Je propose ici sept articles relatifs à la probabilité que Jésus fut marié… éventuellement à Marie-Madeleine, selon le romancier Dan Brown.
Après avoir lu le “Da Vinci Code” de Dan Brown et une cinquantaine d’articles de presse, j’ai établi cette sélection de textes sur le Web.
“Jésus marié ?”… tout le monde en parle, mais “tout le monde”, c’est une majorité d’ignorants et d’illuminés. Dès qu’un débat touche Jésus, la religion et Dieu, on a plus de chances de lire des élucubrations que des faits avérés ou, au moins, cohérents.
La rigueur n’est pas l’apanage des autodidactes en théologie…
La première question que je me pose autour de ce sujet, est :
“Où Dan Brown voulait-il réellement en venir ?”
A-t-il simplement voulu écrire un bon roman en s’inspirant d’un des sujets les plus brûlants du monde ? A-t-il voulu relancer un débat mondial sur Jésus et, du même coup, convaincre sur sa théorie ? Aurait-il eu des connaissances particulières qu’il a voulu partager sans pour autant prendre de risques (on ne peut l’accuser de faire croire à des faits non avérés, puisqu’il a publié son texte sous forme de roman…)
Wikipédia
Da Vinci Code
(The Da Vinci Code) est un roman écrit par Dan Brown en 2003, composé de 105 chapitres et composant le deuxième volet de la trilogie Robert Langdon. Le titre de la première édition francophone était Le Code de Vinci. Il fut adapté au cinéma en 2006 par Ron Howard.
Robert Langdon, un symbologiste américain, est entraîné malgré lui, lors d'un voyage à Paris, dans l'affaire du meurtre de Jacques Saunière, conservateur au Musée du Louvre. Langdon est soupçonné du meurtre, principalement à cause d’un message que Saunière a écrit sur le sol avant de mourir, s’achevant par la phrase « P.S. Trouver Robert Langdon ». Seule Sophie Neveu, cryptologue et petite-fille de Saunière, croit en l’innocence de l’Américain. Persuadée que le message de son grand-père s'adresse à elle en particulier, Neveu demande à Langdon de l'aider à en comprendre le sens (le message pouvant d'ailleurs leur permettre de comprendre qui est le vrai meurtrier). En retour, elle l'aide à échapper au commissaire Fache, lancé à ses trousses...
Langdon et Neveu découvrent par la suite que Saunière était à la tête du Prieuré de Sion, une ancienne et puissante confrérie, et qu'il a été assassiné par un membre de l'Opus Dei. L'assassin voulait protéger un secret dont le conservateur du Louvre avait connaissance, un secret susceptible d’ébranler les fondements de la Chrétienté: Jésus de Nazareth a eu un enfant avec Marie Madeleine. Touché d’une balle dans le ventre, agonisant, Saunière a eu peur que le secret ne se perde après sa mort, et a donc cherché à le transmettre à sa petite-fille. Pour cela, il a écrit sur le sol un message abscons, espérant qu'elle seule pourrait le comprendre, à condition qu'elle soit aidée par le symbologiste Langdon, qu'il connaissait et en qui il avait confiance (d’où le « Trouver Robert Langdon », qui n’est nullement une accusation contre l'Américain). Il a également choisi de mourir dans une position symbolique rituelle, rappelant celle de l’Homme de Vitruve, de Leonard de Vinci, permettant ainsi à Langdon et à Neveu de comprendre que le secret a un rapport avec le peintre italien: en effet, celui-ci aurait été le chef du Prieuré de Sion et aurait cherché à exprimer à travers ses œuvres, de façon indirecte, ses idées sur la nature de la relation entre Jésus et Marie Madeleine.
Le thème central du Da Vinci Code est la lutte secrète entre les instances dirigeantes de l'Église catholique romaine et le Prieuré de Sion. L'objet de cette lutte est un secret connu des deux organisations, à savoir la paternité du Christ. La divulgation de ce secret menacerait le pouvoir de l'Église et risquerait d'ébranler les fondements de la civilisation occidentale. Soucieuse de conserver son pouvoir, l'Église semble donc chercher à détruire tout détenteur du fameux secret (dont le Prieuré), tandis que les membres du Prieuré luttent pour la préservation de ce même secret, qu'ils se transmettent de génération en génération. Est par ailleurs évoquée en arrière-plan l'idée selon laquelle l'Église Catholique, voulant acquérir et garder le pouvoir, s'est interposée et imposée comme intermédiaire entre l'homme et Dieu. Ainsi, l'union sexuelle, qui laisse toute la place à l'altérité homme - femme et qui est un moyen privilégié d'entrer en contact direct avec Dieu (voir la scène du Hieros Gamos, Union sacrée), est déclarée péché.
JÉSUS, MARIE MADELEINE, LES SECRETS DE L'EGLISE...
Dan Brown relu et corrigé
Propos recueillis par Claire Chartier et (LEXPRESS.fr), publié le 17/05/2006
Pour L'Express, Frédéric Lenoir, sociologue des religions et journaliste, passe Da Vinci Code au crible. Entretien
Le Prieuré de Sion est au cœur de l'énigme de Da Vinci. Vous vous êtes lancé sur la piste de cette société secrète, dont personne avant vous n'avait eu l'idée de vérifier l'existence. Qu'avez-vous découvert?
Au risque de décevoir certains lecteurs, il n'existe pas de prieuré fondé par Godefroi de Bouillon en 1099. Le seul Prieuré de Sion dont l'histoire garde la trace est celui que créa un dénommé Pierre Plantard, dessinateur dans une usine de poêles d'Annemasse, le 25 juin 1956! Il s'agit d'une association (loi de 1901), dont les statuts ont été déposés à la sous-préfecture de la Haute-Savoie. Le mont Sion auquel le nom de la société fait référence ne renvoie pas à la montagne de Jérusalem, mais à celle de Haute-Savoie. Ce Pierre Plantard - comme Sophie Plantard de Saint Clair, l'héroïne de Da Vinci Code - prétendait descendre des rois mérovingiens - là encore, comme la Sophie du roman. Fils d'un valet de chambre, pétainiste et mythomane, Pierre Plantard a d'abord voulu être prêtre, puis s'est tourné vers l'ésotérisme. A la fin des années 1950, au moment où il fonde son fameux Prieuré, il découvre l'affaire de Rennes-le-Château, qui va lui permettre d'enrichir sa légende personnelle.
Une histoire rocambolesque...
Tout à fait! Elle met en scène l'abbé Béranger Saunière, qui - nouveau clin d'œil de Dan Brown - inspirera le patronyme de Jacques Saunière, le conservateur du Louvre assassiné au début du roman. En 1885, ce curé débarque dans la petite paroisse de Rennes-le-Château, dans l'Aude, dont l'église, dédiée à Marie Madeleine, est en ruine. Il la restaure et, sans que l'on sache pourquoi, se met à fouiller le cimetière. Puis il fait bâtir une tour et une maison de retraite pour les vieux prêtres. «D'où vient l'argent?» s'interrogent les gens du pays. La rumeur grandit: le curé aurait découvert dans un pilier de son église des parchemins qui l'auraient amené à s'intéresser au cimetière. Pourquoi pas? Ce qui est certain, c'est que l'abbé Saunière s'adonne au trafic de messes: il écrit à des centaines d'œuvres catholiques à travers l'Europe pour demander de l'argent afin de dire des messes pour les défunts. Mais, alors qu'il est censé en dire une seule par jour, il reçoit des sommes qui peuvent alimenter plus de 30 messes quotidiennes! Il sera condamné par son évêque pour cette activité frauduleuse.
Malgré cela, la légende du trésor de l'abbé Saunière a perduré !
Oui, parce que sa gouvernante s'est chargée de la relayer. Une trentaine d'années après la disparition du prêtre, elle cède le domaine à un commerçant, Noël Corbu, qui décide d'ouvrir un restaurant sur les lieux, tout en entreprenant lui-même de fouiller le domaine dans tous les sens. Au bout de quinze ans, ruiné et sans le moindre trésor à se mettre sous la dent, le restaurateur se dit qu'il pourrait au moins utiliser cette histoire pour attirer les clients. Un journaliste de La Dépêche du Midi vient lui rendre visite et rédige un article, «L'abbé Saunière, le curé aux milliards». La légende est lancée.
«La plupart des peintres de la Renaissance utilisaient des symboles païens» |
Comment Pierre Plantard en a-t-il eu connaissance ?
Plantard a lu l'article. Tout comme Gérard de Sède, une sorte de poète écrivain trotskiste, et le marquis de Cherisey, un aristocrate fantasque féru de généalogie royaliste. Nos trois personnages se rencontrent, puis décident de forger le mythe de Rennes-le-Château, au milieu des années 1960. Pour donner une légitimité historique à leur histoire, ils déposent eux-mêmes à la Bibliothèque nationale des documents censés prouver l'existence du Prieuré de Sion et le fait que Pierre Plantard est l'ultime descendant de la dynastie mérovingienne. Au début des années 1980, trois auteurs anglo-saxons, Henry Lincoln, Michael Baigent et Richard Leigh, enrichissent le mystère en affirmant dans L'Enigme sacrée que le Prieuré détient un secret: Jésus et Marie Madeleine ont eu une descendance... dont sont issus les rois mérovingiens. L'abbé Saunière aurait découvert dans son église des documents datant des Templiers qui en apporteraient la preuve! Nous avons retrouvé à la Bibliothèque nationale ces fameux «dossiers secrets» dont parle Dan Brown dans sa préface en les présentant comme des «parchemins»: ce sont de vulgaires feuillets dactylographiés! En 1979, le marquis de Cherisey a d'ailleurs avoué qu'il les avait fabriqués lui-même, en s'inspirant d'ouvrages érudits.
Mais pourquoi avoir inventé toute cette histoire?
Pierre Plantard se prenait vraiment pour l'ultime descendant des rois mérovingiens, le Roi perdu, auquel le marquis de Cherisey rêvait depuis des années! Quant à Gérard de Sède, il avait envie de faire un canular.
La liste des dirigeants célèbres du Prieuré que Dan Brown cite dans sa préface - Victor Hugo, Isaac Newton, Léonard de Vinci - est donc totalement farfelue.
Oui, mais ils n'ont pas été choisis au hasard. Tous ont flirté avec l'ésotérisme: Victor Hugo faisait tourner les tables, Isaac Newton pratiquait l'alchimie, Léonard de Vinci s'intéressait aux sociétés secrètes. Mais aucun n'a jamais fait partie du fameux Prieuré... et pour cause! A mes yeux, Rennes-le-Château constitue le plus grand mythe ésotérique de notre époque.
Le romancier y a ajouté un ingrédient épicé: l'Opus Dei. Moines assassins porteurs de cilice, prélats comploteurs, scandales... L'auteur n'y va pas de main morte!
Il y a évidemment une bonne part de fiction: l'œuvre de Dieu n'a jamais été condamnée pour un fait criminel. Mais il est vrai que ce groupe catholique ultra-traditionaliste, fondé par José Maria Escriva de Balaguer en 1928 et fort de 80 000 laïcs, cultive le secret, qu'il est très bien implanté au Vatican, dont il a vraisemblablement contribué à renflouer les caisses, qu'il est assez machiste - seuls les hommes gouvernent - et que certains de ses membres pratiquent la mortification corporelle.
Léonard de Vinci était-il ce peintre hérétique doublé d'un génie de l'ésotérisme que décrit l'ouvrage?
Léonard de Vinci prenait beaucoup de liberté à l'égard de l'Eglise et glissait de nombreux symboles païens dans ses tableaux. Mais la plupart des peintres de la Renaissance, férus d'Antiquité, utilisaient ces symboles, qui étaient connus du public. Les savants et les artistes d'alors se passionnaient pour l'hermétisme, les textes néoplatoniciens et la Kabbale chrétienne. Toute la question est de savoir si Léonard a vraiment peint Marie Madeleine à la place de saint Jean dans son tableau de la Cène. L'apôtre représenté sur la toile a effectivement l'air efféminé, bien qu'il n'ait pas de poitrine, contrairement à ce que dit Dan Brown. Mais rien d'étrange, là non plus: l'immense majorité des tableaux de la Renaissance représente saint Jean sous des traits presque adolescents, les cheveux longs et imberbe - la tradition pense qu'il avait 17 ans lorsqu'il a rencontré Jésus. En outre, Léonard de Vinci étant homosexuel, il a vraisemblablement choisi son petit ami de l'époque pour modèle. Dire que l'apôtre Jean dans la Cène n'est autre que Marie Madeleine me paraît donc absolument fantaisiste.
Venons-en justement à Marie Madeleine: que savons-nous du personnage ?
Les Evangiles nous parlent de plusieurs personnes distinctes: Marie de Magdala, qui fut la première disciple à laquelle Jésus apparut le jour de la Résurrection; Marie de Béthanie, la sœur de Lazare et de Marthe; et enfin une pécheresse anonyme convertie, qui répand du parfum sur les pieds du prophète de Galilée. Progressivement, la pécheresse est devenue une prostituée dans l'imaginaire chrétien, puis les trois figures se sont mélangées, pour n'en faire qu'une seule.
«La place des femmes dans les Evangiles est beaucoup plus grande que celle concédée par l'église» |
L'une de ces trois Marie a-t-elle pu être la compagne du Christ ?
Dan Brown s'appuie sur l'Evangile apocryphe de Philippe, qui a été rédigé au milieu du IIe siècle. Cet Evangile existe bel et bien, mais il appartient à un courant de pensée particulier, le courant gnostique, qui s'est répandu à l'époque dans le bassin méditerranéen, surtout à Alexandrie. Les gnostiques estimaient que le salut provenait de la connaissance, et non de la foi, ce qui leur a valu d'être considérés comme des hérétiques par les Pères de l'Eglise. Ces croyants «iconoclastes», pour lesquels l'âme est bonne et le corps foncièrement mauvais, revalorisaient le féminin. A leurs yeux, la complémentarité entre la femme et l'homme était de même nature que celle qui unit l'être humain à Dieu. Que dit l'Evangile de Philippe? Marie Madeleine était la disciple préférée de Jésus, qui «l'embrassait sur la bouche». Si on lit ce passage à un degré trivial, on en déduit qu'ils étaient amants. Mais si on le lit dans la perspective gnostique, on sait que le baiser symbolise le souffle de l'esprit, la connaissance. Le maître embrasse son disciple pour transmettre le souffle, l'âme spirituelle.
L'idée que Jésus et Marie Madeleine aient eu des enfants - le secret du Saint Graal - serait donc totalement extravagante?
Je dis seulement que la démonstration de Dan Brown en faveur de cette thèse ne tient pas la route. Cependant, aucune preuve historique ne permet d'affirmer que cette idée est fausse.
Le romancier fait également référence aux précieux manuscrits de Qumran, qui contiendraient, selon lui, une part de ce secret. Pourquoi n'ont-ils été traduits qu'un demi-siècle après leur découverte?
Les 850 rouleaux - dont 200 textes bibliques - exhumés à partir de 1946 près de la mer Morte étaient tout simplement en très mauvais état, et l'Ecole biblique de Jérusalem, qui avait été chargée de la traduction, a mis du temps à s'atteler à la tâche. Aujourd'hui, tous les documents ont été déchiffrés, édités par Oxford University Press, et la polémique s'est éteinte. Mais Dan Brown fait mentir l'histoire lorsqu'il présente ces manuscrits de Qumran comme les «premiers textes chrétiens»: en réalité, ces textes sont juifs et aucun ne parle de Jésus. Encore moins de Marie Madeleine.
Peut-on dire, comme le fait Dan Brown, que l'Eglise catholique a, de façon délibérée, gommé le rôle des femmes dans les premiers temps du christianisme?
C'est sur ce point que l'auteur de Da Vinci Code tombe juste. La place des femmes dans les Evangiles est beaucoup plus importante que celle que l'Eglise primitive a bien voulu leur concéder après la mort de Jésus. Les Evangiles décrivent le Christ entouré de disciples du sexe féminin. Et c'est à Marie Madeleine que Jésus apparaît en premier, près du tombeau vide. La jeune femme se jette à ses pieds en disant: «Rabouni!», mot hébreu qui signifie «Maître chéri». Ce diminutif affectueux montre la relation très proche qui existait entre eux. A partir des Actes des Apôtres et des Epîtres de saint Paul, les femmes sortent du cadre. Il s'agit à mon avis d'un pur mécanisme sociologique, un réflexe machiste méditerranéen, que les juifs ont connu, et plus tard les musulmans. Dans des sociétés patriarcales, où la femme ne dirigeait ni églises ni synagogues, il était logique qu'elle ne soit pas non plus mise en valeur dans les textes religieux. Par la suite, sentant que la piété populaire réclamait des figures féminines, l'Eglise a autorisé le culte de la Vierge Marie et de Marie Madeleine. Mais la mère de Jésus est devenue un personnage désexualisé, symbole de pureté absolue, tandis que Marie Madeleine a été assimilée à la prostituée sacrée. Deux archétypes déshumanisés.
Bien loin de ce féminin sacré que Dan Brown remet à l'honneur...
Absolument! N'oublions pas que, durant une longue période antérieure aux civilisations, les divinités étaient féminines. Puis l'homme s'est sédentarisé et a pris conscience de sa fonction déterminante dans la fécondation. A mesure que le patriarcat s'est imposé, le divin s'est masculinisé en Grèce, dans l'Empire romain, chez les juifs, chez les chrétiens. Dan Brown est malhonnête lorsqu'il fait porter au christianisme l'entière responsabilité de ce refoulement du féminin sacré.
Le romancier va plus loin en affirmant que cette religion devrait son succès historique à une vulgaire manœuvre politique ourdie par l'empereur Constantin, au IVe siècle après Jésus-Christ.
Constantin s'est effectivement converti au christianisme sur son lit de mort et il avait déjà fait de cette confession la religion principale de l'Empire romain. Mais c'est Théodose, en 380, qui l'érigera en religion officielle. Surtout, le concile de Nicée, en 325, n'avait pas du tout été convoqué par Constantin pour faire le tri dans les Ecritures et brûler les apocryphes, mais pour répondre à la crise de la doctrine de l'arianisme. Un grand débat théologique divisait alors l'Eglise: Jésus était-il un homme, était-il divin, était-il un homme-Dieu? Dans les Evangiles, le prophète nazaréen se définit tour à tour comme le Fils de Dieu et le Fils de l'Homme. Arius, prêtre d'Alexandrie, affirmait que le Fils, deuxième personne de la Trinité, n'était pas l'égal de Dieu le Père. Un certain nombre d'évêques se sont dressés contre lui, et la querelle a enflé. Constantin, qui avait le souci politique d'éviter les divisions pour unifier son empire sur la base du christianisme, a convoqué le concile de Nicée, afin d'obliger tous les prélats à s'accorder. Il n'y a donc pas eu de complot politique, mais de vifs débats théologiques.
Du coup, Dan Brown n'a pas tort de dire que le dogme de la Trinité a bien résulté d'un vote.
Il aura fallu, c'est vrai, quatre siècles pour parvenir à établir le dogme de la Trinité et de l'incarnation du Christ, puisque c'est le concile de Nicée qui décrète le Christ consubstantiel au Père, et condamne l'arianisme comme hérésie. Mais Dan Brown se trompe lorsqu'il affirme que Constantin a cherché à favoriser le camp des anti-Arius en ordonnant la destruction d'Evangiles apocryphes qui corroboraient la thèse du prêtre. Ce n'est que lors du concile de Carthage, en 397, que l'Eglise a écarté - et non brûlé - ces apocryphes, et retenu les quatre Evangiles que l'on connaît, qui sont d'ailleurs les textes chrétiens les plus anciens avec les lettres de Paul.
Comment expliquez-vous le triomphe planétaire de Da Vinci Code ?
Dan Brown et sa femme ont eu une très bonne idée commerciale: ajouter au thème du secret la thèse du complot - le mensonge de l'Eglise - et croiser le tout avec le féminin sacré, Léonard de Vinci en prime. Mais Da Vinci Code est aussi, à mon sens, un vrai phénomène de société. Il met en lumière des tendances fortes du moment: la passion du public pour Jésus, la crise des institutions - y compris les institutions universitaires, car, pour les fans de Dan Brown, l'histoire officielle est aussi suspecte - et le besoin de plus en plus manifeste de renouer avec le féminin. Ce sont d'ailleurs les cercles féministes américains qui ont d'abord fait le succès du livre. Si Da Vinci Code a eu tant d'écho, surtout auprès des chrétiens déchristianisés, c'est parce qu'il tente de réhabiliter la femme et le sexe dans le christianisme. Pourquoi l'Eglise a-t-elle évacué à ce point le féminin? Pourquoi s'est-elle autant crispée sur la sexualité? De toute évidence, Dan Brown use de démonstrations erronées, mais il pose de bonnes questions.
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Lorsqu'il a peint la Cène, Léonard de Vinci a-t-il représenté Marie-Madeleine à côté de Jésus ?
Article paru sur http://rennes-le-chateau-bs.com/AAudeladudavincicodecene.htm
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Le menu de la Cène décrypté par quatre théologiens
ARTICLE PARU SUR geeklemag.com
Sans épouser les nombreuses hypothèses de l’auteur du Da Vinci Code, un quatuor de chercheurs s’accordent à dire que de nombreux signes cachés se sont glissés dans le fameux tableau de Léonard de Vinci. Cette fresque de 4,60m pour 8,80m de large, peinte entre 1494 et 1498, représentant le dernier repas de Jésus, annonce notamment la trahison d’un des convives… Mais la nourriture représentée dans La Cène ne correspond pas aux descriptions sommaires des évangélistes qui ont rapporté le dernier repas de Jésus et de ses apôtres, le génie de la Renaissance s’étant livré à un jeu symbolique, ayant pris soin de brouiller les pistes. Ce n’est pas la première fois que la fameuse Cenacolo de Léonard de Vinci fait l’objet d’une étude depuis plusieurs siècles, mais rarement les aliments du repas avaient été étudiés jusque là avec autant d’attention. C’est suite à une émission culinaire de Radio Canada, L’Épicerie, qu’une équipe de théologiens s’est lancée dans cette curieuse et très sérieuse étude. Olivier Bauer, Nancy Labonté, Sébastien Filion et Jonas Saint‐Martin -quatre chercheurs de la Faculté de théologie et de sciences des religions de l’Université de Montréal- avaient constaté combien les personnages avaient été observés et le langage de leurs corps interprétés, mais la plupart du temps les aliments de la Cène étaient délaissés, si ce n’est pour la taille du pain !
Du pain, du vin…
Dix miches de pain, huit agrumes (mandarines, pomme, grenade, figues…), des poissons, “peut-être des harengs fumés”, “des sushis”, du vin… et un plat non identifié mystérieux, dont on ne sait vraiment s’il contient de la nourriture… Si le choix des aliments et leurs emplacements par Léonard de Vinci ont récemment été la source d’hypothèses post Da Vinci Code (la recette du repas préparé par Marie-Madeleine serait parvenue jusqu’à de Vinci au fil des générations), les quatre chercheurs ne l’entendent pas ainsi, n’en déplaise à Dan Brown. Ce bon vieux Léonard aurait choisi à la fois les aliments par convention de l’époque, parce qu’ils représentent le dernier repas, mais aussi pour d’autres valeurs symboliques. Ainsi, Léonard respecte à la fois les récits bibliques avec la présence de pain et du vin, mais tente aussi de “rejudaïser” cet épisode avec des aliments du Seder (le repas de Pâques dans la religion hébraïque).
Menu indigeste
Le pain symbolise notre passage sur Terre, le poisson renvoie aux pêches miraculeuses, le ving au sang du Christ, et le sel au “sel de la terre”. Et, en renversant la salière, il est convenu habituellement d’avancer que Judas met symboliquement fin à son alliance avec Jésus. Mais nos chercheurs canadiens y voient peut-être davantagele signe de sa malchance, renvoyant son rôle de traître à un triste sort. La salière renversée, synonyme de malheur, servirait alors à innocenter Judas ou du moins à le déculpabiliser.
La façon dont ces aliments sont cuisinés se veut également chargée de sens, signifiant l’ordre et la culture, tout comme la vaisselle veut nous dire quelque chose !L’assiette vide au centre, au centre du triangle formé par les bras de Jésus, désigne le “véritable agneau du sacrifice”, Jésus lui-même. En prenant du recul, la Cène elle-même serait également un moyen pour de Vinci de se moquer du carême, vu comme un jeu des riches à se faire passer pour pauvres. L’idée de la tromperie du repas, à divers niveaux, revient sans cesse : Jésus cachant aux apôtres qu’il s’agit de son dernier repas, alors que ses derniers le tromperont quelques jours plus tard, le laissant seul lors de la crucifixion, et un Dieu suprême qui trompe tout le monde, en ressuscitant Jésus trois jours plus tard !
Maître du sfumato et des codes secrets, Léonard de Vinci prouve une nouvelle fois son véritable rôle d’agent double, ou triple, jouant de son pinceau avec les niveaux de lecture, travaillant à la fois pour l’église comme il en profite pour en détourner le message avec génie.
D.B.
Faculté de théologie et de sciences des religions de l’Université de Montréal www.ftsr.umontreal.ca
Un papyrus copte évoque un Jésus marié
Émeline Ferard, publiée le 19 septembre 2012 sur Maxisciences.com
Les papyrus des premiers chrétiens révèlent régulièrement les nombreuses différences qui agitaient les églises des premiers siècles. Révélé par une professeur de Harvard, un fragment de manuscrit copte du IVe siècle évoque l'existence d'une femme de Jésus.
Huit lignes. Si l'histoire a bien un pouvoir, c'est de faire réagir vivement le monde avec si peu de texte. Karen King de la Harvard Divinity School a révélé mardi, lors d'une conférence à Rome, l'existence d'un fragment de papyrus qui contient la phrase "et Jésus leur a dit : ma femme...". Ce morceau de texte pas plus grand qu'une carte de crédit date du IVe siècle.
On ne sait hélas pas exactement d'où il provient, mais comme il est écrit dans la langue copte, celle des premiers Chrétiens d’Égypte, on suppose qu'il a été rédigé dans ce pays. C'est un collectionneur qui l'a transmis aux chercheurs sans en savoir plus. Comme le papyrus est couvert d'écriture sur son recto et son verso, il ne s'agirait pas d'un morceau de parchemin que l'on déroule, mais bien d'un fragment de codex, un livre ancien.
De nombreux courants chrétiens
"La tradition chrétienne a longtemps considéré que Jésus n'était pas marié, même s'il n'existe pas de preuves historiques fiables pour le confirmer, explique Karen King. Ce nouvel évangile ne nous dit pas que Jésus était marié, mais nous indique que la question faisait parti de forts débats sur la sexualité et le mariage. Dès les tous débuts, les Chrétiens étaient en désaccord sur s'il fallait ou non se marier, mais ce n'est que plus d'un siècle après la mort de Jésus qu'ils ont commencé à invoquer son statut marital pour soutenir leurs positions."
En matière de textes chrétiens antiques il faut tout de même bien garder à l'esprit que, comme pour toutes les religions, de très nombreux courants différents ont existé au fil des âges. Certains existent toujours dans le giron des églises catholiques d'Orient, comme les chaldéens, d'autres ont été déclarés hérétiques comme le nestorianisme et l'arianisme. Leurs divergences provenaient généralement de différences liturgiques, difficiles à éviter dans un monde antique sans communication de masse et en absence d'instructions claires dans la Bible, et sur la nature du Christ.
Jésus purement divin ou purement humain, Jésus dans lequel cohabitaient deux entités différentes... Les interprétations étaient variées et la version "officielle" était tranchée lors des nombreux conciles qui ont rythmé l'histoire du christianisme.
Et aussi de nombreux évangiles
Les évangiles étaient également très nombreux. Les églises catholiques, orthodoxes et protestantes n'en reconnaissent aujourd’hui que quatre: ceux de Matthieu, Jean, Marc et Luc. On parle d'évangiles canoniques par opposition aux évangiles apocryphes, non reconnus et souvent totalement inusités de nos jours. Leur nombre varie selon les estimations et leur authenticité, mais on peut en compter jusqu'à une bonne vingtaine.
L'officialisation de la découverte d'un évangile selon Judas en 2006 avait par exemple fait couler beaucoup d'encre. Si ces textes peuvent nous fournir de précieux renseignements sur des communautés chrétiennes éteintes, ils ne livrent pas pour autant des révélations bouleversantes à même de faire trembler les églises.
Jésus était marié selon un vieux papyrus
Mis à jour le 19.09.12 sur 20MINUTES.FR
Un morceau jusqu'ici inconnu d'un papyrus écrit en ancien copte pourrait relancer un vieux débat au sein de la chrétienté: Jésus était-il marié? «Et Jésus leur a dit, ma femme...» dit la phrase découverte par Karen King, professeur à la Harvard Divinity School à Cambridge dans le Massachusetts, sur ce fragment d'évangile du IVe siècle de la taille d'une carte de crédit.
«La tradition chrétienne a longtemps considéré que Jésus n'était pas marié, même si aucun élément historique n'existe pour étayer ce fait», a déclaré la chercheuse dans un communiqué publié par Harvard. «Ce nouvel évangile ne prouve pas que Jésus était marié mais il nous dit que l'ensemble de la question était soulevé dans le cadre de débats enflammés sur sa sexualité et sur son mariage.»
Le document demande encore à être authentifié. Le fragment appartient à un collectionneur privé qui a contacté King afin qu'elle l'aide à le traduire et l'analyser. Il aurait été découvert en Egypte ou peut-être en Syrie. Selon Karen King, c'est vers 200 après JC que l'on a commencé à affirmer, via le théologien Clément d'Alexandrie, que Jésus n'était pas marié. «Ce fragment suggère que d'autres chrétiens de la période affirmaient qu'il était marié», a déclaré la chercheuse. L'analyse du document sera publiée dans la révue théologique d'Harvard en janvier 2013.
Avec Reuters
Jésus était-il marié ? Article paru sur france24.com
Une étude scientifique pourrait chambouler l'histoire du christianisme : la découverte d'un papyrus datant du IVe siècle montre, selon une chercheuse, que les premiers chrétiens pensaient que Jésus-Christ était marié.
Par Amara MAKHOUL-YATIM (texte)
Jésus était-il marié ? Une découverte récente vient relancer ce vieux débat au sein du monde chrétien. Sur un morceau de papyrus pas plus gros qu’une carte de crédit, une phrase en ancien copte a attiré l’attention de Karen King, historienne et professeure à la Harvard Divinity School à Cambridge dans le Massachusetts aux Etats-Unis. Sur le papyrus, on peut ainsi lire : "Et Jésus leur a dit : 'Ma femme…'", suivi un peu plus bas d'une autre citation du Christ : "Elle sera capable d'être ma disciple".
Il s’agirait vraisemblablement d’un fragment d’évangile datant du IVe siècle, selon les historiens qui ont déjà pu l’examiner. Il appartient à un collectionneur privé qui a contacté Karen King afin de l’aider à le traduire et à l’analyser. Il aurait été découvert en Égypte ou en Syrie.
"Ce nouvel évangile ne prouve pas que Jésus était marié ", insiste toutefois l’historienne américaine. Selon elle, ce document témoigne avant tout du fait que le débat sur la sexualité et le mariage de Jésus faisait déjà rage à l’époque des premiers chrétiens.
Au-delà du statut marital de Jésus, le fragment découvert s’inscrit dans le cadre d’un débat plus large sur le mariage et le célibat, mais également sur la place des femmes dans la religion chrétienne - aucune femme ne figurant au nombre des disciples de Jésus. "Dès le début du christianisme, les chrétiens se sont opposés sur le fait de savoir s'il était préférable ou non d’être marié. Et bien après la mort de Jésus, ils ont commencé à se référer à la position maritale de Jésus pour soutenir leur position", a ainsi expliqué Karen King lors du 10e Congrès international des études coptes qui se tient du 17 au 22 septembre à Rome.
"La tradition chrétienne a ainsi longtemps considéré que Jésus n'était pas marié, même si aucun élément historique n'existe pour étayer ce fait ", s’étonne la chercheuse. Au fil de ses recherches, elle découvre que ce n’est que vers 200 après Jésus-Christ qu’on commence à affirmer que Jésus n’était pas marié
Le mystère de la vie humaine du Christ
Odon Vallet, historien des religions, invite à aborder la question avec "la plus grande prudence". Tout d’abord en raison de la langue d’origine de l’écrit retrouvé, le copte ancien. "Une langue très spéciale et difficile à traduire", explique-t-il à FRANCE 24. Pour lui, la question du mariage de Jésus est un débat récurrent en tous points comparable à celui portant sur l’existence de frères et sœurs de Jésus. "Selon les traductions, il s’agit soit de frères, soit de cousins", explique-t-il. Aussi, il rappelle que dans les évangiles Jésus s’adresse à plusieurs reprises à Marie, sa mère, en l’appelant "femme". "Femme, que me veux tu ?", demande en effet Jésus-Christ à sa mère dans le célèbre récit des noces de Canaa. "Il suffit de rajouter un petit article et le sens change complètement", fait-il remarquer. Et de conclure, fataliste : "On peut fantasmer mais on ne saura jamais... Que ce soit pour le mariage ou pour les frères du Christ".
Il y a en effet autant d’arguments pour que contre. Alors qu’on peut dire que la quasi-totalité des hommes à l’époque de Jésus étaient mariés, il est vrai aussi qu’il y avait des célibataires vivant comme des moines du désert, à l’image de Jean-Baptiste, le cousin de Jésus. "Ils portaient des peaux de chameaux et prophétisaient les foules", rappelle Odon Vallet.
Christian Terras, théologien et rédacteur en chef de la revue "Golias", relativise également la portée de ce document. "S’il date effectivement du IVe siècle, il est possible qu’il provienne d’un évangile apocryphe, or ces textes regorgent de ce genre de chose, que ce soit sur la femme de Jésus ou sur ses frères et sœurs. Ce ne serait donc pas vraiment nouveau", explique-t-il.
Après avoir examiné en profondeur le fragment de manuscrit, Karen King et ses collègues en ont conclu qu’il était authentique. Mais il doit néanmoins subir d’autres examens, et notamment des tests sur la composition de l’encre. Les résultats de cette analyse doivent être publiés dans la revue théologique d’Harvard en janvier 2013.