Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • DOSSIER : L'HISTOIRE DES JUIFS

    Résumé :

    Après la victoire des Chrétiens contre le Sultan de Grenade, dans la vague d'exaltation religieuse qui suit, les Juifs de la péninsule ibérique sont expulsés d'Espagne en 1492 . Ils émigrent vers l'Italie, les Balkans, l'Afrique du Nord et l'Empire Ottoman. Certains restent et se convertissent, devenant les Maranes. Les Sépharades sont donc les descendants des Juifs espagnols émigrants. Aujourd'hui, Sépharades désigne les juifs originaires du bassin méditerranéen et d’Orient. Leur langue est le judéo-espagnol ou le judéo-arabe.
    Au 19ème siècle, les Espagnols prennent conscience de l'existence des communautés hispanophones juives. Au 20ème siècle, c'est la "réconciliation spirituelle entre les peuples Sépharades et Espagnols". On donne à de nombreux juifs Sépharades, la nationalité espagnole. Au moment de la seconde guerre mondiale, des Juifs échappent à la déportation grâce à l'intervention de diplomates espagnols, qui les rapatrient en Espagne. 
    Les Ashkénazes sont les juifs originaires d’Europe centrale. Ils parlent le yiddish, mélange d’allemand et d’hébreu. Les Ashkénazes se sont principalement installés en France au XIXe siècle, pour fuir les persécutions qu’ils subissaient."
     
     

    Les Juifs d'Espagne ont constitué l'une des plus importantes et des plus prospères communautés juives historiques de la Diaspora, sous la gouvernance successive de royaumes musulmans et chrétiens en Espagne. Leur communauté s'était accrue de l'afflux de Juifs chassés de France sous le règne de Charles VI. C'est grâce aux travaux des rabbins espagnols que Sigmund Freud a découvert la psychanalyse.

    Après la victoire des Chrétiens contre le Sultan de Grenade, dans la vague d'exaltation religieuse qui suit, les Juifs de la péninsule ibérique sont expulsés d'Espagne en 1492 . Ils émigrent vers l'Italie, les Balkans, l'Afrique du Nord et l'Empire Ottoman. Certains restent et se convertissent, devenant les Maranes. Les Sépharades sont donc les descendants des Juifs espagnols émigrants. Aujourd'hui, Sépharades désigne les juifs originaires du bassin méditerranéen et d’Orient. Leur langue est le judéo-espagnol ou le judéo-arabe.

    Au 19ème siècle, les Espagnols prennent conscience de l'existence des communautés hispanophones juives. Au 20ème siècle, c'est la "réconciliation spirituelle entre les peuples Sépharades et Espagnols". On donne à de nombreux juifs Sépharades, la nationalité espagnole. Au moment de la seconde guerre mondiale, des Juifs échappent à la déportation grâce à l'intervention de diplomates espagnols, qui les rapatrient en Espagne. 

    Les Ashkénazes sont les juifs originaires d’Europe centrale. Ils parlent le yiddish, mélange d’allemand et d’hébreu. Les Ashkénazes se sont principalement installés en France au XIXe siècle, pour fuir les persécutions qu’ils subissaient.

    L'appellation "séfarade" est appliquée aux Juifs dont les ancêtres vécurent dans l'Espagne médiévale. Plus généralement, on appelle Sépfarades les membres des communautés juives non ashkénazes. L’origine du mot est le terme "Sefarad", une localité où demeurent des exilés de Jérusalem. Ce verset biblique s'appliquait à Sardes en Lydie. En hébreu, Sefarad équivaut à Espagne.

    On distingue trois périodes dans l'histoire des séfarades. La première va des origines légendaires (une colonie salomonienne en Espagne) à l'expulsion des Juifs d'Espagne (1492). Jusqu'au VIIe siècle, l'essor des communautés du bassin méditerranéen et de l'Espagne s'accomplit sans encombre, en relation avec les foyers palestinien et babylonien. En 589, à la suite de la conversion au catholicisme du roi wisigoth Reccarède, un siècle de persécution pour les Juifs d'Espagne commence, persécution à laquelle met fin l'invasion musulmane (711).

    La période comprise entre 711 et 1036, qui coïncide avec l'époque du califat de Cordoue et des royaumes islamiques qui lui succédèrent, est considérée comme l'âge d'or du judaïsme espagnol. Au XIe siècle principalement, le judaïsme séfarade contribue à la renaissance de la langue hébraïque avec ses grammairiens, ses lexicographes et ses poètes (notamment Salomon ibn Gabirol, Moïse ibn Ezra et Juda Hallevi); ce renouveau donne au judaïsme occidental son premier grand talmudiste, Isaac ben Jacob al-Fasi, et son philosophe, Moïse ben Maimon, dit Maimonide.

    L'invasion des Almohades, d'une part, la Reconquista, d'autre part, entraînent au XIIe siècle la migration des Juifs de l'Andalousie vers l'Espagne du Nord, qui est chrétienne. Les communautés juives, régies par des fueros (privilèges royaux) et par leurs propres constitutions (ascamot ), y mènent une existence paisible fondée sur une économie très diversifiée (allant du cultivateur au fermier des impôts).

    Les rabbins espagnols jouissent d'un prestige reconnu dans toute l'Europe, particulièrement Moïse ben Nahman, dit Nahmanide, et Salomon ben Adret. Moïse de León, rabbin à Ávila, transcrit (ou écrit) le maître livre de la kabbale, le Zohar . Les Juifs participent à l'éclosion de la science et de la littérature castillanes, notamment sous Alfonse le Savant (1254-1284). En 1391, une vague de massacres, inaugurée à Séville le 15 mars, déferle sur les communautés de Castille et d'Aragon, déterminant l'apostasie et l'émigration de multiples familles, ainsi que la disparition de communautés entières comme celle de Barcelone.

    L'effort de restauration du XVe siècle ne peut empêcher le déclin des communautés espagnoles, dont l'Inquisition réclame l'expulsion. Décrétée le 30 mars 1492 au palais de l'Alhambra de Grenade, l'expulsion des Juifs d'Espagne met fin au foyer majeur du judaïsme médiéval. Elle ouvre une période dite Diaspora séfarade (1492-1776). Désormais dispersé de l'Empire ottoman, son principal établissement au Nouveau Monde (avec des crypto-Juifs d'abord et des communautés déclarées au XVIIe siècle), le judaïsme séfarade conserve une unité de culture, d'organisation de type communautaire, de langue (l'espagnol médiéval devenu le judéo-espagnol ou ladino et le portugais).

    Les grandes communautés des exilés d'Espagne sont à Constantinople et à Salonique, mais aussi à Venise, à Amsterdam, à Londres, à Pernambouc (au Brésil) et à Curaç ao. La population juive de Terre sainte s'hispanise largement avec la renaissance, grâce à l'immigration espagnole, de Jérusalem, de Safed (où Joseph Caro rédige un code dit Šulhan Arukh - table servie - bientôt adopté par l'ensemble du judaïsme), d'Hébron et de Tibériade.

    Le XVIe siècle est le siècle d'or pour les communautés de Turquie et de Grèce: les imprimeries qu'elles y établissent diffusent la création intellectuelle du judaïsme médiéval et l'intense floraison hébraïque et judéo-espagnole postérieure à l'expulsion de 1492.

    Au XVIIe siècle, encore que moins peuplées, les communautés "portugaises", (Angleterre, France, Provinces-Unies, Amériques) participent vigoureusement à l'essor du commerce atlantique et constituent une sorte de fédération autour d'Amsterdam, dont l'activité intellectuelle est exceptionnelle, bien que Baruch de Spinoza soit amené à s'en détacher, et dont l'imposante synagogue, l'Esnoga, fait l'admiration des visiteurs européens. En 1666, communautés d'Orient et d'Occident sont prises dans l'effervescence messianique du "messie mystique" de Smyrne, Sabbatai Zevi, Séfarades et Ashkénazes attendant une rédemption imminente.

    Au XVIIIe siècle, Livourne tend à surpasser Amsterdam comme centre majeur du judaïsme séfarade en Occident par son activité commerciale et par la production de ses presses hébraïques. Cependant, la crise de l'Empire ottoman atteint des communautés orientales qui s'appauvrissent, tandis que les problèmes sociaux accablent celles d'Occident, notamment d'Amsterdam. Avec la dispersion extrême des familles s'est établie une sorte d'organisation mondiale informelle des Séfarades.

    Une période nouvelle commence avec l'indépendance des États-Unis d'Amérique en 1776. Ralliés par le rabbin Gershom Seixas à la cause de l'indépendance, les Juifs américains obtiennent un statut d'égalité, offrant ainsi aux Juifs d'Europe un modèle d'émancipation. Le modèle est repris par les Séfarades français, qui font campagne en 1789, de concert avec les Ashkénazes d'Alsace d'abord, seuls ensuite, pour l'obtention des droits de citoyens actifs.

    L'émancipation des Juifs de France (29 sept. 1791) est en grande partie une œuvre séfarade. Désormais, le modèle français inspire les communautés juives d'Orient et d'Occident en quête d'une émancipation mettant fin à leur statut médiéval. En fait, l'oppression se prolonge en Afrique du Nord et en Orient jusqu'en 1860. Cette année-là est créée à Paris l'Alliance israélite universelle, qui s'attache à promouvoir le régime statutaire, économique et scolaire des communautés orientales: son réseau d'écoles, de l'Afrique du Nord aux Balkans et à la Perse, prépare les Juifs à entrer dans le monde moderne; ses interventions obtiennent un recul de l'arbitraire dans ces pays.

    Pourtant les centres vitaux du judaïsme séfarade se vident de leurs effectifs avec l'émigration vers l'Occident et l'Amérique, tandis que l'espagnol recule devant les progrès du français chez les séfarades orientaux. Chant du cygne de la culture séfarade, une presse judéo-espagnole, d'une richesse et d'une diffusion prodigieuses, popularise au XIXe et au XXe siècle le patrimoine intellectuel séfarade et l'apport occidental (traductions multiples des romans français, dont ceux d'Alexandre Dumas et d'Eugène Sue). Des courants nouveaux s'expriment dans cette presse, socialiste ou nationaliste (le rabbin Juda Alkalai est un précurseur du sionisme politique).

    Comme les communautés ashkénazes, les communautés séfarades sont frappées par l'holocauste hitlérien dans leurs centres les plus authentiques, en Bulgarie et en Grèce surtout (la déportation des Juifs de Salonique a fait disparaître le foyer du parler judéo-espagnol). Aujourd'hui, les communautés nord-africaines sont en cours de liquidation et les groupements séfarades de la Diaspora se trouvent en France et aux États-Unis (plus de 30 000 à New York); près de 60 p. 100 de la population d'Israël sont séfarades. En Israël, si traditionnellement le grand rabbin d'Israël séfarade, dit le Rišon le Sion, a la prééminence sur le grand rabbin ashkénaze, la vie politique, économique, intellectuelle est largement dominée par l'élément ashkénaze, et la disparité des niveaux de vie entre l'un et l'autre élément pose un problème grave. Les études séfarades, longtemps négligées, connaissent un essor spectaculaire avec les travaux de l'institut Arias Montano de Madrid, l'institut Ben Zvi à Jérusalem, l'Institut mondial pour les études séfarades de New York, les enseignements de langue et civilisation séfarades de l'Institut des langues et civilisations orientales de Paris.

    Les Juifs représentaient environ le cinquième de la population espagnole lors de leur expulsion suite au décret d'Alhambra, en 1492, qui a obligé à s'exiler ceux qui refusaient de se convertir au catholicisme (700.000, soit environ douze pour cent). Jusqu'au XXe siècle, une partie des Espagnols et des Portugais de confession juive ont néanmoins continué à pratiquer clandestinement le judaïsme dans la Péninsule ibérique. Ils étaient qualifiés de "Marranes" (porcs) par ceux qui ne croyaient pas à la sincérité de leur conversion (Benvenuto Cellini englobe sous ce terme tous les soldats de Charles Quint assiégeant le château Saint-Ange). Dans l'histoire récente, le plus célèbre de ces descendants de "Marranes" est le général Francisco Franco, qui sauva 70 000 Juifs d'ascendance espagnole de la Shoah.

    Aujourd'hui, seuls quelques milliers de Juifs vivent en Espagne, mais les héritiers des communautés de la péninsule ibérique, les Juifs Séfarades, représentent toujours un cinquième de la population juive mondiale.

    L'originalité de la culture judéo-espagnole se manifeste notamment par le ladino, une langue dérivée du vieux castillan et de l'hébreu dans laquelle s'exprimaient ces communautés.

     

     

  • Trois Turcs condamnés pour avoir nié le génaocide arménien

    21.10.08; 10:32  - Publié sur : http://www.20min.ch

     

    Trois Turcs condamnés pour avoir nié le génocide arménien

    Le Tribunal de district de Winterthour (ZH) a condamné trois Turcs à des peines pécunières pour discrimination raciale.

    Ils avaient qualifié le génocide arménien de «mensonge international», selon le jugement publié mardi 21 octobre.

    Ali Mercan, 58 ans, représentant en Europe du Parti des travailleurs turcs, écope d'une peine pécunière de 150 jours-amende à 30 francs, soit 4500 francs. M. Mercan avait nié le génocide lors d'une manifestation publique en juin 2007 à Winterthour.

    Les deux Turcs organisateurs de la manifestation sont condamnés pour complicité de discrimination raciale. Leur peine pécunière s'élève pour chacun à 120 jours-amende à 30 francs, soit 3600 francs.

    Le procureur avait requis des peines pécunières allant jusqu'à 12 000 francs. Pendant le procès, les trois prévenus ont déclaré qu'ils étaient prêts «à tout moment» à organiser une nouvelle manifestation et à y prendre la parole.



    Source: SDA/ATS

     

  • AGRESSIONS POLICIERES CONTRE DES MANIFESTANTS PACIFIQUES

    PORT-ROYAL, 9 MAI 2007.

    Des manifestants pacifiques défilent contre la manifestation d'Extrême Droite (retraite aux flambeaux) :

    la Police les arrêtent... voir suite ci-dessous (SOURCE INDYMEDIA http://paris.indymedia.org/)

    + Le gazage dans le car de condés n'était qu'un début

    raflés à Port Royal on s'est effectivement tapé 4 heures dans un panier à salade avec chauffage à fond et gaz. C'était déjà pas terrible. Après une fouille - violente pour certains, avec deux dents de cassées par exemple - on prend notre mal en patience dans les geôles du comico de la rue de Clignancourt. On sort les uns après les autres après jusqu'à 6 heures de "rétention administrative" (si quelqu'un pouvait m'éclairer sur ce qui serait plus qu'un contrôle d'identité sans être non plus une GAV). La personne sortie de geôle en même temps que moi est accusée d'avoir traité les condés de "pédés" ce qu'il nie fermement. Les flics lui laissent alors entendre "qu'il n'est pas sorti" mais lui rendent néanmoins ces papiers et sa fouille. Dans les couloirs, il est alors serré par un groupe de 4 ou 5 d'entre eux qui lui portent des coups violents tandis qu'on me pousse vers la sortie. Je retrouve alors une vingtaine de copains-copines qui patientent courageusement devant le comico, soit en soutien soit relâché-es peu auparavant. Il est 4 heures du matin et les flics sont de plus en plus agressifs, injurieux et menaçants. Puisque "la rue est à eux", ils nous disent de dégager alors que nous sommes certains que tous-toutes interpellé-es ne sont pas sortis (évidemment en particulier ceux qu'ils ont frappés). Puis ils nous chargent très brutalement à coups de tonfa portant des dizaines de coups indistincts alors que nous nous enfuyons. Un copain prend particulièrement cher, le crâne ensanglanté et le dos "suintant" du sang à travers ces vêtements. S'estimant sans doute menacés, les keufs reçoivent le soutien de bergers allemands et nous poursuivent sur plusieurs centaines de mètres. Tout a été filmé. Essayez de choper les images, ça donne vraiment la mesure des brutalités policières qui nous attendent tous-toutes dans les années à venir.

    Ca se paiera ! ! !

    Tweak

    le jeudi 10 mai 2007 à 05h50
  • Sondages après-élections !

    COMME TOUJOURS DEPUIS CES DERNIERS MOIS, LES SONDAGES DISENT TOUT ET SON CONTRAIRE !

    AVEC UNE CONSTANTE : LES MEDIAS LES PLUS REGARDÉS DONNENT TOUJOURS LES CHIFFRES "VALORISANTS" POUR SARKOZY ET LES MEDIAS MOINS PUISSANTS SONT TANTÔT FAVORABLES A L'UN ET L'AUTRE DES CANDIDATS (COMME DANS LA RÉALITÉ...)

     REVUE DES SONDAGES "ANALYSANT"LES VOTES DU SECOND TOUR :

    Répartition des votes par tranches d'âges...

    L'enquête menée par IFOP pour le JDD et M6 sur les intentions de vote au 
    deuxième tour donne gagnant Nicolas Sarkozy, avec 52,5% (-1,5%) contre 
    47,5 (+1,5) pour Ségolène Royal, avec 9% d'indécis.

    Le résultat le plus surprenant de cette étude ne tient pas à ce chiffre, 
    mais au détail de la répartition des votes par tranches d'âges.

    En effet Ségolène Royal arrive en tête des intentions de vote dans toutes 
    les classes d'âges situées en dessous de 65 ans.

    Si le candidat de l’UMP parvient tout de même en tête c'est qu'il fait un 
    tabac chez les retraités, avec un score atteignant 75% qui lui permet de 
    combler son retard.

    Ventilation par classe d'âge du vote Royal :

    18/24 ans : 53%

    25/34 ans : 54%

    35/49 ans : 56%

    50/64 ans : 51%

    65 ans et plus : 25%

    Voila donc une réalité sociologique inattendue : c'est le vieillissement 
    de la population qui tire le corps électoral français vers la droite. D'où 
    très certainement la logique d'avoir tapé sur Mai 68, une période sans 
    intérêt pour nous, Ségolène Royal ou Nicolas Sarkozy, mais un moment 
    fondateur pour tous ces vieux qui se sont fait peur à cette époque.

    Ainsi, loin d'être le candidat du travail et des forces vives comme son 
    discours volontariste semble l'affirmer, Nicolas Sarkozy serait en fait 
    celui de l'inquiétude et des peurs ressenties par une population 
    vieillissante, devant une modernité qui la bouscule et qu’elle refuse.

    Ainsi, malgré 5 années de propagande Sarkoziste avec l'aide massive de la 
    plupart des médias, Ségolène Royal serait majoritaire dans le pays dans 
    toutes les catégories d'âge de 18 à 64 ans !!!!!!!!

    Ainsi, tous les efforts des militants, des sympathisants, la mobilisation 
    d'une partie des abstentionnistes le 22 avril se heurte à cet implacable 
    constat : les trois quarts des seniors de plus de 65 ans ruineront tout 
    espoir de victoire !!!

    Avec une performance de 55 ou 60% pour Sarkozy, cette catégorie des plus 
    de 65 ans n'aurait pas pu faire basculer l'élection.

    Mais avec 75%, chiffre considérable, c'est toutes les intentions de vote 
    des moins de 65 ans en faveur de Ségolène Royal qui sont laminées.

    Comment se fait-il que personne n'en parle !!

    On peut comprendre que l'UMP n'ait aucun intérêt à ébruiter une telle étude  !!!
    Minoritaire chez tous les moins de 65 ans !! Une information des plus 
    désagréables ! Un échec cuisant ! 

     -----------------

    Institut : IPSOS
    Media : LE POINT

    Enquête IPSOS /DELL pour FRANCE 2 / EUROPE 1 / 20 MINUTES / LE POINT
    (la plupart de ces médias appartiennent aux "mais" de Sarkozy)

    3 609 personnes interrogées par téléphone le 6 mai 2007, constituant un échantillon national représentatif de la population inscrite sur les listes électorales.

    Méthode des quotas.
    Comme pour toute enquête quantitative, cette étude présente des résultats soumis aux marges d'erreur inhérentes aux lois statistiques.

    N. Sarkozy

     

    S. Royal

     

    TOTAL

     

    ENSEMBLE 53

     

    47

     

    100

     

    Sexe
    Hommes 54 46 100
    Femmes 52 48 100
    Age
    18 - 24 ans 42 58 100
    25 - 34 ans 57 43 100
    35 - 44 ans 50 50 100
    45 - 59 ans 45 55 100
    60 - 69 ans 61 39 100
    70 ans et plus 68 32 100
    Sexe x Age
    Hommes / Moins de 35 ans 54 46 100
    Hommes / 35 à 59 ans 49 51 100
    Hommes / 60 ans et plus 66 34 100
    Femmes / Moins de 35 ans 50 50 100
    Femmes / 35 à 59 ans 45 55 100
    Femmes / 60 ans et plus  64 36 100
    Profession de l'interviewé
    Agriculteurs 67 33 100
    Artisans, Commerçants 82 18 100
    Professions libérales, Cadres Sup. 52 48 100
    Professions intermédiaires 49 51 100
    Employés 49 51 100
    Ouvriers 46 54 100
    Statut de l'interviewé
    Salariés du privé 53 47 100
    Salariés du public 43 57 100
    Travailleurs indépendants 77 23 100
    Chômeurs 25 75 100
    Etudiants 42 58 100
    Retraités 65 35 100
    Dernier diplôme obtenu
    Pas de diplôme  51 49 100
    BEP/CAP/Certif. d'études primaires 54 46 100

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Les reports de voix tiennent compte à la fois des résultats du sondage et des éléments issus de l'analyse des transferts de voix dans les 200 bureaux de vote ayant servi à l'estimation des résultats du 2nd tour.

    La sociologie des électorats

    <><td width="48" style="padding-right: 0cm; padding-left: 0cm; background: #ffffcc; padding-botto</> <> </>
      N. Sarkozy

     

    S. Royal

     

    TOTAL

     

    ENSEMBLE

     

    53

     

    47

     

    100

     

    Sexe
    Hommes

     

    54

     

    46

     

    100

     

    Femmes

     

    52

     

    48

     

    100

     

    Age
    18 - 24 ans

     

    42

     

    58

     

    100

     

    25 - 34 ans

     

    57

     

    43

     

    100

     

    35 - 44 ans

     

    50

     

    50

     

    100

     

    45 - 59 ans

     

    45

     

    55

     

    100

     

    60 - 69 ans

     

    61

     

    39

     

    100

     

    70 ans et plus

     

    68

     

    32

     

    100

     

    Sexe x Age
    Hommes / Moins de 35 ans

     

    54

     

    46

     

    100

     

    Hommes / 35 à 59 ans

     

    49

     

    51

     

    100

     

    Hommes / 60 ans et plus

     

    66

     

    34

     

    100

     

    Femmes / Moins de 35 ans

     

    50

     

    50

     

    100

     

    Femmes / 35 à 59 ans

     

    45

     

    55

     

    100

     

    Femmes / 60 ans et plus 

     

    64

     

    36

     

    100

     

    Profession de l'interviewé
    Agriculteurs

     

    67

     

    33

     

    100

     

    Artisans, Commerçants

     

    82

     

    18

     

    100

     

    Professions libérales, Cadres Sup.

     

    52

     

    48

     

    100

     

    Professions intermédiaires

     

    49

     

    51

     

    100

     

    Employés

     

    49

     

    51

     

  • MANIFESTATIONS ANTI-SARKOZY

    *** VOIR PHOTOS DANS L'ALBUM "MANIFESTATIONS" ***

    Paris, 6 mai 2007

    Pourquoi les forces de l'ordre ont provoqué et laissé dégénérer les manifestations pacifistes anti-Sarkozy à Paris ?

    Introduction : Dès 20H15, les CRS ont barré toutes les rues autour de la place de la Bastille empêchant ainsi les manifestants de défiler vers la Concorde ou ailleurs.

    1. Dès le début des jets de projectiles, les CRS étaient en mesure d'arrêter les incidents.

    2. Jets de gaz lacrymogènes par séries de 5 en continu alors que les échanges entre manifestants et forces de l'ordre étaient quasiment nuls.

    3. Aucune intervention de la police lors de casses, d'incendies de véhicules, dégradation des arrêts de bus et pillages de vitrines.

    4. Confrontations frontales entre, d'un côté les manifestants et de l'autre, la police. A aucun moment, ils ne cherchent à encercler ou arrêter qui que ce soit.

    5. Lors de celles-ci, dans les rues attenantes à la place de la Bastille, le rapport numérique police - manifestants était égal voire supérieur du côté policier.

    6. Une fois les manifestants disparus, seules quelques rares vitrines étaient surveillées par la police.

    ----------------------

    REVUE DE PRESSE

    Manifestations anti-Sarkozy :
    incidents à Paris
    NOUVELOBS.COM | 06.05.2007 | 23:35

    Place de la Bastille, où 5.000 personnes étaient réunies, les forces de l'ordre ont chargé à coups de grenades lacrymogènes. Des centaines de manifestants à Rennes, Nantes, Brest. Incidents à Lyon.

    Place de la Bastille dimanche soir (photo prise par Maël Thierry, journaliste au Nouvel Observateur)
    Les forces de l'ordre ont chargé dimanche 6 mai au soir à coups de grenades lacrymogènes, place de la Bastille à Paris, des manifestants anti-Sarkozy qui leur lançaient pavés et projectiles.
    Entre 100 et 300 manifestants, dont des autonomes, pour certains masqués par des foulards ou la tête protégée par des sweat-shirts à capuche, allaient et venaient vers les forces de l'ordre pour lancer leurs projectiles tandis que les CRS restaient positionnés à l'entrée du boulevard Richard Lenoir et du boulevard Beaumarchais.
    Un petit groupe avait improvisé un concert sur de petites barricades et tenté auparavant de desceller un poteau indicateur sur l'un de ces deux boulevards.
    Au total, près de 5.000 personnes s'étaient rassemblées sur la place de la Bastille peu avant 22h00 afin d'exprimer leur déception et leur colère après la victoire du candidat UMP à la présidentielle.

    ---------------------
    PARIS (AFP) -
    Sur la place de la Bastille, quelque 5.000 manifestants "anti-Sarko", dont certains étaient masqués et portaient des drapeaux noirs, affrontaient les forces de l'ordre, vers 22H00, avec des projectiles divers - pavé, bouteilles - tandis que les gendarmes mobiles répliquaient par des tirs de lacrymogènes.

    Des détritus brûlés sur la place de Bastille à Paris après la victoire de Nicolas Sarkozy à la présidentielle le 6 mai 2007 (Photo: Miguel Medina / AFP)
    "Il y a ceux qui vivent bien, les riches et ceux qui vont continuer à souffrir beaucoup plus", a réagi pour sa part le président d'AC le Feu Mohamed Mechmache, à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). "La France n'a pas compris le message de ce qui s'est passé en octobre-novembre 2005" (émeutes).
    En province, à Lille, peu avant 22H00, environ 200 personnes, essentiellement des anarchistes brandissant des drapeaux noirs, se sont rassemblées sur la Grand Place. Aux cris de "Sarko facho, le peuple aura ta peau", les manifestants faisaient face à des policiers et leur jetaient quelques canettes et des poubelles. L'un des manifestants a été évacué après avoir été blessé à un bras lors d'une intervention des policiers, a constaté un journaliste de l'AFP.

    ----------------------

    ELECTIONS 2007

    730 voitures brûlées,
    592 interpellations
    NOUVELOBS.COM | 07.05.2007 | 18:21

    La police a revu à la hausse le bilan des affrontements entre manifestants anti-Sarkozy et forces de l'ordre dans la nuit de dimanche à lundi pendant laquelle 35 voitures ont notamment brûlé dans la capitale.


    Place de la Bastille à Paris (AFP)
    Sept cent trente voitures ont été brûlées en France métropolitaine au cours de la nuit du second tour de l'élection présidentielle, et 592 personnes ont été interpellées, selon un bilan définitif obtenu lundi 7 mai auprès de la direction générale de la police nationale (DGPN).
    Selon la même source, ce bilan précise que sur 730 voitures brûlées, 35 l'ont été à Paris, et que parmi les 592 interpellations, 79 sont également intervenues dans la capitale.
    Par ailleurs, 78 policiers et gendarmes ont été blessés au cours des incidents qui ont émaillé le second tour de la présidentielle.
    Dans un premier temps, la DGPN avait fait état de 367 voitures brûlées et 270 interpellations, ajoutant que 28 policiers et gendarmes avaient été blessés.
    Ce bilan, arrêté à 6h00 du matin, ne semblait pas faire état de la totalité des dégâts enregistrés dans le pays si l'on tient compte de chiffres obtenus auprès de préfectures et d'institutions régionales.
    La préfecture de police de Paris fait ainsi état à elle seule de 33 policiers blessés. La DGPN n'en recense que trois dans la capitale. D'autres bilans régionaux font état de dégâts matériels supérieurs.

    Magasins pillés à Lyon

    Le bilan de la DGPN ne fait ainsi pas mention d'attaques de bus au cocktail Molotov en région parisienne, ni de l'incendie criminel de l'école de la Lanterne à Evry (Essonne), ni d'une tentative d'incendie contre un centre d'action sociale dans la même ville, attestés de source policière.
    Il ne fait pas état non plus de magasins ravagés et pillés, comme à Lyon, où selon un décompte réalisé par Reuters, une vingtaine de devantures de magasins de la Presqu'Ile ont été brisées, ainsi que des abribus et des cabines téléphoniques. Dans la ville, la préfecture de police fait état de 13 blessés, dont 10 dans les rangs de la police, et 54 voitures incendiées.
    Dans le département du Nord, une centaine de voitures ont été incendiées, en particulier dans les villes de Lille et de Roubaix, rapportent les pompiers. Des dizaines d'abribus ont été brisés, des feux de poubelles observés. Environ 70 personnes ont été interpellées à Lille, selon la police.

    10.000 manifestants

    Dans un document interne, dont Reuters a eu connaissance, la DGPN estime que "le second tour des élections présidentielles n'a pas généré de grandes manifestations de violences urbaines dans les quartiers sensibles".
    Elle estime le niveau des violences de la nuit "au-dessus de celle d'un 14 juillet, mais inférieures à celles d'un Réveillon de la Saint-Sylvestre".
    Selon elle, environ 10.000 personnes ont manifesté dans toute la France contre le résultat de l'élection présidentielle qui a vu Nicolas Sarkozy accéder à l'Elysée.
    La police estime que les violences ont été provoquées par deux milieux distincts, des jeunes des banlieues pauvres, notamment autour de Paris, et des militants d'extrême gauche, anarchistes ou "autonomes" dans les centres des grandes villes.
    Les seconds ont par exemple affronté les forces de l'ordre durant plusieurs heures place de la Bastille à Paris, lieu traditionnel de rassemblement de la gauche lors des soirées électorales.
    Les manifestants, qui jetaient feux d'artifice et bouteilles, n'ont pu être dispersés que par un véhicule anti-émeute blindé équipé de canons à eau, a constaté un journaliste de Reuters sur place.

    A Bordeaux, Nantes et Rennes

    En province, outre Lyon et Lille, des échauffourées similaires se sont déroulées à Bordeaux, Nantes, Rennes et Toulouse notamment.
    A Nantes, où une manifestation contre Nicolas Sarkozy a rassemblé un millier de personnes dans la nuit de dimanche à lundi, 26 personnes ont été placées en garde à vue, selon Yves Monard, directeur départemental de la sécurité publique (DDSP) de Loire-Atlantique.
    Parmi elles figurent trois mineurs accusés d'avoir cassé un abri de bus. Six policiers ont été légèrement blessés et du côté des manifestants, une personne a été touchée par un tir de Flash Ball, mais ses jours ne semblent pas en danger.
    Dans des quartiers sensibles de la ville, 33 véhicules ont été incendiés ainsi que de nombreuses poubelles. Par ailleurs, plusieurs vitrines de commerçants ont été endommagées.
    "Il ne s'agissait pas d'une manifestation spontanée, mais d'un mouvement préparé par un noyau dur de militants anarchistes et d'extrême gauche", a estimé Yves Monard.
    En Normandie, la police a procédé à vingt interpellations à Rouen et à Caen, lors d'incidents survenus en marge de manifestations dans la nuit de dimanche à lundi.
    Quatre policiers ont été légèrement blessés à Caen où d'importants dégâts matériels - dégradations, bris de vitrines, voitures endommagées, tentative d'incendie de la permanence UMP - ont été commis, en marge d'une manifestation.
    Dans l'agglomération de Rouen, une dizaine de voitures ont été incendiées. (avec Reuters)

  • J-2 : SARKOZY ET SES CONTRADICTIONS

    24 HEURES après le débat "Ségo/Sarko" suivi par plus de 20 millions de français, une polémique (assez discrète) sur les sondages relatifs aux retombées du débat éclate.

    Les "chiffres", selon le sondage publié sur TF1, LCI et Le Figaro sont très "généreux" quant aux intentions de vote pour Sarkozy. Et les autres sondages sont tout-à-fait différents.

     

    Les voici : le moins que l'on puisse dire est que TF1/LCI/Le Figaro publient un sondage très différent de tous les autres médias... Ils sont les seuls, avec 20minutes, dans une moindre mesure, à mettre Sarkozy en première position : étrange, non ?

     

     

    METRO

    Ségolène Royal : 51%
    Nicolas Sarkozy : 41%
    Match nul : 7%


    MARIANNE

    Ségolène Royal : 65%
    Nicolas Sarkozy : 27%
    Match nul : 8%


    NOUVELOBS  

    Ségolène Royal : 55,77%
    Nicolas Sarkozy : 33,72%
    Le Milan AC : 10,51%


    LE MONDE 

    Ségolène Royal. 48.9 %
    Nicolas Sarkozy. 38.2 %
    Ni l'un, ni l'autre. 12.8 %


    TF1 LCI FIGARO
     

    Nicolas Sarkozy : 53%
    Ségolène Royal : 31%
     
    Match nul : 16%


    POUR 20MINUTES 

    Nicolas Sarkozy : 46.14%
    Ségolène Royal : 44.93%
     
    Match nul : 5.43%
    Match vraiment nul : 3.5% 

     

    Ainsi, contrairement à ce que viennent asséner sans relâche les nombreux porte-parole de Sarkozy dans les médias depuis hier, Ségolène Royal ne sort pas perdante de ce débat. Et, contrairement à ce que disent certains journalistes, trop prudents envers Sarkozy, le débat n'a même pas été sans conséquences sur les intentions de vote. Les sondages d'après débat sur les intentions de vote donnant du 54% pour Sarkozy sont bien étranges... Comment Sarkozy pourrait avoir gagné des points et être aussi haut, alors que, dans le même temps, il a perdu des voix Lepennistes (Le Pen vient d'appeler à voter blanc), il a perdu une partie des voix Bayrouïstes (qui vient d'appeler à NE PAS voter Sarkozy) et il a tenu un débat qui l'a déstabilisé sur quelques points.

     

    Quand Ségolène Royal lui demande des comptes sur son bilan en tant que ministre de l'intérieur qui avait clamé sa "tolérance zéro" en 2002 (la violence aux personnes a augmenté de 30% en 2006: tolérance loin de zéro!!!), il répond évasivement... Pourtant, le journal vendu au pouvoir "Le Figaro" affirme que c'est Ségolène Royal qui est restée floue durant le débat. Qu'on soit de droite ou de gauche, 1+1=2. L'évidence saute aux yeux. Ségolène Royal, malgré quelques maladresses, quelques erreurs de chiffres, qui ne remettent pas en cause les principes qu'elle a évoquées, s'est montrée audacieuse, déterminée, précise dans son projet de société et sur les méthodes et moyens qu'elle entend mettre en oeuvre. Elle a été bien supérieure à ce que ses détracteurs attendaient.

     

    Mais Nicolas Sarkozy n'est pas assez beau joueur pour l'admettre, alors, afin de ternir le brio de ce débat mené par Ségolène Royal, il manipule la presse, les médias, les chiffres... Il sait que l'image que l'on donne d'un événement après-coup est autant voire plus importante que la réalité de cet événement.

     

    Définitivement, Nicolas Sarkozy abuse de ses réseaux d'influences, il mafiaïse la politique française, il la salit et il salit la France. Il n'y a plus aucun doute sur ses intentions et sur sa malhonnêteté. Il peut répéter sans relâche qu'il est victime d'un procès d'intentions, il peut menacer les journalistes, les personnes qui le décrient, il peut faire tout ce qu'il veut, une partie non négligeable des français savent qui il est et ils ne l'oublieront pas et ils le feront savoir. Quoi qu'il arrive le 6 mai, nous n'allons pas tirer un trait sur ce scandale.

     ---------------

     

    Pour ceux qui ne l'auraient pas encore lu, voici l'article de Marianne du 14 au 20 avril 2007 sur "le vrai Sarkozy".

     

     

    Ce que les grands médias n’osent pas ou ne veulent pas dévoiler

    le vrai sarkozy

    Par jean-François Kahn, avec serge maury, philippe cohen, laurence dequay et le service france de "marianne".  

    Glaçant ! Il a dit glaçant. Mais s’il ne l’avait pas dit ? Car enfin, sept jours avant que François Bayrou ne laisse tomber ce glacial jugement, le généticien Axel Kahn avait déjà, dans Marianne, agité le grelot.  Ainsi Nicolas Sarkozy, qui, déjà (ceci explique cela), voulait faire repérer chez les marmots de 2 ans les bourgeons de la délinquance, avait pu, dans Philosophie Magazine, déclarer que, selon lui, la pédophilie et le suicide des adolescents étaient d’origine génétique, qu’on était en quelque sorte biologiquement programmé pour la déviance ou l’autodestruction, que l’action éducative ou sociale n’y pouvait rien, le rachat ou la miséricorde divine non plus – retour terrifiant du concept eugéniste du gène du crime – sans que, pendant dix jours, aucun journal quotidien ou hebdomadaire, aucune radio ou télévision réagisse. Ainsi, pour ne prendre qu’un exemple, avant la riposte bayrouiste, notre confrère le Monde, que des dérapages de Le Pen qui allaient beaucoup moins loin faisaient immédiatement monter au créneau, n’avait même pas consacré 10 lignes réprobatrices à cette stupéfiante rémanence de l’idéologie socio-biologique de l’extrême droite païenne. Comme s’il était beaucoup plus dangereux de tacler le patron de l’UMP que de stigmatiser le leader du Front national. Comme si Sarkozy faisait peur. Or cette sortie intervenait après l’annonce de la création, en cas de victoire de la droite, d’un « ministère de l’intégration et de l’identité nationale », annonce qui avait littéralement sidéré, et pour cause, la presse allemande, et dont même l’extrême droite autrichienne de Jörg Haider avait tenu à dénoncer les « nauséeux relents ». Et, surtout, après la série de furieuses philippiques, telles qu’on n’en avait plus entendu depuis quarante ans, inimaginables dans quelque pays européen civilisé que ce soit, relents de propagande stalinienne des années 50 et de rhétorique fascisante d’avant-guerre, qui revenaient à décrire les concurrents du leader UMP, qu’ils fussent centristes ou sociaux-démocrates, comme les candidats protégeant les délinquants, le vol et la fraude, donc du crime, les suppôts des voyous, les représentants du parti des malhonnêtes gens et de la dégénérescence morale, l’anti-France enfin, c’est-à-dire l’incarnation de la haute trahison. Or, cela n’avait nullement empêché que Jean-Louis Borloo, même malheureux comme les pierres, s’aplatisse ; que Simone Veil, fût-ce de la plus mauvaise grâce possible, assure la claque et, dans un premier temps au moins, que les médias, presque tous les grands médias, s’écrasent. Tant le personnage fait peur.

    Ses mots pour le dire

    Pourquoi ? Parce que ses entreprises de séduction envoûtent. Parce qu’il dispose, partout, et surtout dans les médias, d’amis dans la place et très haut placés ? Ou parce qu’on redoute la brutalité de ses réactions ? La preuve par l’affaire Azouz Begag. La scène se passe en 2006 : le ministre délégué à l’Egalité des chances, interpellé à propos de quelques fortes saillies du ministre de l’Intérieur, s’excuse : « Je ne m’appelle pas Azouz Sarkozy. » En guise d’agression, on a connu plus destructeur ! Aussitôt, explosion de fureur de Sarkozy qui menace « de casser la gueule de l’insolent » et lui hurle, par saccades rageusement répétitives, qu’il est « un connard, un salaud, qu’il ne veut plus jamais le voir sur son chemin ». On imagine, un instant, Malek Boutih racontant, dans un livre, que Ségolène Royal lui a aboyé à la figure que François Hollande allait « lui casser la gueule » parce qu’il aurait osé murmurer : « Je ne m’appelle pas Malek Royal. » Aussitôt, invitation sur tous les médias à raconter l’histoire, comme l’ex-socialiste Eric Besson. Là, service minimum. C’est Sarkozy qui a obtenu, comme toujours, le temps de parole. Pour expliquer que ce n’était là qu’infâme menterie. D’ailleurs, a-t-il expliqué sur i Télé, il « croi[t] n’avoir jamais rencontré Azouz Begag ». Surréaliste ! Depuis deux ans, ils font partie du même gouvernement. On imagine ce que signifierait le fait qu’effectivement, bien que siégeant sur les mêmes bancs et participant aux mêmes conseils, Sarkozy ait refusé de voir Begag ! Pour une fois, cependant, le démenti sarkozyen fait flop. Tout le monde sait, en effet, que les mots que rapporte Azouz Begag sont les siens et pas les pires ; que ces derniers jours, par exemple, il n’a cessé de traiter de « connards » ses propres conseillers et animateurs de campagne, accusés d’être responsables de la moindre difficulté de campagne. Un article qui le défrise dans Libération ? Il téléphone au propriétaire, qui est un ami : « Vous êtes un journal de merde ! Avec des journalistes de merde ! » Il refuse, contrairement à Royal et à Bayrou, pourtant très maltraité par Libé, de se rendre dans ce journal pour un entretien avec la rédaction : « Libé n’a qu’à se déplacer ! ». Il considère qu’il n’a pas été reçu à France 3 national avec les honneurs qui lui sont dus. A l’adresse de la direction il hurle : « Si je suis élu, je vous ferai tous virer ! »

    Insultes…

    C’est d’« enculés » que se font traiter les confrères d’une radio qui lui ont apparemment tapé sur les nerfs… qu’il a sensibles. Il soupçonne un journaliste d’être favorable à François Bayrou. « Ils couchent ensemble », commente-t-il. Evoquant certains de ses adversaires, il prévient, carnassier : « Je vais tous les niquer. Les niquer ! » Plus macho, tu ouvres un harem. Parlant de Michèle Alliot- Marie, qu’il soupçonnait, à tort, d’avoir joué un rôle trouble dans l’affaire Clearstream, ne l’appelle-t-il pas « la salope » ? L’économiste et expert financier Patrick Artus critique certaines propositions du candidat UMP. Il reçoit aussitôt un mail de son chef de cabinet « On s’en souviendra ! » Même expérience rapportée par un industriel qui eut le malheur de déplaire : « On se retrouvera. On est pour moi ou contre moi ! » « Je n’ai jamais été confronté, raconte ce patron, à un entourage aussi agressif, aussi belliqueux. » Pourquoi le préfet Dubois, responsable des relations presse de la Préfecture de police, est-il débarqué du jour au lendemain : parce qu’il aurait ricané des ennuis conjugaux du ministre ! Une enquête télé avait été réalisée dans les Hauts-de-Seine. Elle montrait l’incroyable pesanteur des pressions (avec carotte et bâton, promesses et chantage) qui se sont exercées sur les élus UDF de ce « Sarkoland » pour qu’ils lâchent Bayrou. L’enquête en question a été « trappée », comme on dit, sur ordre de la direction. Elle aurait déplu ! Sur une radio, interdiction a été faite à un confrère de rappeler, statistiques à l’appui, que le bilan du ministre en matière de sécurité n’est pas bon. Ça eût dérangé !

    Il n’a plus besoin d’intervenir

    Or, comme on ne prête qu’aux riches, on soupçonne systématiquement Sarkozy d’être intervenu. Mais, le plus souvent, ce n’est pas le cas. Ce n’est pas la peine. Il n’a même pas besoin. Quand Paris Match avait publié un reportage sur les amours new-yorkaises de Cécilia et de son chevalier servant, il avait, effectivement, effectivement, proclamé à la cantonade qu’il aurait la peau du directeur de la rédaction, Alain Genestar. Mais il en resta là. Mieux : il obligea Arnaud Lagardère à attendre plusieurs mois avant de le virer. Au Journal du dimanche, mieux encore : parce qu’il avait appris qu’on s’apprêtait à virer le directeur de la rédaction du journal, soi-disant pour lui complaire, il n’intervint cette fois, après avoir reçu et sans doute retourné le confrère, que pour exiger qu’il reste en place. Il a même tenu à donner son avis sur la journaliste politique que devrait embaucher une radio et sur le directeur que ne devrait pas engager Libération ! Ne prend-il pas un malin plaisir à lancer aux journalistes qui lui font cortège : « Je connais très bien votre patron. Je sais ce qui se passe dans votre rédaction. » On s’interroge donc : outre ses très fortes accointances avec les grands patrons des groupes de médias, estce la crainte qu’il suscite, la peur des représailles s’il est élu, qui expliquent cette relative impunité dont bénéficie Sarkozy quand il tient des propos ou prend des initiatives qui, venant de Le Pen ou de Ségolène Royal, provoqueraient une irruption réprobatrice dans le landernau ? Pourquoi toutes ces angoisses affichées en privé, peut-être excessives, mais qui ne s’expriment jamais en public : cette star de la télévision évoque, en cas de victoire du candidat UMP, « un risque de contrôle quasi totalitaire des médias » ; cette consoeur de LCI se dit « terrorisée à l’idée d’une présidence sarkozyste » ; cette journaliste du Figaro, qui connaît bien le candidat, et livre une description effectivement assez dantesque de son caractère. Mais pas question de se dévoiler. Il fait peur. « Ma rupture avec lui, confie Jean-François Probst, ex-secrétaire général adjoint du RPR des Hauts-de-Seine et collaborateur de Charles Pasqua, c’est le gaullisme. Je voulais, j’espérais qu’il serait l’homme de rassemblement. Or, il ne cesse de semer la division. Et j’ai passé l’âge de me laisser impressionner par un Hortefeux hystérique. » Mais les autres ?

    Les confrères étrangers osent, eux !

    Les confrères étrangers, eux, n’ont évidemment pas ces pudeurs. Le correspondant à Paris d’une radio suédoise interroge tout de go : « Sarkozy ne représente-t-il pas un risque de dictature ? » Un journaliste de la télévision croate qui a suivi le candidat dans ses pérégrinations en dresse un portrait, d’ailleurs exagéré, à faire dresser les cheveux sur la tête. Le Süddeutsche Zeitung de Munich dépeint « un macho sans scrupule et brutal qui joue avec la peur des gens ». Le Frankfurter Allgemeine Zeitung lui décerne le prix de « l’homme politique le plus ambitieux et plus impitoyable d’Europe qui n’a pas de vraie conviction, mais s’aligne sur l’humeur du peuple ». Le quotidien espagnol El Pais voit en lui un héritier populiste des « régénérationnistes de la droite espagnole de la fin du XIXe siècle ». Le Tageszeitung de Berlin (de gauche, il est vrai) décrit un George Bush tricolore qui veut imposer en France l’idéologie de la droite néoconservatrice américaine. La presse italienne insiste sur sa proximité avec la droite postfasciste de la péninsule (qui s’est, avec Gianfranco Fini, ouverte à la modernité). Si la presse conservatrice britannique identifie volontiers, avec admiration, Sarkozy à Mme Thatcher, la plupart des journaux européens, en particulier scandinaves, l’assimilent plutôt à un aventurier néobonapartiste qui représenterait une grave menace pour la démocratie.

    La peur de la trappe

    En France, en revanche, tout se passe comme si ce type d’analyse était indicible. On n’ose pas. On a peur. De quoi ? Des représailles si Petit César l’emporte ? De la trappe qui s’ouvrira aussitôt ? Celle qui s’est ouverte, par exemple, sous les pieds de la députée UMP Nadine Morano. Elue de Lorraine, fervente sarkozyste, talentueuse femme de tempérament, n’ayant pas froid aux yeux, elle faisait partie de la task force du candidat. Et, soudain, à la trappe ! Officiellement, parce qu’un reportage diffusé sur France 3 lui a attribué un rôle un peu ridicule. Mais il se trouve qu’étant l’une des rares à oser s’adresser avec franchise à son héros elle lui avait fait remarquer que, entouré d’une nuée de courtisans qui passaient leur temps à chanter ses louanges et sa gloire, il était devenu allergique à la moindre remarque critique. Elle s’était en outre inquiétée de sa tendance à s’immerger compulsivement dans les sondages qui lui renvoyaient constamment sa propre image. Résultat : out ! « Cramée », disent les « bonnes camarades » de la pécheresse. Il fait peur. Eh bien, il est temps de soulever cette chape de plomb. De braver cette conspiration du silence.

    Catherine Nay entre les lignes

    Il y a quelques mois, Guillaume Durand consacrait deux heures de son émission « Esprits libres », au livre plutôt hagiographique de Catherine Nay consacré à Nicolas Sarkozy. Les livres hostiles au candidat UMP, assez nombreux, n’ont jamais eu cette chance. Or la lecture de cet ouvrage, honnête malgré tout, laisse une impression étrange. Certes il est censé vanter les qualités du « grand homme » ; mais, en même temps, et au second degré, il en dresse un portrait psychologique extraordinairement préoccupant : celui d’un homme dont l’unique véritable sujet de préoccupation est lui-même, sa propre saga et sa quête obsessionnelle du pouvoir. L’histoire qui le fascine, c’est la sienne ; de l’humanité, il ne retient que sa part ; son ascension, à quoi se réduit son seul idéal, débouche sur l’arrivée au sommet qui constitue son seul rêve. Il ne lit qu’un livre, celui dont son ambition constitue la trame. N’écoute qu’une seule musique, celle qui lui permet sans répit de chanter son épopée. Aucune ouverture sur une autre perspective que celle dont sa personne dessine l’horizon, sur un autre monde que celui dont il occupe le centre. Analyse-t-il les changements qui se produisent autour de lui, dans la société ? Non… Mais, sans cesse, il revient sur le seul changement qui l’obsède et rythme ses discours : son propre changement, dont il fait comme un ressort. « C’est vrai, explique-t-il à Catherine Nay, j’étais égoïste, dépourvu de toute humanité, inattentif aux autres, dur, brutal… Mais j’ai changé ! » Sans cesse ensuite, au grand désarroi de ceux qui l’idolâtraient quand il était, à l’en croire, si mauvais, il fera l’aveu de tout ce que lui reprochent ses adversaires pour mieux magnifier l’ampleur des métamorphoses par quoi il se transcende. Quitte à se révéler, à l’usage, plus égotique et plus brutal encore. Au philosophe Michel Onfray il déclare, dans Philosophie Magazine : « Je vais peut-être vous consterner, mais je suis en train de comprendre la gravité des choix que j’ai faits. Jusqu’à présent, je n’avais pas mesuré. »

    Il n’a pas le droit de le dire

    Finalement, le livre de Catherine Nay, bien que non suspect de malveillance, ne révèle-t-il pas une certaine folie et des pulsions autocratiques chez cet homme qu’elle qualifie elle-même de « bonapartiste » ? L’hypothèse formulée suscite, aussitôt, une levée de boucliers indignée sur le plateau de l’émission. On n’a pas le droit de dire ça ! Verboten ! Le directeur du Point, Franz-Olivier Giesbert, siffle le hors-jeu. Lequel Giesbert, pourtant, ne se gêne nullement pour déclarer Dominique de Villepin passible de l’asile d’aliénés. Un talentueux éditorialiste de droite convient, en coulisse, qu’il y a « un vrai problème ! ». Halte là ! On n’a pas le droit de dire ça ! C’est tabou ! Pourtant, sur toutes les ondes. Eric Besson, l’ex-responsable socialiste, a pu expliquer que Ségolène Royal, Bécassine dangereusement allumée, déjà comparée par Brice Hortefeux à Pol Pot, au fasciste Doriot et à Staline, représente un mixte du maréchal Pétain et du général Franco. Concernant Chirac, Villepin, Le Pen ou José Bové, on peut également tout oser. Ce n’est qu’à propos de Nicolas Sarkozy qu’on n’aurait « pas le droit de dire ça ! ». Mais qu’en revanche il serait loisible, comme Paris Match la semaine dernière, de lui consacrer, sur des pages et des pages, des dithyrambes grotesques dignes de Ceausescu, certains journalistes de ce magazine dussent-ils nous avouer qu’ils en auraient « pleuré de honte », mais qu’on ne peut rien contre un ordre d’en haut ! (L’Express a même fait, sur deux pages, ce titre ubuesque : « Sarkozy : il gardera son calme. »)

    Et, pourtant, en privé, ils le disent

    Tous les journalistes politiques savent, même s’ils s’interdisent (ou si on leur interdit) d’en faire état, qu’au sein même du camp dont Sarkozy se réclame on ne cesse de murmurer, de décliner, de conjuguer. Quoi ? Ça ! Lui confier le pouvoir, c’est, déclara Jacques Chirac à ses proches, « comme organiser une barbecue partie en plein été dans l’Estérel ». Claude Chirac a, elle, lâché cette phrase : « J’aurais préféré Juppé. Lui, au moins, c’est un homme d’Etat. » Le ministre libéral François Goulard ne le dissimule pas : « Son égotisme, son obsession du moi lui tient lieu de pensée. La critique équivaut pour lui à une déclaration de guerre qui ne peut se terminer que par la reddition, l’achat ou la mort de l’adversaire. » Sa principale faiblesse ? Son manque total d’humanisme. « Chirac, lui, a le souci des autres, de l’homme. Sarkozy écrase tout sur son passage. Si les Français savaient vraiment qui il est, il n’y en a pas 5 % qui voteraient pour lui. » Un des plus importants hiérarques de l’UMP, officiellement soutien fervent du candidat (comment faire autrement ?), renchérit : « Sarkozy, c’est le contraire de l’apaisement. Chirac, vous verrez, on le regrettera. Lui, il n’a jamais eu de mots violents. » « Attention, met en garde le ministre de l’Agriculture, Dominique Bussereau, on va très vite à la révolte aujourd’hui. » « La France, c’est du cristal », dit, inquiet, Jean-Pierre Raffarin. Dominique de Villepin a mis sa langue dans sa poche. Il n’en pense pas moins… que Sarko « a loupé sa cristallisation » ; que « sa violence intérieure, son déséquilibre personnel, l’empêchent d’atteindre à la hauteur de la présidence ». Les chiraquiens du premier cercle, Henri Cuq (ministre délégué aux Relations avec le Parlement), ou Jérôme Monod, le conseiller, ne veulent pas déroger à la consigne du silence. Mais, en petit comité, les mêmes mots reviennent : « Ce garçon n’est pas mûr. Il n’est pas fini. Il a un compte à régler avec la vie qui le pousse à créer de l’affrontement partout, et non à rassembler. » D’autres brodent : « C’est un enfant qui n’atteindra jamais l’âge adulte. » A quoi Roselyne Bachelot réplique : « Mais tous les hommes sont immatures ! » On ne parle plus, on n’ose plus parler, comme hier – du moins tout fort –, de « malfrat » ou de « petit voyou » (pourtant, ce qu’on l’a entendu !). Mais, dans les coulisses de l’Elysée, on laisse simplement tomber : « On fait confiance au peuple français ! » Et, justement, il y a encore trois semaines, on se communiquait, en jubilant, les sondages qui indiquaient une montée en puissance de François Bayrou. Non point qu’on l’aime, celui-là, ce « démocrate-chrétien jésuitique » mais, enfin, on ne va pas « laisser la France tomber entre les mains de Catilina », dangereux aventurier populiste romain dénoncé par Cicéron.

    Comme une bande des « cités »

    Un député UMP spécialiste des problèmes juridiques, eut le malheur de s’opposer au ministre de l’Intérieur à propos des « peines plancher ». Il est, et reste, sarkozyste. Pourtant, il fait part de son effarement. Cette simple prise de distance lui valut d’être désigné du doigt, menacé de représailles, ostracisé par le clan avec une violence « digne d’une bande des cités ». C’est d’ailleurs un ex-haut responsable du RPR qui raconte : « En septembre 1994, aux journées parlementaires de Colmar, alors que Balladur était donné gagnant par tous les sondages, on eut affaire à la garde rapprochée de Sarkozy. Elle respirait l’arrogance, elle y allait de toutes les menaces. On disait aux députés restés fidèles à Chirac qu’il allait “leur en cuire”. » L’ancien vice-président du RPR des Hauts-de-Seine Jean-François Probst confirme : « Sarkozy croit toujours, comme en 1995, qu’il peut intimider les gens. Quand je l’ai rencontré, dans les années 80, il avait déjà ses qualités – énergie, ténacité –, et ses défauts, dont j’imaginais qu’il les corrigerait. Je pensais, notamment, qu’il comblerait son inculture. Bernique ! Il n’a fait que courir d’une lumière l’autre. Il est fasciné par ce qui brille, les nouveaux riches, le show off, les copains à gourmettes même s’ils trichotent avec les règles communes, Tom Cruise qu’il reçoit à Bercy, ébloui, et fait raccompagner en vaporetto. » Bien sûr, si les chiraquiens maintenus, les derniers villepinistes, les ultimes vrais gaullistes, quelques libéraux ou ex-centristes ralliés à l’UMP confient, à qui veut les entendre (mais les journalistes qui les entendent n’en rapportent rien), que l’hypothèse d’une présidence Sarkozy les terrifie ; qu’il y a « de la graine de dictateur chez cet homme-là » ; que, constamment, « il pète les plombs », de très nombreux élus UMP, les plus nombreux, sont devenus des groupies enthousiastes de l’homme qui seul peut les faire gagner et dont personne ne nie les formidables qualités de battant. Et le courage. Mais même eux n’étouffent pas totalement leur inquiétude et soulignent volontiers sa violence. « Oui, c’est vrai, reconnaît l’un deux, il antagonise, il clive, il joue les uns contre les autres avec la plus extrême cruauté. » « Il n’est vraiment totalement humain, confie un autre, que quand il s’agit de lui-même. » « Il a un problème de nerfs, de paranoïa, admettent- ils tous, mais il s’arrange, il mûrit, il se densifie. » Voire…

    Un lourd secret

    Donc, il y aurait, s’agissant du caractère de Sarkozy et de son rapport à la démocratie, comme un lourd secret qui, au mieux, préoccupe ses amis, au pis, angoisse ou affole ceux qui savent, un terrible non-dit dont bruissent les milieux politico-journalistiques, mais que les médias s’interdisent, ou se voient interdire, de dévoiler. Il fait peur ! La gauche elle-même participe de cette occultation. Sans doute s’attaque-t-elle à Sarkozy, parfois même avec outrance et mauvaise foi. Mais que lui reproche-t-elle ? D’être de droite, ou même, stigmatisation suprême, une sorte de « néoconservateur américain à passeport français », comme le clamait Eric Besson avant de retourner sa veste. Est-ce un crime ? La diabolisation de la différence est aussi contestable venant d’un bord que de l’autre. Le débat démocratique implique qu’il y ait une gauche, un centre, une droite, cette dernière n’étant pas moins légitime que ses concurrents. De même qu’une partie de l’opinion reproche au PS d’avoir trahi l’idéal socialiste ; de même une autre partie, importante, estime que Jacques Chirac a blousé son électorat en menant une vague politique de « centre gauche » et exige un fort coup de barre à droite. C’est cette aspiration « à droite toute » que Sarkozy incarne avec énergie et talent. Le combattre n’exige nullement qu’on criminalise a priori cette incarnation.

    Il est de droite, et après ?

    Oui, Sarkozy, en son tréfonds – et même si on l’a convaincu de ne plus rien en laisser paraître –, est « atlantiste » et entend rompre avec la politique gaulliste d’« orgueilleuse » prise de distance à l’égard des Etats-Unis. Oui, il se réclama de George Bush à l’époque où celui-ci triomphait ; oui, il est le candidat quasi unanimement soutenu par le CAC 40, le pouvoir financier et la très haute bourgeoisie ; oui, ses convictions en matière économique et sociale en font plus le disciple de Mme Thatcher que de Philippe Séguin ; oui, il se sent beaucoup plus proche du modèle néolibéral anglo-saxon que du modèle français mixte tel que l’ont façonné les gaullistes, les sociaux-démocrates et les démocrates-chrétiens. Le publicitaire Thierry Saussez, qui lui est tout acquis, explique que « sa manière de faire de la politique renvoie à ce que les patrons et les salariés vivent dans leurs entreprises ». Tout est business. Mais, finalement, en tout cela, il ne se distingue guère des droites européennes qui, comme lui, veulent démanteler l’Etatprovidence et approuvèrent la guerre de George Bush en Irak. Au demeurant, son pragmatisme, son cynisme même, son « populisme » de tonalité bonapartiste, son intelligence instinctive, ne permettent nullement de le décrire en ultralibéral ou en idéologue illuminé. Enfin, même si sa proximité avec la droite néofranquiste espagnole ou berlusconienne italienne n’en fait effectivement pas un « modéré », loin de là, et même si la rhétorique agressivement extrémiste qu’il déroule, depuis quelques semaines, le déporte loin du centre, le qualifier de « facho » ou de « raciste », comme s’y risque l’extrême gauche, est une stupidité. Pourquoi faudrait-il (à condition de ne pas abuser des camouflages logomachiques comme le fait le champion UMP quand il cite Jean Jaurès ou multiplie les envolées « ouvriéristes ») que se situer à droite constitue, en soi, un délit ? On accuse également Sarkozy, ici de soutenir « l’Eglise de Scientologie », et là d’avoir promis à Chirac une amnistie contre son soutien. Mais il n’existe aucune preuve. Donc, on ne retient pas.

    Cette vérité interdite

    Le problème Sarkozy, vérité interdite, est ailleurs. Ce que même la gauche étouffe, pour rester sagement confinée dans la confortable bipolarité d’un débat hémiplégique, c’est ce constat indicible : cet homme, quelque part, est fou ! Et aussi fragile. Et la nature même de sa folie est de celle qui servit de carburant, dans le passé, à bien des apprentis dictateurs. Oh, évidemment, cela se murmure, au point même de faire déjà, au sein de la couche supérieure de la France qui sait, et au fond des souterrains de la France qui s’en doute, un boucan d’enfer. Les médiateurs savent, les décideurs le pressentent. Mais les uns et les autres ont comme signé un engagement : on ne doit pas, on ne doit sous aucun prétexte, le dire. Etrange atmosphère que celle qui fait que, dans cette campagne électorale, ce qui se dit obsède peu, mais ce qui obsède énormément ne se dit pas ; que ce dont on parle au sein des médias et chez les politiques, les médias, précisément, et les politiques n’en parlent pas ! « Fou », entendons-nous : cela ne rature ni l’intelligence, ni l’intuition, ni l’énergie, ni les talents du personnage. « Fou » au sens, où, peut-être, de considérables personnages historiques le furent ou le sont, pour le meilleur mais, le plus souvent, pour le pire. Ecoutons ce que nous confie ce député UMP, issu de l’UDF, officiellement intégré à la meute « de Sarkozy » : « On dit qu’il est narcissique, égotiste. Les mots sont faibles. Jamais je n’ai rencontré une telle capacité à effacer spontanément du paysage tout, absolument tout, ce qui ne renvoie pas à luimême. Sarko est une sorte d’aveugle au monde extérieur dont le seul regard possible serait tourné vers son monde intérieur. Il se voit, il se voit même constamment, mais il ne voit plus que ça. »

    Plus fort que lui…

    Au fond, où est le mystère ? Sarkozy, c’est peut-être une qualité, est transparent. Aux autres et à lui-même. Moins il regarde, plus il se montre, s’affiche, se livre. D’autant, comme le reconnaît un publicitaire qui a travaillé pour lui, qu’il ne sait pas se réfréner, se contraindre. « Il est tellement fort, ajoute-t-il drôlement, qu’il est plus fort que lui. » La raison ne parvient jamais à censurer son tempérament. Prompt à interdire, de son propre camp pour, après le carnage, rester seul entouré de ses chaouches. » Après la défaite de 1995, ne s’est-il pas livré, dans le journal les Echos, sous pseudonyme, à une descente en flammes de ses propres comparses : François Fillon ? « Un nul qui n’a aucune idée. » Michel Barnier ? « Le vide fait homme. » Philippe Douste-Blazy ? « La lâcheté faite politicien. » Alain Juppé ? « Un dogmatique rigide. Fabius en pire. » Quant à Villepin, il s’est plu, si l’on en croit Franz- Olivier Giesbert, à lui promettre de finir « pendu au croc d’un boucher ». Vis-à-vis des autres, fussent-ils des amis politiques, aucune tendresse ! Jamais !

    Il suffit de l’écouter

    Sarkozy, il suffit, au demeurant, de le lire ou de l’écouter. De quoi parle-t-il ? De lui. Toujours. Compulsivement. Psychanalytiquement. Que raconte-t-il ? Lui ! Qui prend-il comme témoin ? Lui ! Qui donne-t-il en exemple ? Lui ! Il est, jusqu’au délire parfois, sa propre préférence. Jamais hors « je ». Ce « je » qui, à l’entendre, est forcément « le seul qui », « le premier à », « l’unique capable de », « le meilleur pour ». Comme si l’univers tout entier était devenu un miroir qui ne lui renvoie plus que son reflet, quitte à entretenir constamment chez lui l’angoisse que le miroir lui dise un jour, comme à la marâtre de Blanche- Neige, qu’il n’est « plus la plus belle ». C’est pourquoi, d’ailleurs – et même ses proches s’en effarent –, il vit constamment immergé dans les enquêtes d’opinion, qui, plusieurs fois par jour, ont pour objet de le rassurer sur l’évolution de son image. Un argument ne passe pas ? On y renonce. Un mot fait tilt ? On le répète à satiété. Une peur s’exprime ? On la caresse dans le sens du poil. Le public veut des expressions de gauche ? On lui en servira. Une musique d’extrême droite ? On la lui jouera. Il a même été jusqu’à faire l’éloge de la violence sociale… des marins pêcheurs. Il commande tellement de sondages qu’il est devenu le meilleur client de certains instituts, qui, du coup, ont quelques scrupules à ne pas satisfaire son contentement de soi. Il a même réussi à inspirer à l’Ifop des sondages, publiés dans le Figaro, dont les questions quasiment rédigées par son entourage (sur l’affaire de Cachan ou la polémique avec les juges) ne permettaient pas d’autres réponses que celles qui le plébiscitaient.

    Il est « le seul qui… »

    Etrangement, si, constamment confronté à son reflet, il ne cesse d’intervenir pour en corriger les ombres, sa capacité d’écoute (ou de lecture) est extrêmement faible. Invite-t-il des intellectuels médiatiques à déjeuner au ministère de l’Intérieur il ne sait pas s’interdire. Quelque chose en lui, d’irrépressible, toujours, l’entraîne au-delà. « Sur un vélo, rapporte Michel Drucker qui a souvent pédalé à ses côtés, même quand il s’agit d’une promenade, il se défonce comme s’il devait constamment battre un record. » Tous ses proches emploient spontanément la même expression : « Il ne peut pas s’empêcher. » Par exemple, de dire du mal de Chirac, même quand la prudence exigerait qu’il s’en abstienne. Ainsi, en 1994, cette salve : « L’électroencéphalogramme de la Chiraquie est plat. Ce n’est plus l’Hôtel de Ville, c’est l’antichambre de la morgue. Chirac est mort, il ne manque plus que les trois dernières pelletées de terre. » Il ne peut pas s’empêcher, non plus, de se livrer à un jubilatoire jeu de massacre en direction de ceux, de son propre camp, qui ne sont pas de sa bande ou de sa tribu. « Jamais, peut-être, un leader politique n’avait aussi systématiquement pris son pieddixit une de ses victimes au sein de l’UMP – à assassiner, les unes après les autres, les personnalités que l’un d’eux, Pascal Bruckner (qui pourtant le soutient), explique que, loin de s’imprégner de leurs analyses, il a pratiquement parlé tout seul. Reçue par lui, la démographe Michèle Tribalat lui écrit : « J’ai pu apprécier votre conception du débat. Vous n’imaginez pas qu’un autre point de vue (que le vôtre) présente un quelconque intérêt. » D’ailleurs, il refuse les débats. Lors de ses prestations télévisées, on s’arrange pour qu’il n’ait jamais de vrais contradicteurs pouvant exercer un droit de suite. Le plus souvent, il choisit, d’ailleurs, lui-même les autres intervenants. Cette abyssale hypertrophie du moi, à l’évidence, entretient chez Sarkozy cette hargne de conquête, de contrôle, cette boulimie de pouvoir exclusif, le conduit à éradiquer toutes les concurrences potentielles et à neutraliser, à étouffer contestations et critiques. Il suffit, d’ailleurs, de l’écouter, mais aussi de le regarder « être » et « faire ». Jamais il ne se résout à n’être qu’un membre, fût-ce le premier, d’un collectif. Forcément l’unique, le soleil autour duquel tournent des affidés. D’où sa prédilection pour un entourage de groupies de grandes qualités et de grands talents, à la vie à la mort, « une garde rapprochée » comme on dit, mais aussi de porte-serviettes et de porte-flingues, de personnages troubles encombrés de casseroles et de transfuges. Avec eux, peu de risques !

    Double discours

    Il y a, chez Sarkozy, une incroyable dichotomie du discours (ou plutôt du double discours). Seul peut l’expliquer le fait que le rapport à lui-même est, chez lui, à ce point central que cette centralité de l’ego épuise en elle-même, et donc en lui-même, toute contradiction. Ainsi, au lendemain de ses brutales tentatives de criminalisation de ses concurrents, Bayrou l’ayant épinglé sur l’affaire du déterminisme génétique, il déclare benoîtement : « Un candidat devrait s’abstenir de toute attaque contre ses adversaires ! » Le jour même où il décide de jouer à fond, contre les candidats qui lui sont opposés – et avec quelle violence ! –, la stratégie guerrière de l’affrontement manichéen, il présente un opuscule dans lequel il explique (sous la rubrique « J’ai changé ») qu’il eut, certes, sa phase brutale, mais qu’il est désormais totalement zen et apaisé. Azouz Begag, dans son récit, rapporte que, lorsqu’il osa critiquer l’emploi du mot « racaille », le ministre de l’Intérieur hurla qu’il s’agissait d’un scandaleux manque de solidarité gouvernementale, qu’il était inconcevable qu’un ministre critique un collègue. Or, depuis des mois, il avait lui-même déclenché un tir nourri contre Chirac et Villepin, son président de la République et son Premier ministre. D’une façon générale, il en appelle volontiers à une solidarité sans faille des siens, tout son camp devant se mettre à sa disposition, mais, pendant la crise du CPE, alors qu’il avait lui-même, le premier, préconisé ce type de contrat de travail, non seulement il en pointa soudain l’inanité et exigea son retrait, mais, en outre, il incita l’un des leaders de la révolte estudiantine à « tenir bon ». Il s’agissait, évidemment, d’achever Villepin.

    Comm e on ass ass ine tous les concurrents…

    A entendre les chiraquiens, même ceux qui se sont ralliés à son panache, c’est lui, Sarkozy, qui, ministre du Budget de Balladur, lança la justice sur la piste du scandale des HLM de Paris après que, dans l’espoir d’un étouffement, l’industriel Poullain, le patron d’une société de revêtement, eut emmené le dossier à son lieutenant, Brice Hortefeux. Objectif ? Abattre Chirac ! C’est lui encore, prétendent-ils, qui aurait fait révéler, au Canard enchaîné, l’affaire de l’appartement d’Hervé Gaymard, en qui il voyait un adversaire. C’est lui encore qui fit distiller, dans la presse, de quoi faire continuellement rebondir le feuilleton du scandale Clearstream transformé en machine à broyer et achever Dominique de Villepin. Quand, dans un grand meeting parisien, il lança que la victoire du oui au référendum européen permettrait de sortir, enfin, du modèle social français, n’était-il pas conscient qu’il favorisait de la sorte le camp du non et, par voie de conséquence, plombait le pauvre Jean-Pierre Raffarin ? Autrement dit, soyez avec moi, moi qui ai profité de toutes les occasions pour être contre vous. En fait Sarkozy vit ses contradictions comme une cohérente unicité de parcours dès lors que c’est lui, l’unique, le point central, qui porte et justifie cette cohérence. Ainsi, lorsqu’il accuse ses concurrents, de gauche ou centristes, d’être les candidats de la fraude, de la voyoucratie et de la dégénérescence morale, c’est le jour où Tapie, l’un des rares affairistes qui lui manquait encore, se rallie à lui.

    Faillite morale, dit-il

    Quelle capacité d’auto-amnistie cela révèle ! Car, enfin, se faire, fût-ce en partie, offrir un luxueux appartement aménagé par le promoteur qu’on a systématiquement favorisé en tant que maire, et dans l’espace dont on a, toujours comme maire, financé l’aménagement, est-ce un exemple d’attitude hautement morale ? Permettre, après qu’on fut devenu ministre, à son ancien cabinet d’avocats, en partie spécialisé dans les expulsions de locataires après vente à la découpe, de continuer à porter son nom – société Arnault Claude- Nicolas Sarkozy –, ce qui s’avère d’autant plus intéressant qu’on continue à détenir un gros paquet d’actions et à toucher des dividendes –, est-ce le modèle même du comportement impitoyablement moral ? Publier un livre consacré à l’ancien ministre Georges Mandel qui se révèle, pour partie au moins, être un plagiat coupécollé de la thèse universitaire de Bertrand Favreau, certaines erreurs comprises, estce la quintessence du moralisme intégral ? Est-ce une moralité sans faille qui permit à Thierry Gaubert d’organiser son vaste système de gestion arnaqueuse du 1 % logement dans les Hauts-de-Seine à l’ombre des réseaux sarkozystes dont il fut, un temps, l’un des principaux rouages ? Est-ce sous le drapeau de la moralité qu’on envoya de gros clients très évasifs au banquier suisse Jacques Heyer qui, d’ailleurs, consuma leur fortune (celle de Didier Schuller en particulier) ? Les rapports d’affaires (ou de tentatives d’affaires) avec l’intermédiaire saoudien Takieddine étaient-ils placés sous le signe de l’intégrisme moral ? Le soutien constant apporté aux intérêts du groupe Barrière dans les casinos et les machines à sous ne fut-il dicté que par des considérations moralistes ? Pourquoi, enfin, avoir promis de rendre public son patrimoine et être le seul à s’en être abstenu ?

    Un système clanique

    Sarkozy n’est pas du tout un malhonnête homme. Simplement il est, fût-ce à son corps défendant, le pur produit d’un système, celui du RPR des Hauts-de-Seine, dont Florence d’Harcourt, l’ex-députée gaulliste de Neuilly, a crûment décrit l’irrépressible mafiosisation, renforcée par le déferlement des flux financiers immobiliers générés par le développement du quartier de la Défense, dont Sarkozy tint d’ailleurs à présider l’établissement public. Son suppléant, en tant que parlementaire, fut d’ailleurs le maire de Puteaux, Charles Ceccaldi-Raynaud, puis sa fille qui, bien qu’adjointe à la mairie de Puteaux, bénéficia en même temps d’un emploi fictif à la mairie de Neuilly. Quand Sarkozy voulu récupérer son siège de député, hop !, on la nomma au Conseil économique et social. Devenu, à tort ou à raison, le symbole d’une certaine « ripouïsation » d’un demi-monde de politiciens locaux, Ceccaldi-Raynaud, petit dirigeant socialiste en Algérie française, dû regagner précipitamment la métropole à la suite des graves accusations dont il était l’objet, y compris d’avoir toléré des mauvais traitements dans un camp de prisonniers dont il était responsable. En France, élu de la gauche SFIO à Puteaux, il passa à droite et, lors de l’une de ses premières campagnes électorales, ses gros bras tuèrent un militant socialiste et en blessèrent d’autres. Ensuite, il traîna derrière lui tellement de casseroles (dernière affaire : il est mis en examen dans une affaire de marché truqué de chauffage urbain) qu’il devint une sorte de mythe. Sarkozy, ce qui plaide peut-être en faveur de son sens de la fidélité, ne l’a jamais lâché, même quand, ministre des Finances, il aurait pu ou dû. Quand la fille Ceccaldi-Raynaud, députée-maire à son tour, mécontente des critiques d’un journaliste blogueur, laisse publier sur le site de la mairie une lettre laissant supposer une inclinaison infamante, Sarkozy ne moufte toujours pas. Il resta pareillement fidèle à son grand ami le député-maire de Levallois Patrick Balkany. Quand ce dernier, archétype lui aussi du roi de la magouille affairisto- municipale, employeur à son seul profit du personnel de la mairie, accablé par la justice et accusé, en prime, de se livrer à des fellations sur menace de revolver, écarté du RPR, est défié par un gaulliste clean, Olivier de Chazeaux, qui soutint Sarkozy ? Patrick Balkany. C’est-à-dire le délinquant. Notons que les Levalloisiens, par suite d’une gestion que soutient Sarkozy, supportent une dette de 4 000 à 6 000 € par habitant. C’est, d’ailleurs, le cabinet d’avocats Sarkozy qui défend, en autres, la mairie de Levallois, laquelle accumule les contentieux.

    Qui sont ses soutiens ?

    Faut-il rappeler que ses principaux et premiers supporteurs dans le monde politique ne furent et ne sont pas spécialement vêtus de probité candide : Alain Carignon, Gérard Longuet, Thierry Mariani, Manuel Aeschlimann (150 procédures, 600 000 € de frais d’avocats par an) et même Christian Estrosi n’ont pas précisément défrayé la chronique à cause de la blancheur immaculée de leur curriculum vitae. Il paraît même que Pierre Bédier en pince désormais pour lui. Quant à son fan-club, qui prétendra qu’il n’est constitué que de parangons de vertu : Doc Gyneco, chargé comme un sherpa, Johnny Hallyday qui répudie la France pour ne plus payer d’impôts, comme Jean-Michel Goudard, l’un de ses principaux conseillers en communication, Antoine Zacharias, le Napoléon des stock-options ? Certes, à l’image de Simone Veil ou de l’écrivain Yasmina Reza, de très nombreuses personnalités de grande qualité, représentant tous les milieux et toutes les professions, soutiennent également Sarkozy, y compris certaines en provenance d’une haute intelligentsia réputée de gauche, mais droitisée par leur soutien à la guerre d’Irak. Reste que le profil de ses partisans les plus enthousiastes et les plus engagés, y compris les plus faisandés des expetits marquis mitterrandolâtres, ne font pas nécessairement de Sarkozy (dont il n’est pas question de mettre en doute l’intégrité ou l’allergie à la déviance) le mieux placé pour dépeindre l’ensemble de ses adversaires en défenseurs de la fraude, de la délinquance et de la décadence morale.

    « L ’identité nationale », parlons-en…

    Est-il, en revanche, fondé à se proclamer seul défenseur de « l’identité nationale » ? Mais qui se déclarait « fier d’être surnommé Sarkozy l’Américain » ? Qui affirma, aux Etats-Unis, qu’il se sentait souvent « un étranger dans son propre pays » ? Qui regretta que la France ait brandi son droit de veto pour s’opposer à la guerre d’Irak ? Qui stigmatisa, depuis l’Amérique, « l’arrogance » dont aurait fait preuve Dominique de Villepin lors de son fameux discours devant le Conseil de sécurité de l’ONU ? Qui, avant de confier au chiracoséguiniste Henri Guaino le soin de rédiger ses interventions, opposa sans cesse le ringardisme du « modèle français » à la modernité du modèle anglo-saxon ? Nicolas Sarkozy pourrait d’ailleurs largement figurer dans la rubrique « Ils ont osé le dire », tant ses propos, depuis quinze ans, illustrent éloquemment tout ce qui précède, c’est-à-dire une dichotomie rhétorique qui se cristallise dans l’unicité de son exaltation du moi ! Citons, presque au hasard : « Il y en a combien qui peuvent se permettre d’aller à La Courneuve ? Je suis le seul [toujours le seul !] à être toléré dans ces quartiers. Je suis le seul ! » « J’irai systématiquement, toutes les semaines, dans les quartiers les plus difficiles et j’y resterai le temps nécessaire » (2005).

     

    « Kärcher en septembre, 200 000 adhérents [à l’UMP] en novembre. » « Racaille, le vocable était sans doute un peu faible. » « Vous savez pourquoi je suis tellement populaire ? Parce que je parle comme les gens » (avril 2004). « Maintenant, dans les réunions publiques, c’est moi qui fais les questions et les réponses et, à la sortie, les gens ont l’impression qu’on s’est vraiment parlé » (le Figaro, mai 2005). « Les gens qui habitent Neuilly sont ceux qui se sont battus pour prendre plus de responsabilités, pour travailler plus que les autres. » « Si je ne faisais pas attention, tous les jours je serais à la télévision jusqu’à ce que les téléspectateurs en aient la nausée » (1995). « Le rôle du politique est de tout faire pour ne pas exacerber les tensions. Plus la société est fragile, moins le discours doit être brutal. La meilleure façon de faire avancer la société, c’est de la rassurer, non de l’inquiéter. La réforme doit être comprise comme un ciment, non comme une rupture » (juillet 2006 dans Témoignages). « Je n’aime pas étaler ce qui, finalement, appartient à ma vie privée. » « La France souffre de l’égalitarisme et d’un état de nivellement. » « Dans un monde où la déloyauté est la règle, vous me permettrez d’afficher, de manière peut-être provocante, ma loyauté envers Jacques Chirac » (juin 1992). « Je refuse tout ce qui est artifice pour façonner à tout prix une image, les photos avec femme et enfants, la success-story, vouloir se faire aimer, poser en tenue décontractée. » On nous dira, ensuite : il faut lui faire confiance, il faut le croire. Mais où est le filet de sécurité ?

    Le vrai danger

    On évoque obsessionnellement le danger Le Pen. Il existe un risque, en effet. Un terrible risque que, comme en 2002, le leader de l’extrême droite déjoue tout les pronostics et porte ainsi un nouveau coup à notre système démocratique. Mais tout le monde sait que Le Pen, lui, ne sera pas élu président de la République. Heureusement, il ne dispose, lui, contrairement à son adversaire – concurrent de droite (à l’égard duquel il fait preuve d’une certaine indulgence), ni du pouvoir médiatique, ni du pouvoir économique, ni du pouvoir financier. Pouvoirs qui, en revanche, si Sarkozy était élu – et il peut l’être –, ainsi que le pouvoir policier et militaire, seraient concentrés, en même temps que les pouvoirs exécutif et législatif, entre les mêmes mains, lesquelles disposeront, en outre, d’une majorité au Conseil constitutionnel, au CSA et au sein de la plupart des institutions du pays. Hier, le journal la Tribune trappait un sondage parce qu’il n’était pas favorable à Sarkozy ; une publicité pour Télérama était interdite dans le métro parce qu’elle était ironique à l’égard de Sarkozy ; un livre était envoyé au rebut, le patron d’un grand magazine également, parce qu’ils avaient importuné Sarkozy ; Yannick Noah était censuré, parce que ses propos déplaisaient à Sarkozy. Aucun journal, fût-il officiellement de gauche, n’a échappé aux efficaces pressions de Sarkozy. Voter Sarkozy n’est pas un crime. C’est même un droit. Nous ne dirons pas, nous, que ce candidat représente la fraude, la délinquance, l’anti-France et la faillite morale. Nous voudrions simplement qu’on se souvienne plus tard – quitte, ensuite, à nous en demander compte – que nous avons écrit qu’il représente pour la conception que nous nous faisons de la démocratie et de la République un formidable danger. S’il est élu, nous savons que nous pourrions en payer le prix. Nous l’acceptons !