nous amène à regarder les différents éléments susceptibles d’influencer la décision finale de ces électeurs indécis.

    Traditionnellement, le choix des électeurs se détermine en fonction de trois grands critères :

    - un vote de soutien à une idée, à un thème. Ce vote est plutôt lié aux choix pour les « petits » candidats, comme le vote écologiste, mais aussi altermondialiste par exemple.

    - un vote protestataire, contre le « système » (typiquement le vote en faveur de Jean-Marie Le Pen, mais aussi, de façon moindre, le vote Bayrou cette fois-ci) ou contre un système libéral qui laisse certaines catégories sur le carreau (vote extrême gauche), voire contre l’immigration ou les musulmans (vote de Villiers ou Le Pen).

    - Plus classiquement, un vote d’adhésion à l’un des deux modèles traditionnels de société, de gauche (Parti socialiste) ou de droite (UMP ou UDF pour les élections précédentes, pour les modérés pro-européens).

    Mais ce triptyque classique n’est sans doute plus de mise pour de nombreux électeurs indécis en raison de plusieurs facteurs :

    - le souvenir du 21 avril 2002, et l’absence de choix véritable au second tour, qui a laissé des traces dans l’électorat ;

    - la présence d’un candidat qui souhaite dépasser l’opposition traditionnelle entre droite et gauche au profit d’un gouvernement de rassemblement plus large ;

    - la personnalité même de certains candidats, qui suscite de fortes réactions, positives ou négatives.

    Les indécis de 2007 choisiront ...

    Jean-Marie Le Pen étant sans doute le candidat dont le socle électoral est le plus déterminé, il est peu probable qu’il constitue une option pour de nombreux indécis. De la même façon, cette élection semble peu favorable aux « petits candidats », qui, peut-être en raison du souvenir du 21 avril 2002, ne paraissent pas pouvoir capter une part importante des indécis.

    Il est donc assez probable que ces derniers se détermineront, dans leur grande majorité, en fonction d’un choix assez simple :

    - Voter en faveur de l’un des deux candidats des partis traditionnels, PS ou UMP. Ce choix a l’avantage d’une assez grande visibilité quant au gouvernement et au projet de société qui seraient mis en place.

    Ou

    - Risquer le vote en faveur de la proposition nouvelle défendue par le président de l’UDF, mettant en place un gouvernement de rassemblement. Si ce choix correspond bien au souhait d’une majorité, il comporte en revanche une incertitude sur sa réalisation, puisqu’il n’a plus été mis en œuvre en France depuis longtemps (contrairement à de nombreux pays européens).

    ... Ségolène Royal ?

    Le vote pour Ségolène Royal comporte plusieurs atouts. Un projet d’inspiration socialiste traditionnelle dans lequel la candidate a inséré un certain nombre de spécificités personnelles, et le fait d’élire une femme à la magistrature suprême, élection qui n’est pas sans attrait pour de nombreux(ses) Français(es) et serait le signe d’une incontestable modernité. En revanche, cette candidature se heurte à deux écueils : la personnalité de Mme Royal, jugée parfois un peu « tendre » et inconstante, voire populiste, et un programme constitué d’une liste de promesses que beaucoup jugent irréalistes.

    ... Nicolas Sarkozy ?

    De la même façon, le vote en faveur de Nicolas Sarkozy possède pour attrait : celui d’élire une personnalité à l’image dynamique, qui promeut le travail comme vertu principale, et détient une composante sécuritaire appréciée par de nombreux Français. Néanmoins, mis à part certains aspects de son programme qui peuvent apparaître comme privilégiant les catégories déjà les plus aisées, le personnage et sa méthode de travail suscitent aussi des réactions assez vives, qui sont perçues comme susceptibles d’entraîner des conflits sociaux à répétition et des affrontements entre diverses catégories de la population.

    ... ou François Bayrou ?

    De façon opposée, ni le programme ni la personnalité de François Bayrou ne posent problème pour la majorité de ces indécis. Ils sont en effet généralement considérés comme consensuels et réalistes, tout en apportant une touche d’éléments réformateurs nécessaires. Là où le bât blesse, c’est bien dans la faisabilité d’un projet novateur, séduisant mais non testé, de gouvernement rassemblant un spectre large de personnalités politiques. Si les expériences allemande, néerlandaise, voire italienne (puisque le centre droit semble maintenant prêt à rejoindre la coalition de centre gauche dans ce pays) paraissent être couronnées de succès, ces exemples, peu connus des Français, se déroulent aussi dans des systèmes politiques différents. Le vote en faveur de François Bayrou consisterait donc, pour nombre d’indécis, en un pari sur l’avenir, à moins qu’il ne soit aussi un choix par défaut, de rejet des deux autres. Si les enquêtes d’opinion continuent en effet de suggérer, en dépit de la prudence qu’il faut accorder à ces sondages, que François Bayrou est le seul à pouvoir l’emporter au second tour face à Nicolas Sarkozy, ce dernier argument pourrait finalement s’avérer décisif dans l’isoloir.

    Quel que soit leur choix final, il y a donc fort à parier que ce sont bien ces indécis qui détermineront le résultat de l’élection le 22 avril, et d’une certaine façon, le type de société dans laquelle nous vivrons au cours des dix prochaines années. Selon toute probabilité, ce choix se cristallisera tardivement, voire même au dernier moment, ce qui devrait relativiser les interprétations abusives des faibles variations observées dans les sondages d’opinion.

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    Vincent Tiberj, SUR www.decisio.info, le 28/02/2006

     

     

      Vote des indécis : Le casse-tête des stratèges politiques ?

    Ils sont de plus en plus nombreux à chaque élection, les instituts de sondage peinent à les cerner et les stratèges politiques s’échinent à les séduire... Qui sont donc les indécis, population mystérieuse et désormais incontournable de notre vie politique ? Et comment se décident-ils au moment de voter ?

    L’analyse de Vincent Tiberj, chercheur au Centre d’étude de la vie politique française (Cevipof).

    L’indécision est-elle un phénomène récent dans notre démocratie ?

    L’électorat a beaucoup changé au cours des deux dernières décennies. Jusque dans les années 70-80, on observait de grandes fidélités aux partis politiques. On parlait encore de « vote de classe », et les partis, profondément ancrés dans la société, animaient l’électorat au quotidien...

    Cette époque est désormais révolue. L’effritement des attachements de long terme (quels qu’ils soient) est une première raison. L’accès à l’information politique en est une autre : auparavant transmise par les partis, elle est aujourd’hui directement accessible via les médias - et compréhensible par le plus grand nombre, grâce à l’explosion du nombre de diplômes scolaires et universitaires. Enfin, les valeurs ont changé, avec une remise en cause des autorités constituées - donc une plus grande circonspection à l’égard des partis politiques.

    Peut-on mesurer la population des indécis ?

    Difficilement, car le champ d’études reste récent. Certaines enquêtes permettent toutefois d’en prendre la mesure. Aux Etats-Unis, par exemple, on estime à 30 % la proportion d’indécis pour l’élection présidentielle. Un chiffre qui a triplé en trente ans ! Rappelons cependant une spécificité américaine : ce pourcentage est calculé sur la base de la population en âge de voter, et non des citoyens américains. Il inclut donc les personnes ne disposant pas de ce droit. En France, 14% des électeurs disent s’être décidés au dernier moment lors du premier tour de l’élection présidentielle en 2002 (sondage Louis Harris).

    Existe-t-il une typologie des indécis ?

    On peut en distinguer trois types. L’indécis dominé, tout d’abord, qui ne maîtrise pas les enjeux de l’élection et finit souvent par s’abstenir. A l’inverse, l’indécis stratégique, bien informé, attend sciemment le dernier moment pour choisir - en fonction des derniers sondages, par exemple. Enfin, l’indécis normatif hésite entre plusieurs programmes : tout dépend de sa grille de lecture, de l’enjeu sur lequel il se prononce. Par exemple, il est d’accord avec la droite sur la sécurité, et avec la gauche sur les questions économiques.

    Qu’est-ce qui décide un indécis à voter ?

    Le premier déterminant, c’est l’intérêt pour la question posée. Certains électeurs ne se mobilisent que pour les questions nationales, d’autres pour les scrutins locaux. D’autres encore ne se déplacent que pour les élections tendues, où leur vote - pensent-ils ! - peut influer sur le résultat.

    Ensuite vient la conscience d’un « devoir de voter ». C’est ce que l’on appelle le « paradoxe de l’électeur », car dans un modèle de pure rationalité décisionnelle, il est rare qu’une voix ait en soi un impact sur le résultat...

    Lorsqu’ils décident de voter, comment ces indécis orientent-ils leur choix ?

    La logique d’influence, typiquement française, ou celle de protestation, progressent fortement au détriment du vote d’adhésion. Déjà perceptible en 1995, le vote d’influence a été très fort en 2002. Songez que 43 % des sympathisants socialistes n’ont pas voté Jospin ! Ils avaient l’intention de le faire au 2e tour, mais ont préféré jouer l’influence lors du premier, avec l’idée de faire passer un message aux candidats, en votant pour ceux situés plus à gauche sur l’échiquier politique (A. Laguiller et O. Besancenot).

    Au final, à qui profite le vote des indécis ?

    Les mouvements d’un camp à l’autre (entre la gauche et la droite) restent faibles - de l’ordre de 5 %. Un chiffre suffisant néanmoins pour faire basculer une élection, mais qui relativise les discours sur la volatilité de l’électorat.

    De plus, les études les plus récentes mettent en lumière un phénomène nouveau : la multi-appartenance partisane. De nombreux électeurs se déclarent désormais proches de plusieurs partis à la fois (souvent du même camp), et procèdent souvent par élimination pour leur choix final.

    Quelles stratégies les partis mettent-ils en œuvre face à la montée de ce phénomène ?

    La tentation d’orienter les discours politiques dans le but d’emporter le vote des indécis est assez forte. C’est ce qui a perdu Jospin en 2002, ou Gore en 2000 aux Etats-Unis : à trop vouloir séduire le centre, ils se sont coupés de leur base. Or, il n’y a pas vraiment « d’indécis du centre », mais plutôt des électeurs qui se sentent à droite sur certaines questions, et à gauche sur d’autres...

    Il est donc fondamental de bien définir les enjeux d’une élection et de se positionner sur chacun. De fait, les partis politiques l’ont déjà compris lorsqu’ils se déterminent sur des questions où ils pensent avoir un avantage électoral, et tentent de focaliser la campagne sur celles-ci. En 2002, c’est en plaçant très haut l’enjeu de la sécurité que la droite a pris l’avantage. Et le « Non » l’a emporté au dernier référendum parce que les enjeux sociaux ont dominé les enjeux institutionnels.

    Qu’en est-il dans les pays voisins ?

    Les situations varient selon les organisations institutionnelles. Une élection à un tour, comme en Grande Bretagne, limite l’indécision et contraint au choix. En Allemagne, les élections au Bundestag sont relativement « encadrées », le premier vote se faisant au scrutin majoritaire, et le deuxième à la proportionnelle. Le système français, de par la diversité de l’offre politique et le vote à deux tours, favorise au contraire ce phénomène de l’indécision.

     

     

    www.quelcandidat.com

    Résultats du sondage               Votes du premier tour

    Nombre de votes : 19673

    François Bayrou

    27.1%

    5341

    Ségolène Royal

    24.6%

    4831

    Nicolas Sarkozy

    21.6%

    4244  

    Olivier Besancenot

    7.7%

    1505

    Jean-Marie Le Pen

    6.1%

    1197

    José Bové

    3%

    585

    Marie-George Buffet

    2.8%

    555

    Dominique Voynet

    2.5%

    485

    Frédéric Nihous

    1.8%

    350

    Philippe de Villiers

    1.7%

    326

    Arlette Laguiller

    0.8%

    150

    Gérard Schivardi

    0.5%

    104

    Premier vote  : 08-04-2007 21:05       Dernier vote  : 14-04-2007 21:18

  • Articles : Sarkoland... et Enième gaffe

    Sarkoland : comme un parfum d'Etat policier              Par Olivier Bonnet, sa biographie  

     

    Cet article a été rédigé par un reporter d'AgoraVox, le journal média citoyen qui vous donne la parole.

     

    Après les incidents survenus mardi soir gare du Nord à Paris, Nicolas Sarkozy, conspué nommément par les participants à cette manifestation spontanée contre les forces de l'ordre - on ne parle pas ici que de casseurs-, s'est défendu avec la superbe mauvaise foi qu'on lui connaît. "Si Mme Royal veut régulariser tous les sans-papiers et si la gauche veut être du côté de ceux qui ne payent pas leur billet de train, c'est son droit", s'est-il répandu. Admirable noyage de poisson. Notez le raccourci qui mêle immigration et insécurité. Mais qui défend le droit d'un resquilleur de violenter des contrôleurs de la RATP ? Ne cherchez pas, vous ne trouverez personne.

    En tout cas pas Ségolène Royal, qui déclare : "L'ordre juste que je souhaite pour la France implique que tout usager des transports publics accepte le contrôle de son titre de transport et respecte les règlements". Ni Julien Dray, porte-parole du Parti Socialiste, qui écrit : "Les affrontements qui se sont produits ce soir à la gare du Nord illustrent le climat de tension, le fossé et la violence désormais installés entre la police et la population". Où excuse-t-il les casseurs ? Comment le contredire, après six heures de simili émeute, quand il évoque "climat de tension" et violence ?


    Pire sourd qui ne veut entendre

    "Je n'accepte pas les fraudeurs, parce que le prix de la fraude, ce sont les plus pauvres de nos concitoyens qui le paient pour cette minorité qui s'exonère de tout", poursuit un Sarkozy imperturbable. Celui qui n'est "pas l'ami des voyous" en appelle à "la France silencieuse", la même que celle "qui se lève tôt", et l'implore : "J'ai besoin que la France silencieuse dise maintenant :"on n'est pas d'accord" avec les violences". Et il va plus loin, survolté par l'aubaine de la thématique, en parfait apprenti-sorcier qu'il est : "Eh bien c'est clair : l'autorité et le respect, c'est de notre côté. La fraude et le soutien à la délinquance, c'est de l'autre côté". On a vu que personne ne soutient la fraude et la délinquance, mais cela évite de parler de ce fameux "climat", qu'évoque Julien Dray. Le fond de l'air de Sarkoland, en somme : "Qu'un simple contrôle puisse dégénérer dans un affrontement aussi violent prouve que quelque chose ne va plus", observe Ségolène Royal.

    Qui peut la démentir sur ce point ? Le leçon qu'elle en tire est implacable : "En cinq ans d'un gouvernement d'une droite qui avait fait de la sécurité son thème de campagne, on voit que c'est l'échec sur toute la ligne". Nicolas, pourquoi tu tousses ? "Le langage provocateur et insultant de Nicolas Sarkozy et l'obsession de la culture du résultat introduite dans la police transforme chaque interpellation en une épreuve de force, appuie l'altermondialiste José Bové, qui dénonce une politique "qui a monté la population contre la police depuis cinq ans" et met en garde contre la colère des jeunes : "c'est quelque chose qui est en train de péter et si on ne change pas cette logique-là, ça va continuer". La candidate communiste Marie-George Buffet ne dit pas autre chose, qui accuse le petit Néron d'avoir "semé depuis plusieurs années les graines d'une situation explosive". Même François Bayrou déplore le "climat d'affrontement perpétuel entre la police et une partie des citoyens (devenu) malsain pour tout le monde. Ca devient tellement tendu, critique, que chaque geste devient dangereux". Il dénonce "la politique de l'UMP, menée en particulier par Nicolas Sarkozy, et qui a reposé sur un choix, supprimer la police de proximité pour ne garder qu'une police de répression". Pour quel résultat ? Souvenons-nous des (vraies) émeutes de 2005, jamais vues dans l'histoire de la Vème république. En quoi le candidat UMP et ex-ministre de l'Intérieur a-t-il amélioré les choses ? Nicolas, pourquoi tu tousses ?


    La France d'après depuis 2002

    Qu'en est-il donc de ce fond de l'air de Sarkoland ? Plusieurs éléments concrets, puisqu'il s'agit ici de dresser un constat. La "Tolérance zéro", ça ne marche pas. Un chercheur américain l'a très bien démontré par l'analyse de la politique ultra-répressive mise en oeuvre dans le New York du maire Giuliani. Et chez nous ? Bilan de l'action sarkoziste : hausse de la violence faite aux personnes, émeutes des banlieues et multiplication par huit du nombre des affaires de violence policière. Nicolas, pourquoi tu tousses ? Vu dans un hallucinant reportage en caméra cachée de TF1 (dans le magazine Sept à huit, en 2005), ce policier qui s'adresse à un jeune des quartiers périphériques de Lyon : "Tu veux que je t'emmène dans un transformateur ?". Pour les non-informés, les deux jeunes de Clichy-sous-Bois avaient péri ainsi, poursuivis qu'ils étaient par la police, et c'est ce drame qui avait allumé l'étincelle à l'automne 2005, que les mensonges d'Etat (ils ne fuyaient pas la police, ils avaient commis un vol) du pompier pyromane étaient venus asperger d'essence.

    Pour les conséquences que l'on sait. "Eh ! Tu veux griller toi aussi avec tes copains ? Tu veux aller dans un transfo ? Ramène ta gueule, on va t'y mettre, lance un deuxième policier dans le reportage. Que le quartier se calme ou pas, on s'en branle. Nous, à la limite, plus ça merde, plus on est content !" Nicolas, pourquoi tu tousses ? Et c'est ainsi qu'aujourd'hui encore, comme si aucune leçon n'avait été tirée du signal d'alarme de l'embrasement des cités de 2005, se multiplient contrôles au faciès, vexations, manques de respect, brutalités, toujours sur les mêmes, les éternels soupçonnés d'être sans-papiers, ou racailles, ou les deux, enfin sur tout ce qui porte un sweat à capuche et tout ce qui est un peu basané, pour résumer. On vient rafler 21 clandestins venant chercher de la nourriture aux Restos du coeur. On asperge de gaz lacrymogènes, au milieu des poussettes, les parents qui veulent empêcher que l'on embarque un grand-père chinois, venu chercher ses deux petits-enfants à la maternelle. On interpelle la directrice de cette école, rue Rampal (à Belleville, quartier populaire de Paris), et on la fait croupir sept heures en garde-à-vue, en l'accusant du délit-type prétexté pour justifier tout l'arbitraire répressif : outrage, basé sur le seul témoignage du policier.

    On expulse même des réfugiés politiques, obligeamment renvoyés vers leurs bourreaux. Mais ça ne suffit pas encore : chaque jour, plusieurs fois par jour, on contrôle, on enquiquine, on gâche la vie. Encore un exemple ? "Depuis 4 à 6 mois il y a une recrudescence d'opération de bouclage par les forces de l'ordre, demandées par le procureur de la république, révèle le secrétaire général de la CGT à la RATP. On boucle les sorties du métro et on controle systématiquement titres de transport, pièce d'identité des usagers qui sortent du métro. Je tiens à préciser que l'absence de titre de transport est une infraction, ce n'est pas un délit, et que les usagers qui sont en infractions concernant le titre de transport ne sont pas délinquants". Mais bien vite traités comme tels. Vous avez parlé d'Etat policier ? Forcément, tout cela crée une ambiance de défiance, voire de révolte envers la police républicaine. Même une majorité des gardiens de la paix n'en peuvent plus : "Les policiers en ont ras-le-bol de la culture du résultat et des pressions", explose Joaquin Masanet, secrétaire général de l'Unsa-police, syndicat proche de la gauche et majoritaire, devant Alliance, dont les dirigeants ont par contre salué l'action de l'ex-ministre de l'Intérieur. Les militants de l'UNSA étaient environ quelque 4000 le 27 mars dernier dans les rues de Marseille, pour crier leur protestation devant la dégradation de leurs conditions de travail. Nicolas, pourquoi tu tousses ?


    Instrumentalisation simple, aggravée ou manipulation ?

    "Cette affaire, c'est bon pour Nicolas : ça met l'insécurité au coeur de la campagne", a déclaré son conseiller politique, Patrick Devedjian. Comment alors l'exploiter ? José Bové explique que le candidat UMP "essaie de nous faire le même coup qu'il y a cinq ans pour faire peur aux gens", et cette argumentation est validée par la position de matamore de l'ancien premier flic de France, se positionnant comme le seul à même de nous "débarrasser des racailles". Dans la France actuelle, avec la précarité sociale qui s'aggrave, la misère qui gagne, où les gens sont d'abord préoccupés par le chômage et le pouvoir d'achat, quels sont en effet les arguments sociaux de Sarkozy ? L'absurde gimmick du "travailler plus pour gagner plus", ressassé jusqu'à la nausée durant cette campagne, par exemple par un Jean-François Copé plus tête à claque que jamais.

    Quand on sait le nombre écrasant de situations individuelles dramatiques auxquelles cette mesure n'apporte strictement aucun secours, on mesure bien que la réponse est un peu courte... Et ce n'est pas non plus le bouclier fiscal à 50% ni la suppression des droits de succession qui va aider cette France qui souffre. "Antisocial, tu perds ton sang froid !", écrivait le leader du groupe Trust, Bernie Bonvoisin (qui soutient aujourd'hui Ségolène Royal). Alors il faut faire parler d'autre chose. "Répression dans l'hexagone", écrivait encore le même, comme Renaud (autre actuel ségoliste) avant lui : bingo, immigration, insécurité ! "Qui bono ?" demandait déjà le Cicéron de la Rome antique, "qui profite ?" Sans bien-sûr prouver une autre responsabilité de Sarkozy que morale dans les événements de la gare du Nord, cette question éclaire le déroulement de ces six longues heures et les nombreux témoignages de protagonistes sous un jour troublant. L'incident de l'arrestation ultra musclée du "resquilleur clandestin délinquant multirécidiviste nègre" (qui ne l'est finalement pas tant que ça, apprend-on le lendemain par Reuters), après que l'individu a molesté deux contrôleurs, se déroule à 16h15. Oui, Monsieur Sarkozy, il fallait l'interpeller. Le tabasser, lui casser le bras (ou la main, suivant les sources), est-ce bien la procédure d'interpellation réglementaire de votre police ? En tout cas, les premiers témoins de la scène ont été si révoltés par cette violence qu'ils ont aussitôt protesté, et il ne s'agissait pas encore de casseurs. Juste des usagers de la RATP, choqués en tant que citoyens. Une manifestation spontanée, ponctuée d'insultes à l'égard de Sarkozy et de slogans comme "police partout, justice nulle part". Certains, plus énervés que d'autres, ont lancé quelques bouteilles en plastique vides.


    Pour de belles images au 20 heures

    Et puis, au fil des minutes, pas grand chose, le calme qui revient. Pendant presque deux heures ! Mais les renforts de police affluent. En tenue anti-émeutes et formation de combat, comme la tortue des légions romaines. Et le temps encore passe. Avec ce déploiement insensé de force en guise d'appel provoquant aux vrais casseurs et émeutiers. Etaient-ils convoqués ? Allaient-ils arriver à temps pour le 20 heures des télés ? Rassurez-vous, ils furent au rendez-vous. Quoi que sans doute pas aussi nombreux qu'on tente de nous le faire croire. Ainsi le site militant Bellaciao publie-t-il la photo d'un homme avec cette légende : "Juste avant il a été aperçu par de nombreux témoins en train de parler aux CRS et à des BAC en civil (Brigades anticriminalité, à la solide réputation de cowboys, Ndlr) (...) Ce jeune homme a été reconnu par de nombreux témoins comme n'étant pas un "jeune casseur" mais bien un flic aux ordres de Sarkozy, en plein boulot de provocation" (photo ci-contre).

    Que voilà une grave accusation ! Et quid des gaz lacrymogènes déversés au milieu de simples voyageurs rentrant chez eux, est-ce la manifestation de cette remarquable maîtrise que loue le nouveau ministre de l'Intérieur, le freluquet François Baroin, qui vole sur les traces de son maître ? Une enquête pourrait permettre de voir clair dans tout ça. Mais pas sûr : les coupables de la très suspecte agression du papy Voise, à la veille des élections de 2002, n'ont jamais été retrouvés, et les casseurs issus des rangs de la police, qui s'étaient déchaînés lors des manifestations anti-CPE, jamais identifiés. Favoriser la violence, voire l'organiser, tout faire pour l'amplifier, pour que la télégénique insécurité revienne à la Une ? Et qu'on ne dise surtout pas que Sarkozy est responsable : qu'on lui objecte les effets détestables de sa stratégie de l'escalade ultra-sécuritaire et il dégaine aussitôt sa propre explication. La faute à... une "pensée unique" et "post-soixante-huitarde". En gros, ça fait 25 ans qu'il manque de l'autorité dans ce pays, et il va nous faire marcher tous ces gauchistes et racailles à la schlague. Le pire est évidemment que ce discours prend, il suffit pour le savoir d'écouter les conversations dans les bistrots.


    La France en danger

    "Qui profite ?", donc, demandait notre grand avocat. "Moi", pense Sarkozy. "Lui", confirme Devedjian. Mais attention, Messieurs. En embuscade, l'original face à sa copie. Le roué borgne attend son heure pour tirer les marrons du brasier. Le candidat UMP est doublé sur sa droite - si, c'est possible, tournez la tête, tellement à droite qu'on l'a dans le dos ! -, à l'extrême donc qui l'accuse d'être... laxiste, bien-sûr. Villiers fustige "bandes ethniques" et "barbares". Le Pen en personne s'exalte que ces violences "mettent en évidence la faillite de la soi-disant "politique de sécurité" de l'ex-ministre de l'Intérieur et candidat permanent (et sont) la conséquence directe de la politique d'immigration massive et aberrante menée par les gouvernements successifs depuis 30 ans". C'est ça, avec tous ces noirs et ses arabes... Et on leur laisse tout faire, pas vrai ? Ils se croient tout permis ! Tu nous remets une tournée, Jean-Marie ? Buvons entre Français. Et le vote frontiste, qui grimpe, grimpe...

    La campagne n'est pas finie, rien n'est joué, Sarkozy n'a pas toujours pas publié sa déclaration de patrimoine, comme il l'avait promis, ni transmis les documents le disculpant d'être coupable de "prise illégale d'intérêt", pour ses bonnes affaires immobilières. Et il peut encore, au train où vont les choses, survenir nombre d'événements, pour influer de façon décisive sur le vote des électeurs. Et si le candidat UMP s'écroulait ? Nicolas, pourquoi tu tousses plus ?


    Le cauchemar Sarkoland

    "La France est en danger" : c'est le centriste Bayrou qui le proclame. Nous l'approuvons sur ce point. Elle est victime de cette surenchère entre le candidat UMP et l'extrême droite. Aspiré toujours plus loin dans cette fuite en avant, Sarkozy durcira-t-il encore son action, tant il semble qu'il n'ait que prêté les manettes du ministère de l'Intérieur au zélé petit Baroin ? Jusqu'où la spirale de la violence fera-t-elle la folle toupie ? Et si d'aventure les présidentielles sacraient le petit Néron empereur d'une France policière, livrée à une répression aveugle, disproportionnée, arbitraire, raciale et sociale ? Rappelons que notre pays est déjà condamné par Amnesty International, dans son rapport annuel portant sur l'année 2005, pour "les mauvais traitements et les homicides racistes imputables à la police" et l'impunité dont jouissent souvent leurs auteurs.

    Mais encore un effort, on peut faire mieux ! Pourquoi pas un nouveau Charonne ? Ou des ratonnades comme en 1961, sous ce cher Papon ? Mais modernisées : avec flashballs et Tasers, ces nouvelles armes qui envoient des décharges électriques de 50 000 volts (167 morts recensés aux Etats-Unis et au Canada depuis 1999 - on n'a entendu qu'Olivier Besancenot s'indigner de leur usage en France). Un Sarkoland tel qu'on le cauchemarde pourrait vite être déchiré par des affrontements insurrectionnels, bien au-delà du cercle des casseurs et des voyous. Certains n'attendent que ça, les "hommes forts", les nazis en herbe. Sait-on les manipulations que peuvent fomenter des groupuscules d'extrême droite, dans une dérive vers la stratégie de la tension chère aux "années de plomb" en Italie ? Ne sont-ce pas là les germes de la guerre civile ?

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    mardi, 10 avril 2007

    Énième gaffe de Sarko : Le scandale des gènesPARIS

    (AFP) 10/04/2007

    Attribuer aux gènes la responsabilité de la pédophilie et des suicides de jeunes, comme l'a fait récemment Nicolas Sarkozy, est "scientifiquement non fondé" et risque d'ouvrir la voie à une forme d'eugénisme, ont mis en garde ce week-end des spécialistes médicaux.

    "C'est une ineptie purement idéologique qui est totalement à côté des acquis actuels de la science et de la génétique en particulier", selon le Pr Bernard Golse, pédopsychiatre à l'hôpital Necker-Enfants malades.
    "Entamer une croisade sur l'aspect génétique de la pédophilie est scientifiquement non fondé", ajoute le Pr Golse, interrogé par l'AFP.
    Dans un récent entretien avec le philosophe Michel Onfray paru dans Philosophie magazine, M. Sarkozy assurait "incliner (...) à penser qu'on naît pédophile". A propos du suicide des jeunes, il déclarait: "Ce n'est pas parce que leurs parents s'en sont mal occupés! Mais parce que, génétiquement, ils avaient une fragilité".
    Assurant qu'"il n'y a pas de gène d'un destin malheureux", le généticien Axel Kahn a jugé dimanche "relativement grave" l'existence de "tout un courant qui prétend que les gènes sont tellement déterminants (...) qu'ils sont responsables de certains désordres de la société, et que par conséquent, la contrainte, les difficultés économiques, les malheurs sociaux n'y sont pour rien". Insistant sur la liberté de l'homme et pointant le risque d'eugénisme, Mgr André Vingt-Trois, archevêque de Paris, avait aussi critiqué samedi l'idée d'une éventuelle prédétermination génétique des pédophiles.
    "L'idée d'une pédophilie prédictible et génétique, c'est purement renouer avec le chromosome du crime de Cesare Lambroso", criminologue italien du XIXe siècle, relève le Pr Golse. Or, défendre l'idée d'un tel type de déterminisme est "extrêmement dangereux", met en garde Christine Bellas-Cabane, présidente du Syndicat national des médecins de la protection maternelle et infantile (SNMPMI), rappelant, elle aussi, les risques de dérives eugénistes. Elle avait été l'an dernier, ainsi que le Pr Golse, parmi les initiateurs de la pétition "Pas de zéro de conduite pour les enfants de 3 ans" s'opposant au projet, défendu par l'ex-ministre de l'Intérieur, de détection précoce de troubles du comportement pour prévenir la délinquance.
    Les récents propos de M. Sarkozy Avoir des "facteurs de susceptibilité, de prédisposition, cela ne suffit pas pour devenir délinquant ou se suicider, il y a des effets de rencontres avec l'environnement au sens large: relationnel, psychologique, sociologique, politique, culturel", souligne-t-il. Il n'y a, dit-il, "aucune prédiction possible parce que, par définition, les effets de rencontres sont imprévisibles, sinon notre vie serait entièrement écrite à l'avance". renvoient aussi à une "façon très linéaire, réductrice et faussement prédictible d'utiliser la génétique", note le Pr Golse.
    Or, dit-il, compte tenu des acquis de la science, on "n'est plus du tout dans une génétique causale reliant un gène et un effet comportemental", mais dans "une génétique beaucoup plus complexe, une génétique de vulnérabilité". En ce qui concerne la pédophilie, il n'y a "pas la moindre preuve" de gènes de susceptibilité, insiste-t-il.
    Une expression comportementale est "souvent reliée à plusieurs types de facteurs qui s'entrecroisent, qui s'articulent", souligne aussi le Pr Gérard Schmidt, président du Collège de pédopsychiatrie.
    "La maturation cérébrale continue jusqu'à l'adolescence" en interaction avec les expériences vécues, ajoute-t-il, mettant en garde contre toute prédiction sur la base de comportements précoces ou de caractéristiques purement génétiques.

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  • Elections Présidentielles 2007

    MAINTENANT

    Revue de presse :  

    Liberation.fr
    Agoravox.fr


    Edito : MAINTENANT

    On y est : pays fachiste, régime antidémocratique, violences policières sur les dissidents, manipulation de la presse et des médias, corruption "décomplexée" des politiques par les acteurs économiques...
    On croirait un cauchemar, pourtant, nous y sommes...
    Les 53% d'idiots et de monstres qui ont voté OUI à ce désastre sans précédent en France ne pourront pas dire qu'on ne les avait pas prévenus.
    Ils ont voté le FACHISME en toute connaissance de cause, comme les allemands avaient voté pour Hitler en 1933.
    Ci-dessous, quelques articles sur les réactions...

     
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    11 mai 2007, www.libeartion.fr

    Un pavé anti-Sarkozy, quatre mois ferme

    Comparutions immédiates, hier, pour des manifestants arrêtés le 6 mai à la Bastille.

    Par Karl LASKE
    QUOTIDIEN : vendredi 11 mai 2007

    «A un moment donné, j'avais ce pavé dans la main. Je ne sais pas pourquoi on a pris ça... On était coincés place de la Bastille. On était perdus.» Au palais de justice de Paris, Marie repense à la nuit du 6 mai, et à l'élection de Sarkozy. Mercredi soir, son compagnon, Romain, 29 ans, a été condamné à quatre mois de prison ferme, en comparution immédiate, pour «tentative de violence volontaire». Il n'avait aucun casier judiciaire, et pas d'engagement politique. Filiforme, Romain s'est levé et a suivi les gendarmes, un peu dans la lune. Il a fait des études de droit et de journalisme, travaillé pour MCM, M6 et Europe 2 TV. Le 6 mai, il a été arrêté avec un pavé dans la main, à 23 h 50.


    «Traquenard».  «On n'avait aucune intention de jeter ce pavé», assure Marie. Une demi-heure plus tôt, le couple était assis par terre devant les CRS, au milieu d'un sitting improvisé. «On criait aux CRS : "On veut des bisous."» Venus manifester, ils se rendent compte, comme des milliers de personnes, qu'aucun défilé n'est prévu ni même autorisé. «On se trouvait dans un traquenard, explique Marie. La place était bouclée. On avait essayé sans succès de passer deux barrages de CRS pour rentrer chez nous. Et puis tout le monde a été canardé de grenades lacrymogènes.» 

    Le tribunal, présidé par René Grouman, n'a entendu aucun témoin et n'a vu aucune circonstance atténuante. Romain est envoyé à Fleury-Mérogis. Martial, 26 ans, jongleur de rue, subit le même sort. Pour lui, le 6 mai, c'était aussi la première manif, ou presque. A 23 h 30, un groupe de CRS s'empare de lui, place de la Bastille. «On était à un mètre d'eux. On se disait "on va partir", se souvient Alexis, qui l'accompagnait. J'ai entendu crier, les CRS lui avaient mis le grappin dessus et l'ont tabassé.» Martial est accusé de trois jets de projectile. Il ne nie pas, mais il n'a pas été arrêté en flagrant délit. «Un policier a dû le reconnaître. Il n'était pas masqué.» «Quand on connaît le lascar..., soupire Antoine, un autre ami. Il est pas violent du tout, c'est une crème ce mec.» Il n'a aucun antécédent judiciaire, mais le tribunal n'en tient pas compte lorsque les mots «place de la Bastille» sont prononcés. Ses amis soulignent sa «vie différente, un peu bohème», dans un squat artistique. «Il est connu comme jongleur, dit sa copine, Frédérique. Pour beaucoup de gens, c'est le "gars des Abbesses". Il fait du diabolo sur la place. Je l'ai senti se révolter, ces dernières semaines, avec les élections.» 

    A Marseille. Les comparutions immédiates se suivent et contredisent chaque jour le ministère de l'Intérieur, qui analysait les manifestations du 6 mai comme l'œuvre e milieux activistes radicaux. A Marseille, sept personnes arrêtées lors des manifestations anti-Sarkozy ont été remises en liberté, contre l'avis du parquet. Elles avaient aussi des casiers vierges et pour la plupart des emplois stables.

    Lien direct vers cet article : http://www.liberation.fr/actualite/societe/253090.FR.php



    www.agoravox.fr Tribune Libre  par Taïké Eilée

    vendredi 11 mai 2007

    Sarkozy, ou le triomphe des passions tristes

    31 % au premier tour, 53 % au second. Nicolas Sarkozy a survolé les élections présidentielles de 2007. Pourtant, au soir de sa victoire, nombre de Français avaient, pour la première fois, honte d’être français. Outre la déception compréhensible de ceux qui ont perdu une bataille, quelque chose d’autre ne passait pas... Le sacre sarkozyste revêtait un caractère à la fois irréel et révoltant. Une haine sourde grondait. Une douleur aiguë et lancinante se faisait sentir, qui aurait bien du mal à passer. La cause de cette réaction, inédite à l’occasion de l’élection d’un président de la République, est à rechercher dans le comportement du vainqueur, dans sa stratégie de campagne, et son utilisation redoutablement dangereuse des passions tristes. Nicolas Sarkozy est élu président de la République depuis maintenant cinq jours. Parmi les premières réactions, on aura pu noter celle, réjouie, du Medef, qui promet de "contribuer avec enthousiasme à l’écriture de la nouvelle page qui s’ouvre pour la France", ou encore celle, plus inattendue, du leader d’extrême droite autrichien Jörg Haider, qui considère que le nouveau président français s’inspire de son "modèle" : "C’est une ironie de l’histoire que les Français élisent maintenant leur Jörg Haider, et une satisfaction que le "Napoléon de poche" Jacques Chirac appartienne désormais au passé." Quant à la secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice, elle estime que l’élection de Nicolas Sarkozy ouvre "une période excitante pour la France". Condy ne s’y trompe pas, puisque 730 voitures ont brûlé dans le pays dès la nuit de son élection, et que de nombreuses manifestations hostiles ont pris le relai un peu partout sur le territoire depuis.

    Pendant ce temps-là, Nicolas Sarkozy a pu commencer à mettre en pratique sa conception très "à l’américaine" de la présidence, et son idée - si chère à son cœur - selon laquelle les riches ne doivent plus avoir honte d’exhiber les fruits de leur réussite bien méritée, en s’offrant une petite croisière bien sympathique à Malte, à bord du superbe yacht de son ami, le milliardaire Vincent Bolloré, un yacht répondant au doux nom de Paloma, long de 60 mètres, avec jacuzzi sur le pont supérieur, que vous pourrez vous aussi, si le cœur vous en dit, louer pour quelques 193 431 euros la semaine pour vos prochaines escapades de winner... lorsque vous aurez eu la satisfaction préalable de travailler plus pour gagner plus. T’as trop raison Nico, quel intérêt d’avoir du temps libre quand on n’a pas de quoi payer à sa famille de vraies vacances dignes de ce nom ?

    La France en mille morceaux

    Prenons donc exemple sur les plus méritants des Français, les Neuilléens : "Les gens qui habitent Neuilly sont ceux qui se sont battus pour prendre plus de responsabilités, pour travailler plus que les autres" (Marianne, 14 au 20 avril 2007). Quelle belle parole Nicolas ! Gloire aux travailleurs de Neuilly ! Et honte aux "autres" (bande de faîniasses...) ! Telle est bien la France de Nicolas Sarkozy : une France clivée, divisée, entre battants et fainéants, bons travailleurs corvéables à merci et assistés misérables sur lesquels on peste avec rage, honnêtes gens revanchards qui ne jurent que par le triptyque "Travail-Famille-Patrie" et dégénérés de soixante-huitards avec lesquels il faut en finir au plus vite, braves gens qui rasent les murs dans les cités et racailles à nettoyer d’urgence au Kärcher, Français-qui-se-lèvent-tôt-le-matin et Français-génétiquement-mal-barrés...

    Nicolas Sarkozy veut être le président de tous les Français, c’est en effet la moindre des choses... Mais il n’a cessé, durant sa campagne, de dresser des Français contre d’autres Français, il a attisé les haines, les jalousies, les ressentiments de tous contre tous. Nombre de ses électeurs ont voulu porter au sommet de l’Etat un Père Fouettard, un homme qui leur promettait de punir certaines catégories de la population trop favorisées ou trop câlinées (à leur goût) jusqu’à maintenant. Ce sera dur de rallier ceux qu’on a traités - à des fins électoralistes - comme des ennemis.

    Spinoza n’aurait pas voté Sarkozy

    Nicolas Sarkozy a usé de la méthode la plus efficace qui soit pour accéder au pouvoir (et pour l’exercer ensuite). Il a joué sur nos "passions tristes" : "Inspirer des passions tristes est nécessaire à l’exercice du pouvoir", enseignait Gilles Deleuze dans un cours sur Spinoza prononcé à Vincennes le 24 janvier 1978. "Et Spinoza dit, dans le Traité théologico-politique, que c’est cela le lien profond entre le despote et le prêtre, ils ont besoin de la tristesse de leurs sujets. Là, vous comprenez bien qu’il ne prend pas tristesse dans un sens vague, il prend tristesse au sens rigoureux qu’il a su lui donner : la tristesse c’est l’affect en tant qu’il enveloppe la diminution de la puissance d’agir".

    Parmi ces passions tristes, la haine, l’envie, la jalousie, la colère, la vengeance furent particulièrement mises à profit par l’ancien ministre de l’Intérieur. Les boucs émissaires qu’il nous a trouvés ? Les "autres", c’est-à-dire : les assistés, les fonctionnaires (ces privilégiés...), les syndicalistes, les fraudeurs, les voyous, les racailles, "ceux qui profitent du système", "ceux qui demandent toujours et qui ne veulent jamais rien donner", et puis les égorgeurs de moutons, les soixante-huitards, les adeptes de la repentance, les élites de gauche - toujours du côté des délinquants et des assassins, jamais de celui des honnêtes gens, n’est-ce pas ? -, les juges trop laxistes de Bobigny, les policiers qui jouent au rugby avec les jeunes au lieu de les mettre en prison (revoyez cette séquence : quelle humiliation pour les policiers, quel sadisme de notre gendarme à Saint-Tropez !), et même les politiques et les technocrates (voyez ce morceau nauséeux du discours de Bercy), et j’en oublie sûrement.

    Le (dé)goût des "autres"

    Nicolas Sarkozy s’est voulu le candidat de "la France qui paie toujours pour tous les autres", "la France qui paie les conséquences de fautes qui ont été commises par d’autres"... les fameux "autres" dont nous venons de dresser une petite liste non exhaustive, et sur la haine desquels Sarkozy a construit sa victoire, en remuant les passions tristes de ses supporters... Cette méthode très efficace à court terme est néanmoins désastreuse sur le long terme : elle crée un climat malsain entre les gens, et ruine le peu d’unité qui peut exister entre membres d’une même nation. Les passions tristes parvenues au pouvoir sont, en quelque sorte, légitimées, elles n’ont plus à se cacher, à se modérer, à s’amender pour se renverser en passions joyeuses, qui, elles, unifient sainement le corps social.

    On pourrait croire à une exception dans cet usage des passions tristes, lorsque Nicolas Sarkozy marque son rejet de la repentance, ce regard critique qu’un peuple porte sur son passé, et qu’il identifie à une "détestation de la France et de son Histoire". Mais, en fait, non ; car la réhabilitation du pays se fait, chez lui, par la stigmatisation des repentants, la dénonciation d’autres coupables (irrépressible manie de se défausser en désignant dans le même mouvement un bouc émissaire), et passe finalement par une exaltation presque délirante de la fierté d’être Français. Sarkozy réinvente ainsi une histoire exclusivement glorieuse de la France, qui "n’a pas commis de crime contre l’humanité", "n’a jamais commis de génocide", "n’a pas inventé la solution finale" (petite douceur adressée à nos amis allemands...), mais "a inventé les droits de l’homme" ; et mieux encore, "la France est le pays du monde qui s’est le plus battu dans l’univers au service de la liberté des autres" ("dans l’univers" !). Oublié le régime collaborationniste de Vichy. Oubliés le Code noir et l’esclavagisme. Oubliée la colonisation. Entre la flagellation perpétuelle et l’oubli, il y a une marge évidemment, et une juste attitude à trouver, mais Nicolas Sarkozy ne fait pas dans la nuance ; il réécrit l’histoire au Kärcher, pour flatter la fibre la plus nationaliste d’un électorat en mal de grandeur mythifiée.

    Singer le grand loup blanc

    Le nouveau chef de l’Etat français partage ce dégoût pour la repentance avec celui qui lui aura servi de principal modèle durant toute sa campagne présidentielle : Jean-Marie Le Pen.

    La campagne de Nicolas Sarkozy démarre, en effet, le 21 avril 2002. La démangeaison extrémiste est là en France, et Sarko la sent... comme un loup affamé flaire sa future proie aux quelques gouttes de sang qui perlent de ses blessures. Le Pen, en fin tacticien, en vieux loup de la politique, a depuis longtemps flairé les thèmes porteurs, ceux qui rencontrent le plus fort écho dans le peuple, le "petit peuple" si souvent méprisé et tellement courtisé à la fois. Il a compris que le moyen le plus simple de fédérer un grand nombre de sympathisants autour de soi, c’est de leur faire peur et de désigner des boucs émissaires, en promettant de "punir" ces derniers. Avec lui, le bouc émissaire était unique, c’était l’immigré, ou, dans un langage plus convenu, "la politique d’immigration des gouvernements successifs de gauche comme de droite". Sarkozy a repris à son compte la tactique lepéniste, mais en démultipliant les boucs émissaires, en divisant le pays à outrance.

    Moi je dis les choses comme je pense

    Le mimétisme avec Jean-Marie Le Pen se poursuit dans l’attitude de pourfendeur de tabous que Nicolas Sarkozy a, lui aussi, décidé de faire sienne. Le Pen disait : "Moi je dis tout haut ce que les gens pensent tout bas." Sarkozy ne cesse d’user de cette formule : "Moi je dis les choses comme je pense", en ayant bien pris soin, au préalable, de dire que, dans ce pays, "on ne peut plus rien dire sur rien". Son discours laisse constamment entendre que nous vivons sous le règne de la pensée unique, d’une quasi censure (instaurée par qui ?), et que lui seul vient parler vrai au milieu d’un discours trop policé et convenu. Lui, au moins, il parle franchement. Il n’hésite pas. Il n’a pas peur. Il ose ! Et puis, il parle comme les gens, les "vrais gens", ceux qu’il a découverts durant sa campagne : "Pendant des mois j’ai vu ce que le peuple vivait, ce qu’il ressentait, ce qu’il souffrait". Il a vu les Français, ceux d’en-bas, les vrais, les authentiques. Et il a compris que parler comme eux, ça pouvait rapporter gros : "Vous savez pourquoi je suis tellement populaire ? Parce que je parle comme les gens" (déclaration d’avril 2004, reprise dans Marianne). Alors il parle de "racailles", car dans les banlieues, les gens ils parlent comme ça, les jeunes ils se parlent comme ça. Y a pas à être choqué ! Les Français veulent que leurs représentants politiques leur ressemblent, soient, le cas échéant, aussi vulgaires qu’eux. Pas de chichi ! Sarkozy exauce ce vœu.

    Les gens qui apprécient ces manières de faire se trompent, car évidemment l’authenticité est feinte, calculée, méprisante - et méprisable. Et puis, surtout, dire tout haut ce qu’on pense tout bas, cela n’est pas penser : "Bien penser, cela ne va pas de soi. [...] Si vous vous laissez aller, vous êtes pris par quelque chose qui n’est pas vous [...]. La nature mécanique nous guette toujours et nous tient toujours. [...] On pense faux comme on chante faux, par ne point se gouverner. [...] Bien penser est une chose que l’on se doit à soi-même, et qu’il faut vouloir. Ainsi l’homme n’est pas un spectacle permis à lui-même ; ni permis, ni possible". C’est toute la sagesse du philosophe Alain dans ses Propos, et notamment celui-ci, "Régler ses pensées", du 7 août 1929. Penser, c’est corriger ce qu’on pense, redresser constamment ses pensées, qui, sans cet effort, deviennent animales, et proprement étrangères à nous-mêmes - indignes de l’Homme.  

    Sarkozy, qui assimile la liberté à la transgression, ne se prive pas pour transgresser les odieux carcans de la pensée unique. Il lance ainsi des débats scientifiques, en toute liberté, sur le déterminisme génétique par exemple, il donne son avis à lui, sans prendre la peine de s’en référer aux autorités compétentes. Et sur quoi fonde-t-il ses convictions ? Sur sa propre expérience : "Moi j’ai jamais eu la pulsion d’aller violer un enfant de trois ans, j’en ai aucun mérite, et je ne pense pas que c’est mon éducation qui m’ait porté à ne pas avoir eu cette pulsion..." Ou encore : "Je ne me souviens pas moi, quand j’avais 14 ou 15 ans, d’avoir réfléchi à mon identité sexuelle, je suis hétérosexuel... Je ne me suis pas longuement interrogé pour savoir si j’aimais les hommes ou les femmes..." Ajoutant, au passage, que la campagne présidentielle est "un grand moment de sectarisme" (toujours cette foutue censure... à laquelle lui seul échappe). Alors, certes, Sarkozy ne prétend pas trancher les questions de manière définitive, l’infaillibilité papale ne fait pas encore partie de ses prérogatives. Mais il ose tout de même donner ses vérités scientifiques à lui. Un peu comme Le Pen lançait, lui aussi, des "débats", sur l’existence et l’inégalité des "races", contre l’avis de tous les scientifiques. Et lui aussi fondait ses convictions sur l’évidence ("Il y a des Noirs, il y a des Jaunes..."), le bon sens populaire, n’omettant pas de dénoncer "l’inhibition sémantique" des frileux...

    N’ayez pas peur ! J’arrive...

    Avec Le Pen, on était aussi habitué à l’exploitation éhontée des faits divers les plus sordides, des crimes les plus atroces, que le brillant tribun s’évertuait à narrer dans le détail jusqu’à faire frémir son auditoire, lors de dîners dont il s’était fait une spécialité, et qui lui permettait de conclure, solennellement, à la nécessité du retour de la peine de mort. Sarkozy a su, lui aussi, instrumentaliser les pires crimes de sang, sans une once de pudeur, pour justifier sa politique répressive (qu’il n’a pourtant pas su mettre en œuvre durant ses nombreuses années passées place Beauvau), ou, du moins, pour se donner l’image du chef autoritaire et impitoyable qu’appelle de ses vœux le vengeur masqué qui sommeille en chacun d’entre nous, dès lors qu’il est confronté à l’horreur, à l’innommable barbarie qui fauche les vies innocentes.

    Morceaux choisis du discours de Bercy : "Je suis allé à la rencontre des Français [...] avec en moi le souvenir de cette famille à la Courneuve qui pleurait la mort d’un petit garçon de onze ans. C’était le jour de la fête des pères, deux bandes rivales s’affrontaient au pied de l’immeuble, il a pris une balle perdue. C’était le jour où j’ai parlé du Kärcher. Je ne regrette rien [c’est le même homme qui avait déclaré très cyniquement à l’époque : "Kärcher en septembre, 200 000 adhérents [à l’UMP] en novembre"...]. Je suis allé à la rencontre des Français avec dans ma mémoire la douleur des parents de cette jeune fille brûlée vive dans un bus auquel des voyous avaient mis le feu pour s’amuser. J’y suis allé avec dans la tête la voix de ce petit garçon que je tenais par la main devant le cercueil de son père gendarme et qui me tirait par la manche en me disant : "Sors mon papa de la boîte !" J’y suis allé avec devant les yeux l’image de la jeune Ghofrane battue à mort et atrocement torturée parce qu’elle refusait de donner son numéro de carte bleue à ses bourreaux. [...] Je suis allé à la rencontre des Français avec en moi le souvenir de ces familles immigrées, de ces pères, de ces mères, de ces enfants brûlés vifs dans l’incendie de cet hôtel sordide où on les avait entassés parce qu’on n’avait pas les moyens de les loger plus convenablement."

    Certains, manifestement majoritaires aujourd’hui, apprécient ce genre de discours ; d’autres, peut-être minoritaires, continuent de ressentir un profond dégoût face à une telle manipulation émotionnelle de l’opinion. Car après avoir suscité l’effroi silencieux de l’assistance, avec tant de malheur et d’horreur exposés, on ne tarde pas à désigner du doigt un coupable - dont il ne viendra à l’idée de personne de contester la culpabilité -, et l’on se présente - tel un messie vengeur - comme celui qui saura le "liquider"...

    Pour une contre-révolution morale

    L’ennemi à abattre, c’est l’esprit de Mai 68, ce fantôme persistant, qui, depuis près de quarante ans, planerait sur la République, et lui empoisonnerait l’âme. Une République comme possédée par le démon de 68, et qui aurait besoin de toute urgence d’un grand "désenvoûtement" mené par notre nouvel exorciste, Sarkozy. Celui-ci emprunte son diagnostic au bon médecin Le Pen, qui imputait déjà à cette date "maléfique" de Mai 68 l’origine du laxisme moral français, par exemple dans ce discours sur la peine de mort du 20 mai 2006 (à la 7e minute). Une bonne introduction au discours terrible de Bercy que tint Sarkozy à la veille du second tour, et dans lequel il se livra à une charge haineuse, d’une violence inouïe, à l’encontre d’un héritage rendu responsable d’à peu près tous nos maux.

    Sarkozy (ou plutôt Henri Guaino, l’auteur de ses discours récents) met parfois justement le doigt là où ça fait mal, sur les promesses non tenues de Mai 68 à l’égard des travailleurs, et joue sur les passions tristes de ces derniers : "Sarkozy joue du ressentiment des classes populaires qui se sont senties méprisées par l’idéologie soixante-huitarde", remarque le sociologue Jean-Pierre Le Goff, cité dans Libération du 4 mai 2007. Sa dénonciation du communautarisme soixante-huitard est, en revanche, plus choquante, venant d’un homme qui n’a cessé, ces dernières années, de "communautariser" la France (lire, à ce propos, cette bonne synthèse de l’Observatoire du communautarisme intitulée "Du communautarisme au républicanisme incantatoire : que penser du revirement rhétorique de Nicolas Sarkozy ?"). Carrément culottée enfin, la filiation que Sarkozy établit entre Mai 68 et les 8,5 millions d’euros de prime de départ et de stocks options de Noël Forgeard : "Voyez comment le culte de l’argent roi, du profit à court terme, de la spéculation, comment les dérives du capitalisme financier ont été portés par les valeurs de mai 68. Voyez comment la contestation de tous les repères éthiques, de toutes les valeurs morales [...] a préparé le terrain au capitalisme sans scrupule et sans éthique des parachutes en or, des retraites chapeaux et des patrons voyous..."

    Dans Libération du 2 mai 2007, l’historien Henry Rousso, ancien directeur de l’Institut d’histoire du temps présent, rapprochait l’attitude de Sarkozy de celle des contre-révolutionnaires du XIXe siècle, consistant à "voir dans un événement historique révolutionnaire qu’on qualifie de maléfique les causes d’un supposé déclin français". Et de lui rétorquer, sans ménagement : "C’est un argument fantasmagorique, qui ne tient pas sur le plan historique. [...] Faire de 68 la cause unique de toutes les valeurs dominantes aujourd’hui est une absurdité." Selon l’historien, Sarkozy veut définir une culture de droite "en érigeant un ennemi imaginaire. Il reproche à Ségolène Royal et à la gauche de le diaboliser, mais c’est ce qu’il fait : il érige Mai 68 en une sorte de figure du diable... absolument indéfinissable."

    Un drôle de moralisateur

    L’objectif essentiel que se fixe Nicolas Sarkozy, c’est de mettre en oeuvre "la grande réforme intellectuelle et morale dont la France a une nouvelle fois besoin". De la morale avant toute chose ! "Le mot "morale" ne me fait pas peur. La morale, après mai 68, on ne pouvait plus en parler", lançait Sarkozy à Bercy, lui qui n’a décidément peur de rien. Eh bien parlons-en de morale !

    Nicolas Sarkozy veut ré-hausser "le niveau moral de la politique". Mais est-ce que c’est moral, lorsque l’on est ministre de l’Intérieur et favori de la future élection présidentielle, de pratiquer l’intimidation sur des journalistes ? De faire virer un journaliste du Figaro-Magazine, Joseph Macé-Scaron ? De faire virer le directeur de la rédaction de Paris-Match, Alain Genestar ? De censurer la biographie de sa femme Cécilia, Entre le cœur et la raison ? D’ignorer la séparation des pouvoirs, et de mépriser l’indépendance de la justice ? Est-ce moral de critiquer des Etats-Unis l’arrogance de la France lors de son refus de la guerre en Irak ? Est-ce bien moral d’aller à la pêche aux électeurs frontistes en dénonçant, sur TF1, devant des millions de téléspectateurs, les musulmans qui égorgeraient le mouton dans leur appartement, pour ensuite regretter ces propos, en petit comité, devant une association de jeunes de Nanterre ? Est-ce acceptable de se dire fier de son bilan de ministre de l’Intérieur, sur lequel on prétend être jugé, alors que Alain Bauer, président de l’observatoire national de la délinquance, affirme que "l’indicateur de la violence a continué imperturbablement à monter depuis 1994", et que Sébastian Roché, secrétaire général de la société européenne de criminologie, parle d’un "bilan globalement négatif" ? Est-ce moral, pour l’ancien maire de Neuilly-sur-Seine (de 1983 à 2002), de n’avoir pas respecté la loi SRU (Solidarité et renouvellement urbain) ? Et puis, dire tout et son contraire, est-ce moral ? Et mentir ? (voir cet "article-somme")

    Et que dire des allégations du fameux numéro de Marianne de l’avant-premier-tour ? "A entendre les chiraquiens, même ceux qui se sont ralliés à son panache, c’est lui, Sarkozy, qui, ministre du Budget de Balladur, lança la justice sur la piste du scandale des HLM de Paris [...]. Objectif ? Abattre Chirac ! C’est lui encore, prétendent-ils, qui aurait fait révéler, au Canard enchaîné, l’affaire de l’appartement d’Hervé Gaymard, en qui il voyait un adversaire." Ou encore, dans un autre registre : " Se faire, fût-ce en partie, offrir un luxueux appartement aménagé par le promoteur qu’on a systématiquement favorisé en tant que maire, et dans l’espace dont on a, toujours comme maire, financé l’aménagement, est-ce un exemple d’attitude hautement morale ? [...] Publier un livre consacré à l’ancien ministre Georges Mandel qui se révèle, pour partie au moins, être un plagiat coupé-collé de la thèse universitaire de Bertrand Favreau, certaines erreurs comprises, est-ce la quintessence du moralisme intégral ?" Etc. Etc. Il y aurait toute une page de l’hebdomadaire à citer...

    Kärchériser Bercy ?

    Si Sarkozy n’est pas un parangon de vertu, ses amis politiques ne brillent pas tous non plus par leur probité : Patrick Balkany, Alain Carignon, Gérard Longuet, Alain Juppé, Bernard Tapie ou Charles Pasqua sont des spécimens de choix, qui ont tous eu très sérieusement maille à partir avec la justice. Eric Besson, inconnu du grand public avant la campagne, sera devenu, au terme de celle-ci, l’incarnation même de la traîtrise. Même si la concurrence était rude cette année : entre Tapie, Séguéla, Sevran et Hanin, le choix pouvait demander réflexion...

    Tout ce beau monde a donc rejoint la France de TF1... pardon, la France sarkozyste, qui, elle, a réussi à échapper à la décadence morale de notre temps, n’a jamais cédé au "relativisme intellectuel et moral", n’a jamais perdu de vue la "différence entre le beau et le laid", avec des figures de proue comme Steevy du Loft, Miss Dominique de La Nouvelle Star, Doc Gynéco de Nice People (condamné aussi pour fraude fiscale), Richard Virenque et Marielle Goitschel de Je suis une célébrité, sortez-moi de là !, le big boss Arthur, vice-président d’Endemol France, cette merveilleuse société qui nous gratifie des plus belles émissions de la télévision française, qui participent activement à élever le niveau de conscience des futurs électeurs : Loft Story, Nice People, La Ferme Célébrités, 1ere Compagnie, Star Academy, Opération Séduction, 120 minutes de bonheur... sans oublier les sensationnels Véronique Genest de Julie Lescaut, Roger Hanin de Navarro, Bernard Tapie de Commissaire Valence, Henri Leconte et Johnny, nos exilés suisses, et puis Carlos, Thierry Roland, Philippe Candeloro, Rika Zaraï, Michou, Gilbert Montagné (c’est le raffinement de la beaufitude...), on se croirait presque sur le plateau des Enfants de la télé... avec Enrico bien sûr et Christian Clavier (l’autre mauvais sosie de Louis de Funès, lui aussi en beaucoup moins drôle)... et puis Charlotte Rampling, qui fait un peu tache au milieu de toutes ces lumières... et je gardais le meilleur pour la fin : Charles Villeneuve, le déjà mythique présentateur du Droit de savoir, cette émission de TF1 absolument neutre politiquement, qui, entre les deux tours de la présidentielle, le 1er mai, jour de la fête du Travail, aura eu l’ingénieuse idée de programmer un numéro consacré... aux faux chômeurs ! RMIstes fraudeurs ! et malades imaginaires ! Quelle coïncidence de retrouver là les boucs émissaires privilégiés de Nicolas Sarkozy ! Et j’oubliais, dans l’assistance du Palais Omnisports de Paris-Bercy, celui qui détient 42,9 % de la chaîne TF1, Martin Bouygues. La grande famille de "la France d’après" réunie au grand complet !

    Un conflit de valeurs

    Nicolas Sarkozy a gagné une élection qu’il a placée sous le signe des valeurs - et qui ne se réduisent certes pas à celles qu’incarnent les grands personnages évoqués à l’instant... Il a voulu qu’on parle "sans complexe" de l’identité nationale. Et cette discussion a créé un sacré malaise, qui se ressent en ce tout début de mandature. Car Nicolas Sarkozy a "joué", là encore, sur ce thème. Il a fait mine de défendre un héritage moral français, alors qu’il n’en défendait en réalité qu’une partie, l’air de rien. En gros, la défense de l’identité nationale s’est réduite, avec lui, à une réponse ferme et sans détour à la "menace" islamiste. "On n’égorge pas le mouton dans son appartement" est la formule choc qui résume toute cette campagne "morale" de Nicolas Sarkozy. Bien sûr, on peut l’enrichir un peu, comme cela été fait sur Radio-Notre-Dame le 26 avril 2007 : "La polygamie, c’est pas en France, l’excision, c’est pas en France, le voile obligatoire, c’est pas en France, la loi des grands frères qui choisissent les relations de leurs sœurs, c’est pas en France, le père qui oblige la fille à se marier avec quelqu’un, c’est pas en France... Je leur dis tranquillement et simplement, que nul ne doit être condamné à vivre dans un pays qu’il n’aime pas." Si l’on met de côté le ton un brin méprisant utilisé par l’ancien candidat de l’UMP, on peut et on doit même être d’accord sur le fond. Le problème est ailleurs.

    D’abord, en prétendant parler d’identité nationale, Sarkozy (incorrigible) montre encore du doigt un bouc émissaire : cette fois, c’est le musulman. Selon le sociologue Emmanuel Todd, cette stratégie classique consistant à désigner des boucs émissaires permet à des responsables politiques incapables de régler les problèmes économiques fondamentaux qui se posent au pays de faire diversion. C’est un aveu (à peine déguisé) d’impuissance. Ensuite, et c’est là que se situe peut-être la plus grosse imposture, Nicolas Sarkozy nous indique, par l’idée même de son ministère de l’immigration et de l’identité nationale, qu’il résume la question de l’identité française à celle de l’assimilation des immigrés ; il réduit cette question, au fond, à l’égalité hommes-femmes et au rejet de certaines coutumes venues d’ailleurs. Emmanuel Todd pointe cette imposture : car la France, c’est aussi "le pays de l’égalité", "du respect de la population", "attaché à des valeurs universalistes", alors que Sarkozy "ne croit pas en l’égalité", "promet d’être dur aux faibles". C’est encore lui "qui est allé faire des génuflexions devant Bush", "qui a trahi la tradition gaulliste". En conséquence de quoi Todd prétend que Sarkozy est "en réel conflit avec l’identité nationale", "ne sait pas ce qu’est la France", et finalement "ne considère pas que Sarkozy aime la France".

    On pourrait encore ajouter que la France est un pays profondément attaché à sa laïcité, et que le nouveau président de la République n’a pas montré de très sérieux gages en cette matière cruciale. En témoignent les inquiétudes exprimée par le philosophe Henri Pena-Ruiz, dans une tribune du 15 février 2007 adressée à celui qui était encore ministre de l’Intérieur. Et puis, pour ceux qui auraient déjà oublié les convictions de leur nouveau président en matière religieuse, rafraîchissons-leur la mémoire, avec ces quelques réflexions tirées du livre de Nicolas Sarkozy, La République, les religions, l’espérance, paru en 2004 : "Je crois au besoin de religieux pour la majorité des femmes et des hommes de notre siècle. [...] On ne peut pas éduquer les jeunes en s’appuyant exclusivement sur des valeurs temporelles, matérielles, voire même républicaines. [...] La dimension morale est plus solide, plus enracinée lorsqu’elle procède d’une démarche spirituelle, religieuse, plutôt que lorsqu’elle cherche sa source dans le débat politique ou dans le modèle républicain." Dit autrement : iI est impossible d’éduquer un enfant de façon purement laïque, sans l’assistance nécessaire de la religion. Une vie athée est impensable. On comprend mieux les frictions qui animèrent son entretien avec l’athéiste Michel Onfray...  

    Puisqu’il faut croire...

    Tenant d’une politique économique que d’aucuns qualifient d’ultra-libérale, et qui devrait précariser les moins nantis - si l’on en croit l’analyse du collectif de militants et de chercheurs "L’Autre campagne" et son film Réfutations -, Nicolas Sarkozy a pourtant réussi le tour de force de les ramener à lui, "tous ces sans grade, tous ces anonymes, tous ces gens ordinaires auxquels on ne fait pas attention, que l’on ne veut pas écouter, que l’on ne veut pas entendre", et ce par l’adoption d’une posture autoritaire, de chef, contempteur de la décadence intellectuelle et morale, annonçant la liquidation et la mort de la pensée 68, et le retour aux bonnes vieilles valeurs traditionnelles et religieuses (on se demande, au passage, qui peut bien être ce "on" dans la bouche de Sarko... c’est quand même un homme qui a été ministre de l’Intérieur depuis 2002 et qui était ministre du Budget dès 1993 qui parle... et qui nous avoue donc que, jusqu’ici, il n’a pas fait attention aux gens ordinaires... c’est bien cela qu’il faut comprendre ?). Tour de passe-passe coutumier de toutes les droites dures, et des néoconservateurs américains en particulier. Libéralisme dur dans une main, valeurs morales réactionnaires et autoritarisme liberticide dans l’autre ; la deuxième main vient remédier - très superficiellement - aux maux infligés par la première : d’un côté, on mine la cohésion sociale, on crée du malaise et du désordre, de l’autre, on vient apaiser les âmes désespérées et on mate les perdants - potentiellement réfractaires - du système. Un cocktail classique qui a fait ses preuves, qui endort le pauvre terrorisé et stimule le riche jamais rassasié.

    Le climat anxiogène installé par Sarkozy durant sa longue campagne (démarrée il y a cinq ans déjà) perdure dans ces premiers jours de son "ère". La gauche et Libération nous promettent de la casse, des "fractures" ; le Front national, via Alain Soral, nous assure, de son côté, que le programme du nouveau président reprend à 90 % le sien propre (dans son pan "économico-social"). Soral, qui n’imagine pas une seconde que Sarkozy le mettra réellement en œuvre, promet néanmoins, au cas improbable où il le ferait, d’aller "lui baiser les pieds". Fractures promises, convergences "extrémistes"... Pas de quoi rassurer tout le monde. La balle est maintenant dans le camp de Nicolas Sarkozy : saura-t-il devenir le président de tous les Français ? saura-t-il sortir de l’image caricaturale qui lui colle à la peau ? et apaiser l’incroyable défiance d’un nombre considérable de Français, dont rend compte un clip circulant sur Dailymotion, déjà vu plus de deux millions de fois, et redoutablement flippant : Le vrai Sarkozy ? Puisque Nicolas se veut l’apôtre de l’espérance, nous le suivrons sur ce point : nous espérerons en lui, à défaut de croire.

     

    DOSSIER SUR LES SONDAGES

    COMME TOUJOURS DEPUIS CES DERNIERS MOIS, LES SONDAGES DISENT TOUT ET SON CONTRAIRE !

    AVEC UNE CONSTANTE : LES MEDIAS LES PLUS REGARDÉS DONNENT TOUJOURS LES CHIFFRES "VALORISANTS" POUR SARKOZY ET LES MEDIAS MOINS PUISSANTS SONT TANTÔT FAVORABLES A L'UN ET L'AUTRE DES CANDIDATS (COMME DANS LA RÉALITÉ...)

     REVUE DES SONDAGES "ANALYSANT"LES VOTES DU SECOND TOUR :

    Répartition des votes par tranches d'âges...

    L'enquête menée par IFOP pour le JDD et M6 sur les intentions de vote au 
    deuxième tour donne gagnant Nicolas Sarkozy, avec 52,5% (-1,5%) contre 
    47,5 (+1,5) pour Ségolène Royal, avec 9% d'indécis.

    Le résultat le plus surprenant de cette étude ne tient pas à ce chiffre, 
    mais au détail de la répartition des votes par tranches d'âges.

    En effet Ségolène Royal arrive en tête des intentions de vote dans toutes 
    les classes d'âges situées en dessous de 65 ans.

    Si le candidat de l’UMP parvient tout de même en tête c'est qu'il fait un 
    tabac chez les retraités, avec un score atteignant 75% qui lui permet de 
    combler son retard.

    Ventilation par classe d'âge du vote Royal :

    18/24 ans : 53%

    25/34 ans : 54%

    35/49 ans : 56%

    50/64 ans : 51%

    65 ans et plus : 25%

    Voila donc une réalité sociologique inattendue : c'est le vieillissement 
    de la population qui tire le corps électoral français vers la droite. D'où 
    très certainement la logique d'avoir tapé sur Mai 68, une période sans 
    intérêt pour nous, Ségolène Royal ou Nicolas Sarkozy, mais un moment 
    fondateur pour tous ces vieux qui se sont fait peur à cette époque.

    Ainsi, loin d'être le candidat du travail et des forces vives comme son 
    discours volontariste semble l'affirmer, Nicolas Sarkozy serait en fait 
    celui de l'inquiétude et des peurs ressenties par une population 
    vieillissante, devant une modernité qui la bouscule et qu’elle refuse.

    Ainsi, malgré 5 années de propagande Sarkoziste avec l'aide massive de la 
    plupart des médias, Ségolène Royal serait majoritaire dans le pays dans 
    toutes les catégories d'âge de 18 à 64 ans !!!!!!!!

    Ainsi, tous les efforts des militants, des sympathisants, la mobilisation 
    d'une partie des abstentionnistes le 22 avril se heurte à cet implacable 
    constat : les trois quarts des seniors de plus de 65 ans ruineront tout 
    espoir de victoire !!!

    Avec une performance de 55 ou 60% pour Sarkozy, cette catégorie des plus 
    de 65 ans n'aurait pas pu faire basculer l'élection.

    Mais avec 75%, chiffre considérable, c'est toutes les intentions de vote 
    des moins de 65 ans en faveur de Ségolène Royal qui sont laminées.

    Comment se fait-il que personne n'en parle !!

    On peut comprendre que l'UMP n'ait aucun intérêt à ébruiter une telle étude  !!!
    Minoritaire chez tous les moins de 65 ans !! Une information des plus 
    désagréables ! Un échec cuisant ! 

     -----------------

    Institut : IPSOS
    Media : LE POINT

    Enquête IPSOS /DELL pour FRANCE 2 / EUROPE 1 / 20 MINUTES / LE POINT
    (la plupart de ces médias appartiennent aux "mais" de Sarkozy)

    3 609 personnes interrogées par téléphone le 6 mai 2007, constituant un échantillon national représentatif de la population inscrite sur les listes électorales.

    Méthode des quotas.
    Comme pour toute enquête quantitative, cette étude présente des résultats soumis aux marges d'erreur inhérentes aux lois statistiques.

     

     

    N. Sarkozy

     

    S. Royal

     

    TOTAL

     

    ENSEMBLE 53

     

    47

     

    100

     

    Sexe
    Hommes 54 46 100
    Femmes 52 48 100
    Age
    18 - 24 ans 42 58 100
    25 - 34 ans 57 43 100
    35 - 44 ans 50 50 100
    45 - 59 ans 45 55 100
    60 - 69 ans 61 39 100
    70 ans et plus 68 32 100
    Sexe x Age
    Hommes / Moins de 35 ans 54 46 100
    Hommes / 35 à 59 ans 49 51 100
    Hommes / 60 ans et plus 66 34 100
    Femmes / Moins de 35 ans 50 50 100
    Femmes / 35 à 59 ans 45 55 100
    Femmes / 60 ans et plus  64 36 100
    Profession de l'interviewé
    Agriculteurs 67 33 100
    Artisans, Commerçants 82 18 100
    Professions libérales, Cadres Sup. 52 48 100
    Professions intermédiaires 49 51 100
    Employés 49 51 100
    Ouvriers 46 54 100
    Statut de l'interviewé
    Salariés du privé 53 47 100
    Salariés du public 43 57 100
    Travailleurs indépendants 77 23 100
    Chômeurs 25 75 100
    Etudiants 42 58 100
    Retraités 65 35 100
    Dernier diplôme obtenu
    Pas de diplôme  51 49 100
    BEP/CAP/Certif. d'études primaires 54 46 100
    Les reports de voix tiennent compte à la fois des résultats du sondage et des éléments issus de l'analyse des transferts de voix dans les 200 bureaux de vote ayant servi à l'estimation des résultats du 2nd tour.

    La sociologie des électorats

      N. Sarkozy

     

    S. Royal

     

    TOTAL

     

    ENSEMBLE

     

    53

     

    47

     

    100

     

    Sexe
    Hommes

     

    54

     

    46

     

    100

     

    Femmes

     

    52

     

    48

     

    100

     

    Age
    18 - 24 ans

     

    42

     

    58

     

    100

     

    25 - 34 ans

     

    57

     

    43

     

    100

     

    35 - 44 ans

     

    50

     

    50

     

    100

     

    45 - 59 ans

     

    45

     

    55

     

    100

     

    60 - 69 ans

     

    61

     

    39

     

    100

     

    70 ans et plus

     

    68

     

    32

     

    100

     

    Sexe x Age
    Hommes / Moins de 35 ans

     

    54

     

    46

     

    100

     

    Hommes / 35 à 59 ans

     

    49

     

    51

     

    100

     

    Hommes / 60 ans et plus

     

    66

     

    34

     

    100

     

    Femmes / Moins de 35 ans

     

    50

     

    50

     

    100

     

    Femmes / 35 à 59 ans

     

    45

     

    55

     

    100

     

    Femmes / 60 ans et plus 

     

    64

     

    36

     

    100

     

    Profession de l'interviewé
    Agriculteurs

     

    67

     

    33

     

    100

     

    Artisans, Commerçants

     

    82

     

    18

     

    100

     

    Professions libérales, Cadres Sup.

     

    52

     

    48

     

    100

     

    Professions intermédiaires

     

    49

     

    51

     

    100

     

    Employés

     

    49

     

    51

     

  • ENFIN UNE PERMANENCE P.S. A PUTEAUX !

    Samedi 31 mars 2007 en fin d’après-midi, a eu lieu l’inauguration de la toute nouvelle – et tant attendue – permanence PS de Puteaux.

    Depuis 1992, la ville de Puteaux était privée de permanence PS, et encore celle-ci à l’époque, n’avait pas une enseigne donnant sur la rue. Ce nouveau local va permettre à Nadine Jeanne et à son équipe toujours plus nombreuse, 80 membres à ce jour, de travailler au plus près des habitants de Puteaux.

    Nadine Jeanne remercie tous ceux qui l’ont aidée et soutenue dans ce combat quotidien et rappelle la récente augmentation importante des militants PS. Les choses doivent et, enfin, peuvent bouger, il faut être persévérants.

    Elle évoque sa satisfaction d’avoir réussi à remettre en place un local PS à Puteaux, même si ce n’est qu’une étape.   

    Comme le rappelle Pascal Buchet, premier secrétaire de la fédération du 92, venu spécialement soutenir Nadine Jeanne en ce jour si important pour elle et pour tous les militants PS de Neuilly-sur-Seine et de Puteaux :

    " On est ici sur la fin de règne d’une dynastie (les Ceccaldi-Reynaud) qui a fait très peu pour la communauté. "

    Il aime rappeler sa formule : " A Neuilly, il y a absence de solidarité ; à Puteaux, c’est une absence de démocratie, ce qui est encore un cran au-dessus ! "

    Oui, il apparaît que ces deux villes aient cruellement besoin d’un retour aux valeurs de Liberté, Egalité, Fraternité. Pascal Buchet revient donc sur la priorité : « Remettre les valeurs républicaines au cœur de la municipalité de Puteaux. (…) La question budgétaire importe peu, quand une ville comme Puteaux a autant d’argent, un budget exceptionnel… » [NDLR environ 5.000 euros par habitant et par an, ce qui est énorme).

    Toutes les photos : dans l’album « Nadine Jeanne et le PS à Puteaux » ci-contre