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  • DOSSIER SUR LES SONDAGES POLITIQUES

    DOSSIER SUR LES SONDAGES

    Comment manipuler des élections

    A VOIX AUTRE, vendredi 16 juin 2006.

     
    Un sociologue analyse ici très clairement les effets des sondages sur les élections. Entre « prophéties autoréalisées » et « autonégations », il apparaît que le changement de société par le vote n’est pas vraiment pour demain. Spéciale dédicace à ceux qui y croient encore...

    Ces derniers temps, la sociologie scrute attentivement les sondages électoraux. Pour le grand public, les sondages se trompent dans leurs prédictions, mais un regard plus attentif révèle que ce n’est peut être pas le cas. Les sondages, même s’ils émettent des prédictions justes, produisent dans la société qui les consomme des « autoréalisations » et des « autonégations » qui font varier le résultat final des élections. Les partis politiques se sont tournés vers ces outils, qui convenablement utilisés peuvent faire gagner ou perdre des élections. Il s’agit alors de se demander : « sommes nous autant manipulables que cela ? ».

    Il existe en sociologie une théorie appelée de l’ « autoréalisation » qui affirme que si une prophétie erronée est rendue publique et est considérée comme vraie par les membres de cette société, alors cette prophétie se réalisera. Par exemple, imaginez un scénario économique où tout indique que la croissance va se maintenir ; au même moment, le ministre de l’Economie émet une fausse annonce indiquant qu’il perçoit des signes de ralentissement de la croissance et d’une probable crise. Ce qui évidemment faux, mais provient d’une source crédible socialement. A partir de l’annonce publique du message, il se peut que, par précaution, celui qui allait investir dans une nouvelle affaire ne le fasse pas et celui qui allait faire un achat important se retienne. Comme conséquence du ralentissement des investissements et de la consommation, surgit la crise. La prophétie était fausse, mais elle s’est autoréalisée.

    La politique n’échappe pas à ce phénomène et essaye même d’en profiter. La fameuse phrase « L’Espagne va bien » de l’ex-président Aznar a été un exemple très clair d’autoréalisation provoquée intentionnellement qui a porté ses fruits pour le PP (Parti Populaire) (centre-droit très conservatrice, ndt) dans les élections de l’an 2000, qu’il a gagné avec majorité absolue.

    Le vote indécis

    Ces derniers temps, dans les démocraties dites occidentales, les électeurs se divisent en deux grands groupes : ceux qui ont un vote décidé, invariable et ne s’abstiennent presque jamais, et ceux, appelés « indécis », qui votent de manière variable. La structure du système électoral, rajouté à diverses circonstances politiques fait que la majorité du groupe social des électeurs décidés se divise en deux grands partis de centre-gauche et centre-droit, ceux-ci étant les seuls qui ont des chances de prendre le pouvoir. Mais leur victoire dépend d’un autre groupe social : les indécis. Connaissant les théories de l’autoréalisation, il n’est pas surprenant de constater que la plupart des études sociologiques ont révélé que ce vote, indécis jusqu’à la dernière minute, va finalement au parti qui a le plus de chances de gagner. Ce qui est, exception faite des désastres et des crises, le parti au pouvoir. A la condition que la vie de l’indécis soit relativement tranquille, son vote, s’il vote, ira presque toujours au gouvernement. C’est la raison pour laquelle il est si difficile de déloger un parti au pouvoir, sauf en cas de disparition dudit parti (UCD en 1982), crise économique et institutionnelle (PSOE en 1996) ou guerre et désastre écologique (PP en 2004). Et même dans ces cas là, l’électeur indécis préfère l’abstention à l’opposition.

    Les prédictions s’autoréalisent et la présomption de victoire produit la victoire. Pour cette raison, chaque groupe médiatique ou politique gonfle les sondages en sa faveur. Ou du moins cela devrait être comme ça.

    Tel est pris qui croyait prendre

    Mais ce n’est pas aussi simple car il existe aussi un phénomène appelé « autonégation ». En 1993, tout indiquait que le PP gagnerait les élections face au PSOE (centre-gauche, ndt). Pour provoquer une autoréalisation, les médias favorables au PP ont publié des sondages donnant le PP gagnant, avec même la possibilité d’une majorité absolue. Cette possibilité de majorité absolue a produit une autonégation. Beaucoup d’électeurs socialistes qui allaient d’abstenir ont finalement décidé d’aller voter PSOE, et de nombreux indécis qui allaient voter PP ont changé d’avis et se sont abstenus parce que s’ils désiraient une victoire du PP, ils ne voulaient pas de majorité absolue. Au lieu de s’autoréaliser, la prophétie s’est autoniée et le PSOE a gagné les élections.

    Sans aller si loin, en 2004, les sondages donnaient le PP gagnant. Néanmoins, les attentats du 11 mars et leur relation pour l’opinion publique avec la participation à la guerre contre l’Irak ont provoqué chez les indécis un vote en faveur du changement de gouvernement. Probablement, si les sondages antérieurs aux attentats avaient donné gagnant le PSOE, leur vote se serait divisé entre d’autres possibilités comme le vote blanc, le soutien à des petits partis ou même le soutien moral au gouvernement après les attentats. Mais la victoire prédite du PP s’est autoniée d’elle-même.

    Proclamer sa propre victoire est donc nécessaire, mais risqué. Les deux grands partis politiques de n’importe quelle démocratie occidentale se battent pour les votes centristes (ce qui est la forme politiquement correcte pour nommer les indécis). Dans leur quête du centre, ils lisent les sondages, cherchent des formes d’autoréaliser des résultats favorables, et lancent des messages simples, peu risqués par peur de l’autonégation. Petit à petit, les sondages, leurs autoréalisations et leurs autonégations occupent la bibliothèque et prennent la place des idéologies et des projets.

    [Rafael Conde] est sociologue. Diagonal, juin 2006.

    Diagonal est un journal espagnol d’actualité critique.

    http://www.diagonalperiodico.net/

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    Traduit de l’espagnol par Avoixautre.be, juin 2006. 

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    AGORA VOX – AUTEUR : VOLTAIRE 
      mardi 3 avril 2007

    Les indécis, clé du scrutin présidentiel

    Cette élection se caractérise par une situation paradoxale. Le pourcentage d’électeurs encore indécis demeure proche de 30% à moins de trois semaines du premier tour. Dans le même temps, un nombre de Français très important (80% d’après certaines études) indiquent leur intention d’aller voter le 22 avril. Cette campagne électorale est devenue l’un des sujets majeurs de discussion dans la population, et rarement journaux et programmes audiovisuels n’ont eu un tel succès avec leurs sujets sur cette élection. Plusieurs raisons peuvent expliquer cette situation, et les éléments qui emporteront la décision chez ces indécis, qui détiennent dans leur vote le résultat final, sont complexes.

    Nouveaux électeurs

    L’une des raisons qui peut être à l’origine de ce fort pourcentage d’indécis est lié à l’évolution même du corps électoral. Un nombre important de Français s’est inscrit pour la première fois sur les listes électorales (certaines communes ont ainsi enregistré des augmentations d’inscription de 20 à 30% par rapport à 2002), et manifeste l’intention de participer à l’élection. Par nature moins politisée, moins habituellement curieuse du débat politique, cette population est donc logiquement plus indécise. Ce souffle démocratique salutaire, ce renouveau d’intérêt pour la politique est un élément très positif, mais il entraîne une difficulté plus importante à anticiper le résultat final. Ces nouveaux électeurs sont en effet exigeants sur les programmes des candidats mais encore peu informés sur les différents projets de société proposés. Ils ne s'inscrivent généralement pas sur un clivage classique droite-gauche qu'ils considèrent dépassés et prendront donc probablement leur décision au dernier moment, en fonction de l'ensemble des éléments qu'ils auront pris en compte, plutôt que de se déterminer sur une base partisane.

    Electeurs non sondés

    Une autre raison, technique celle-là, de l’incertitude actuelle, est liée à la quantité croissante d’électeurs non sondés, car dépourvus de téléphone fixe, parmi lesquels de nombreux jeunes. Ces jeunes ont aussi été nombreux à s’inscrire sur les listes électorales, et on peut penser qu’ils seront plus nombreux qu’en 2002 à voter. Leur choix est aussi, de par leur moindre expérience politique, plus lié, sinon à l’instinctif, du moins à l’affectif, même si l’on sait qu’il se porte en général moins sur les extrêmes et plutôt à gauche. Néanmoins, certaines études ont aussi montré l’intérêt du vote Bayrou auprès d’un pourcentage non négligeable de jeunes, qui se retrouvent dans sa volonté de dépasser le clivage droite-gauche.

    Trois vraies options

    Enfin, la dernière raison est sans doute plus fondamentale : elle réside dans un choix plus ouvert que lors des élections précédentes. Alors que le clivage droite-gauche, qu’une grande majorité de Français rejettent, était encore l’option prédominante du choix proposé en 2002, et que les candidats principaux eux-mêmes s’inscrivaient dans la continuité des années précédentes (ce qui a pu expliquer la déperdition des voies vers les « petits candidats »), l’élection de 2007 offre à la fois des personnalités plus en phase avec leur époque et trois vraies options politiques différentes en plus des candidats « protestataires » ou « d’idées ».

    Le choix final

    Ceci nous amène à regarder les différents éléments susceptibles d’influencer la décision finale de ces électeurs indécis.

    Traditionnellement, le choix des électeurs se détermine en fonction de trois grands critères :

    - un vote de soutien à une idée, à un thème. Ce vote est plutôt lié aux choix pour les « petits » candidats, comme le vote écologiste, mais aussi altermondialiste par exemple.

    - un vote protestataire, contre le « système » (typiquement le vote en faveur de Jean-Marie Le Pen, mais aussi, de façon moindre, le vote Bayrou cette fois-ci) ou contre un système libéral qui laisse certaines catégories sur le carreau (vote extrême gauche), voire contre l’immigration ou les musulmans (vote de Villiers ou Le Pen).

    - Plus classiquement, un vote d’adhésion à l’un des deux modèles traditionnels de société, de gauche (Parti socialiste) ou de droite (UMP ou UDF pour les élections précédentes, pour les modérés pro-européens).

    Mais ce triptyque classique n’est sans doute plus de mise pour de nombreux électeurs indécis en raison de plusieurs facteurs :

    - le souvenir du 21 avril 2002, et l’absence de choix véritable au second tour, qui a laissé des traces dans l’électorat ;

    - la présence d’un candidat qui souhaite dépasser l’opposition traditionnelle entre droite et gauche au profit d’un gouvernement de rassemblement plus large ;

    - la personnalité même de certains candidats, qui suscite de fortes réactions, positives ou négatives.

    Les indécis de 2007 choisiront ...

    Jean-Marie Le Pen étant sans doute le candidat dont le socle électoral est le plus déterminé, il est peu probable qu’il constitue une option pour de nombreux indécis. De la même façon, cette élection semble peu favorable aux « petits candidats », qui, peut-être en raison du souvenir du 21 avril 2002, ne paraissent pas pouvoir capter une part importante des indécis.

    Il est donc assez probable que ces derniers se détermineront, dans leur grande majorité, en fonction d’un choix assez simple :

    - Voter en faveur de l’un des deux candidats des partis traditionnels, PS ou UMP. Ce choix a l’avantage d’une assez grande visibilité quant au gouvernement et au projet de société qui seraient mis en place.

    Ou

    - Risquer le vote en faveur de la proposition nouvelle défendue par le président de l’UDF, mettant en place un gouvernement de rassemblement. Si ce choix correspond bien au souhait d’une majorité, il comporte en revanche une incertitude sur sa réalisation, puisqu’il n’a plus été mis en œuvre en France depuis longtemps (contrairement à de nombreux pays européens).

    ... Ségolène Royal ?

    Le vote pour Ségolène Royal comporte plusieurs atouts. Un projet d’inspiration socialiste traditionnelle dans lequel la candidate a inséré un certain nombre de spécificités personnelles, et le fait d’élire une femme à la magistrature suprême, élection qui n’est pas sans attrait pour de nombreux(ses) Français(es) et serait le signe d’une incontestable modernité. En revanche, cette candidature se heurte à deux écueils : la personnalité de Mme Royal, jugée parfois un peu « tendre » et inconstante, voire populiste, et un programme constitué d’une liste de promesses que beaucoup jugent irréalistes.

    ... Nicolas Sarkozy ?

    De la même façon, le vote en faveur de Nicolas Sarkozy possède pour attrait : celui d’élire une personnalité à l’image dynamique, qui promeut le travail comme vertu principale, et détient une composante sécuritaire appréciée par de nombreux Français. Néanmoins, mis à part certains aspects de son programme qui peuvent apparaître comme privilégiant les catégories déjà les plus aisées, le personnage et sa méthode de travail suscitent aussi des réactions assez vives, qui sont perçues comme susceptibles d’entraîner des conflits sociaux à répétition et des affrontements entre diverses catégories de la population.

    ... ou François Bayrou ?

    De façon opposée, ni le programme ni la personnalité de François Bayrou ne posent problème pour la majorité de ces indécis. Ils sont en effet généralement considérés comme consensuels et réalistes, tout en apportant une touche d’éléments réformateurs nécessaires. Là où le bât blesse, c’est bien dans la faisabilité d’un projet novateur, séduisant mais non testé, de gouvernement rassemblant un spectre large de personnalités politiques. Si les expériences allemande, néerlandaise, voire italienne (puisque le centre droit semble maintenant prêt à rejoindre la coalition de centre gauche dans ce pays) paraissent être couronnées de succès, ces exemples, peu connus des Français, se déroulent aussi dans des systèmes politiques différents. Le vote en faveur de François Bayrou consisterait donc, pour nombre d’indécis, en un pari sur l’avenir, à moins qu’il ne soit aussi un choix par défaut, de rejet des deux autres. Si les enquêtes d’opinion continuent en effet de suggérer, en dépit de la prudence qu’il faut accorder à ces sondages, que François Bayrou est le seul à pouvoir l’emporter au second tour face à Nicolas Sarkozy, ce dernier argument pourrait finalement s’avérer décisif dans l’isoloir.

    Quel que soit leur choix final, il y a donc fort à parier que ce sont bien ces indécis qui détermineront le résultat de l’élection le 22 avril, et d’une certaine façon, le type de société dans laquelle nous vivrons au cours des dix prochaines années. Selon toute probabilité, ce choix se cristallisera tardivement, voire même au dernier moment, ce qui devrait relativiser les interprétations abusives des faibles variations observées dans les sondages d’opinion.

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    Vincent Tiberj, SUR www.decisio.info, le 28/02/2006

     

     

      Vote des indécis : Le casse-tête des stratèges politiques ?

    Ils sont de plus en plus nombreux à chaque élection, les instituts de sondage peinent à les cerner et les stratèges politiques s’échinent à les séduire... Qui sont donc les indécis, population mystérieuse et désormais incontournable de notre vie politique ? Et comment se décident-ils au moment de voter ?

    L’analyse de Vincent Tiberj, chercheur au Centre d’étude de la vie politique française (Cevipof).

    L’indécision est-elle un phénomène récent dans notre démocratie ?

    L’électorat a beaucoup changé au cours des deux dernières décennies. Jusque dans les années 70-80, on observait de grandes fidélités aux partis politiques. On parlait encore de « vote de classe », et les partis, profondément ancrés dans la société, animaient l’électorat au quotidien...

    Cette époque est désormais révolue. L’effritement des attachements de long terme (quels qu’ils soient) est une première raison. L’accès à l’information politique en est une autre : auparavant transmise par les partis, elle est aujourd’hui directement accessible via les médias - et compréhensible par le plus grand nombre, grâce à l’explosion du nombre de diplômes scolaires et universitaires. Enfin, les valeurs ont changé, avec une remise en cause des autorités constituées - donc une plus grande circonspection à l’égard des partis politiques.

    Peut-on mesurer la population des indécis ?

    Difficilement, car le champ d’études reste récent. Certaines enquêtes permettent toutefois d’en prendre la mesure. Aux Etats-Unis, par exemple, on estime à 30 % la proportion d’indécis pour l’élection présidentielle. Un chiffre qui a triplé en trente ans ! Rappelons cependant une spécificité américaine : ce pourcentage est calculé sur la base de la population en âge de voter, et non des citoyens américains. Il inclut donc les personnes ne disposant pas de ce droit. En France, 14% des électeurs disent s’être décidés au dernier moment lors du premier tour de l’élection présidentielle en 2002 (sondage Louis Harris).

    Existe-t-il une typologie des indécis ?

    On peut en distinguer trois types. L’indécis dominé, tout d’abord, qui ne maîtrise pas les enjeux de l’élection et finit souvent par s’abstenir. A l’inverse, l’indécis stratégique, bien informé, attend sciemment le dernier moment pour choisir - en fonction des derniers sondages, par exemple. Enfin, l’indécis normatif hésite entre plusieurs programmes : tout dépend de sa grille de lecture, de l’enjeu sur lequel il se prononce. Par exemple, il est d’accord avec la droite sur la sécurité, et avec la gauche sur les questions économiques.

    Qu’est-ce qui décide un indécis à voter ?

    Le premier déterminant, c’est l’intérêt pour la question posée. Certains électeurs ne se mobilisent que pour les questions nationales, d’autres pour les scrutins locaux. D’autres encore ne se déplacent que pour les élections tendues, où leur vote - pensent-ils ! - peut influer sur le résultat.

    Ensuite vient la conscience d’un « devoir de voter ». C’est ce que l’on appelle le « paradoxe de l’électeur », car dans un modèle de pure rationalité décisionnelle, il est rare qu’une voix ait en soi un impact sur le résultat...

    Lorsqu’ils décident de voter, comment ces indécis orientent-ils leur choix ?

    La logique d’influence, typiquement française, ou celle de protestation, progressent fortement au détriment du vote d’adhésion. Déjà perceptible en 1995, le vote d’influence a été très fort en 2002. Songez que 43 % des sympathisants socialistes n’ont pas voté Jospin ! Ils avaient l’intention de le faire au 2e tour, mais ont préféré jouer l’influence lors du premier, avec l’idée de faire passer un message aux candidats, en votant pour ceux situés plus à gauche sur l’échiquier politique (A. Laguiller et O. Besancenot).

    Au final, à qui profite le vote des indécis ?

    Les mouvements d’un camp à l’autre (entre la gauche et la droite) restent faibles - de l’ordre de 5 %. Un chiffre suffisant néanmoins pour faire basculer une élection, mais qui relativise les discours sur la volatilité de l’électorat.

    De plus, les études les plus récentes mettent en lumière un phénomène nouveau : la multi-appartenance partisane. De nombreux électeurs se déclarent désormais proches de plusieurs partis à la fois (souvent du même camp), et procèdent souvent par élimination pour leur choix final.

    Quelles stratégies les partis mettent-ils en œuvre face à la montée de ce phénomène ?

    La tentation d’orienter les discours politiques dans le but d’emporter le vote des indécis est assez forte. C’est ce qui a perdu Jospin en 2002, ou Gore en 2000 aux Etats-Unis : à trop vouloir séduire le centre, ils se sont coupés de leur base. Or, il n’y a pas vraiment « d’indécis du centre », mais plutôt des électeurs qui se sentent à droite sur certaines questions, et à gauche sur d’autres...

    Il est donc fondamental de bien définir les enjeux d’une élection et de se positionner sur chacun. De fait, les partis politiques l’ont déjà compris lorsqu’ils se déterminent sur des questions où ils pensent avoir un avantage électoral, et tentent de focaliser la campagne sur celles-ci. En 2002, c’est en plaçant très haut l’enjeu de la sécurité que la droite a pris l’avantage. Et le « Non » l’a emporté au dernier référendum parce que les enjeux sociaux ont dominé les enjeux institutionnels.

    Qu’en est-il dans les pays voisins ?

    Les situations varient selon les organisations institutionnelles. Une élection à un tour, comme en Grande Bretagne, limite l’indécision et contraint au choix. En Allemagne, les élections au Bundestag sont relativement « encadrées », le premier vote se faisant au scrutin majoritaire, et le deuxième à la proportionnelle. Le système français, de par la diversité de l’offre politique et le vote à deux tours, favorise au contraire ce phénomène de l’indécision.

     

     

    www.quelcandidat.com

    Résultats du sondage               Votes du premier tour

    Nombre de votes : 19673

    François Bayrou

    27.1%

    5341

    Ségolène Royal

    24.6%

    4831

    Nicolas Sarkozy

    21.6%

    4244  

    Olivier Besancenot

    7.7%

    1505

    Jean-Marie Le Pen

    6.1%

    1197

    José Bové

    3%

    585

    Marie-George Buffet

    2.8%

    555

    Dominique Voynet

    2.5%

    485

    Frédéric Nihous

    1.8%

    350

    Philippe de Villiers

    1.7%

    326

    Arlette Laguiller

    0.8%

    150

    Gérard Schivardi

    0.5%

    104

    Premier vote  : 08-04-2007 21:05       Dernier vote  : 14-04-2007 21:18